Vendée
« Il faut démystifier les tribunaux de commerce »
Interview Vendée # Juridique

Bernard Pontreau président du tribunal de commerce de La Roche-sur-Yon « Il faut démystifier les tribunaux de commerce »

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Le président du tribunal de commerce de La Roche-sur-Yon, Bernard Pontreau, a « deux chevaux de bataille : la prévention et l'état psychologique des chefs d'entreprises ». Il incite les entrepreneurs à consulter ses services avant que le pire n'arrive. Le tribunal de commerce de Vendée enregistre de bonnes statistiques sur les défaillances.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Le Journal des Entreprises : Vous dirigez depuis janvier dernier le tribunal de commerce de La Roche-sur-Yon, quelles sont vos priorités ?

Bernard Pontreau : « J'ai deux chevaux de bataille : la prévention et l'état psychologique des chefs d'entreprises. Sur le volet de la prévention, je suis convaincu que plus on prend les problèmes tôt, plus on sauve des emplois et des chefs d'entreprises. Il faut démythifier les tribunaux de commerce. Certes ce sont des tribunaux, on y rend des jugements, certains sont mauvais, mais il ne faut pas qu'ils occultent les bons jugements rendus. »

Que faites-vous pour démythifier le tribunal de La Roche-sur-Yon ?

B.P. : « La porte de mon bureau est toujours ouverte aux chefs d'entreprises. Je suis facilement disponible pour un rendez-vous dont le contenu restera strictement confidentiel. Face aux difficultés des dirigeants, nous avons des outils. Depuis ma prise de fonction le 13 janvier, j'ai eu une centaine de rendez-vous de ce type. C'est clairement ma priorité. Je reçois aussi des groupes des associations territoriales de dirigeants pour leur présenter les services et les personnes. Nous espérons un effet boule de neige après ces visites auprès des autres membres. »

Quels sont les moyens dont vous disposez ?

B.P. : « Ce que redoutent avant tout les dirigeants, c'est la mention sur le Kbis d'une procédure judiciaire (sauvegarde, redressement, liquidation). Avant d'en arriver là, on peut avoir recours au mandat ad hoc ou à la conciliation. J'ai rencontré récemment un dirigeant, après avoir examiné ses dépôts de comptes. Il avait l'impression d'être au bord du gouffre. Je lui ai parlé de la sauvegarde. Du seul fait de l'avoir rassuré et d'avoir évoqué cette mesure, il n'avait plus l'impression d'être acculé. C'est une vraie satisfaction. Cela rejoint l'aspect psychologique que j'évoquais. Quand le dirigeant se sent bien, il travaille mieux et ses affaires vont mieux. Quand je convoque certains et qu'ils ne viennent pas... là on ne peut rien faire. »

Comment détecter au plus tôt que ça ne va pas dans l'entreprise ?

B.P. : « Il faut examiner son tableau de bord. A la première alerte, si vous n'arrivez pas à couvrir vos charges ou si un client ne vous a pas payé, il faut prendre rendez-vous avec le président du tribunal. Je recommande de venir avec son conseil (comptable ou avocat). Il ne faut pas se cacher ou espérer que ne pas régler l'Urssaf ou la TVA un mois vont arranger les choses et ne pas se voir... La vraie question à poser au dirigeant en difficulté est : "Qu'est-ce qui va faire que mon entreprise va aller mieux une fois les mesure de protection mises en place ?". Et là, c'est au dirigeant de trouver la solution, ce n'est pas à nous. C'est là que les conseils des chefs d'entreprises ont leur place à prendre. »

Cette attitude est-elle une spécificité vendéenne ?

B.P. : « En Vendée, nous aimons faire du lien. Cela tient également à la personnalité du président. Ici nous sommes ouverts. On ne peut pas dire précisément si ça porte ses fruits, mais les statistiques du nombre de défaillances sont en amélioration (lire ci-dessous). En Vendée, ce sont toujours les entreprises les moins structurées, celles jusqu'à 30 ou 40 salariés, où le dirigeant est au four et au moulin, qui souffrent le plus. Ce sont elles qui sont prioritaires sur nos actions de prévention. »

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