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Atlantia, le champion nantais de la médecine vétérinaire, double la mise
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Atlantia, le champion nantais de la médecine vétérinaire, double la mise

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Le centre hospitalier vétérinaire Atlantia, l'un des trois plus importants de France, était à l'étroit dans ses locaux à Nantes. L'équipe dirigeante lance la construction d'un second établissement à Sautron moyennant un investissement de 11 millions d'euros et l'entrée au capital d'un groupe international, vetPartners.

Raphaël Ducept, directeur du Centre hospitalier vétérinaire Atlantia, et Isabelle Testault, cofondatrice de cet établissement de soin pour les animaux de compagnie — Photo : David Pouilloux

L'endroit est parfaitement connu de celles et ceux qui, un dimanche matin, ont foncé en direction des urgences vétérinaires pour sauver la vie de leur chat ou de leur chien. Le centre hospitalier vétérinaire Atlantia, situé sur l'île de Nantes, est ouvert 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. C'est là, au cœur de la métropole nantaise, que 45 000 clients conduisent chaque année leurs animaux de compagnie malades ou victimes d'un accident, que ce soit pour une consultation classique, pour rencontrer un spécialiste ou pour une urgence.

Isabelle Testault, cofondatrice d'Atlantia, Centre hospitalier vétérinaire, situé à Nantes — Photo : © Atypix - Atypix

Plus de 130 personnes travaillent dans cet hôpital dont des spécialistes recherchés dans le monde entier. "Nous faisons partie des trois plus importants parmi les 10 centres hospitaliers vétérinaires français", explique Isabelle Testault, l'une des cofondatrices d'Atlantia.

En pleine croissance de son activité, Atlantia porte un projet de construction d'un nouvel établissement. "Nous sommes à l'étroit dans nos locaux, reconnaît Raphaël Ducept, le directeur de l'hôpital. Il y avait une forte attente de notre personnel et une augmentation de l'activité. Et il y avait des choses que l'on ne pouvait pas faire ici, comme installer un IRM. Notre projet est de construire un second centre hospitalier vétérinaire à Sautron. La livraison du bâtiment est prévue en 2023."

Le second centre hospitalier vétérinaire d'Atlantia sera livré en 2023 et implanté à Sautron (Loire-Atlantique) — Photo : DR

Le bâtiment principal occupera 3 000 m2. Rapidement, une cinquantaine de salariés viendront y travailler. "La moitié sera issue de l'unité de Nantes et nous recruterons vingt-cinq nouveaux collaborateurs." Une vingtaine de vétérinaires et une trentaine d'infirmières formeront l'ossature du personnel de ce futur hôpital situé dans le nord de Nantes. "À terme, nous aurons 100 salariés sur ce site, précise Raphaël Ducept. Le recrutement des nouveaux collaborateurs est déjà lancé."

Une forte concurrence pour le recrutement de spécialiste

Et pour cause : "Les spécialistes qui travaillent chez nous ne se trouvent pas sous le sabot d'un cheval, lance Isabelle Testault. Que ce soit en ophtalmologie, oncologie, imagerie ou neurologie, les meilleurs vétérinaires spécialistes sont chassés à l'échelle mondiale. Il y a une forte concurrence pour les recruter. Il faut commencer tôt. Les centres hospitaliers les veulent, et les écoles vétérinaires aussi. Certains filent aux États-Unis, en Angleterre, en Scandinavie ou en Asie. "

Les vétérinaires spécialistes ? Une denrée rare. Des femmes et des hommes qui après l'obtention de leur diplôme vétérinaire (7 ans d'études) ont enchaîné sur deux ans d'internat puis sur trois ans de spécialité auprès des cadors de la médecine vétérinaire. Bref, des bacs + 12, aussi convoités que les meilleurs chirurgiens de la planète.

Raphaël Ducept, directeur du Centre hospitalier vétérinaire Atlantia, à Nantes — Photo : © Atypix - Atypix

"Nous avons 15 spécialistes à Atlantia, rapporte Isabelle Testault, c'est sans doute un record en France. Deux des sept spécialistes vétérinaires ophtalmologistes de France travaillent ici, par exemple." Une grande partie des consultations se fait en référé, une expression qui signifie que c'est un autre vétérinaire qui a envoyé un client et son animal pour qu'il puisse être consulté par un spécialiste de l'hôpital. "C'est la même chose qu'avec un médecin généraliste qui envoie un patient chez un spécialiste", relate Raphaël Ducept.

Un autre volet de l'activité d'Atlantia sera justement de faire profiter de formations top niveau aux jeunes pousses de la médecine vétérinaire. En France, il existe quatre écoles vétérinaires : Nantes, Lyon, Toulouse et Paris. Pour devenir spécialiste, les jeunes vétos doivent se frotter à l'expérience des meilleurs vétérinaires, dont ceux de Nantes. "Le second hôpital nous servira beaucoup de centre de formation continue pour les jeunes", précise le directeur.

Un hôpital issu de la fusion de deux cliniques

Avant d'envisager de doubler de taille et d'effectif dans les prochaines années, avec cet investissement de 11 millions d'euros dans le nouveau centre hospitalier, Atlantia ne comptait au départ que 17 salariés. Tout a commencé en 2006. "Nous étions deux cliniques vétérinaires à Nantes à nous faire une concurrence effrénée, rapporte Isabelle Testault. La clinique Anne-de-Bretagne, sur le cours des 50 otages, et la clinique de Beaulieu. Nous avons fusionné cette année-là. À l'époque, sur l'île de Nantes, on était perdu dans des locaux trop grands. Maintenant, c'est l'inverse. On doit installer une partie de nos équipes sur un autre site."

C'est que le marché de la médecine vétérinaire est en pleine croissance. "Une croissance à deux chiffres par an, en France, poursuit la dirigeante. Nous n'avons vraiment pas souffert du Covid. Les gens se sont repliés sur leurs animaux de compagnie et ont encore pris davantage soin d'eux."

14 millions de chats et 7 millions de chiens

Passage à la radiographie pour ce chien au Centre hospitalier vétérinaire Atlantia, à Nantes — Photo : © Atypix - Atypix

Les chiffres sont d'ailleurs éloquents. "En France, on compte environ 14 millions de chats et 7 millions de chiens. Les gens prennent de plus en plus soin de leurs animaux de compagnie, rapporte Aurélie Verhulst, de VetPartners, groupe international qui vient d'entrer au capital d'Atlantia. Environ 85 % des chiens sont vaccinés, mais seulement 60 % des chats. Ces taux augmentent chaque année. C'est un signe de renforcement du soin apporté aux animaux. "

Ici, à Nantes, on soigne chiens et chats, à parts égales, mais aussi les nouveaux animaux de compagnie (NAC) : oiseaux, serpents, lapins, cochon d'Inde, etc. C'est une autre entité juridique, installée dans les locaux, FauneVet, qui pilote les soins à ces autres animaux. "C'est un partenaire d'Atlantia, souligne Isabelle Testault. Ils utilisent les mêmes locaux que nous et notre matériel." FauneVet intervient également dans les zoos pour soigner les animaux sauvages.

En France, il existe environ 6 000 établissements de soins pour animaux, dont 57 % de cliniques et 42 % de cabinets vétérinaires. Les centres hospitaliers du calibre de Nantes représentent à peine 0, 3 % des établissements. Ce qui fait la force de l'hôpital nantais ? "La qualité des soins que l'on prodigue, assure Isabelle Testault. Nous avons les meilleurs spécialistes. Lorsqu'un chien se fait renverser, qu'il est cassé de partout, tous nos spécialistes apportent leurs expertises, sur les tissus mous, sur les os, sur le système nerveux, sur l'imagerie médicale. Ce niveau d'expertise permet de proposer des soins de très grandes qualités."

Mettre 11 millions d'euros sur la table

Hélène Kolb, Jean-Philippe Billet et Isabelle Testault, trois des vétérinaires travaillant à Atlantia, centre hospitalier vétérinaire situé à Nantes — Photo : David Pouilloux

Le développement très fort de l'activité de cet hôpital est évidemment à l'origine du nouveau projet. L'une des étapes les plus difficiles a été de trouver le terrain. "Nous avons vécu cette étape comme un chemin de croix qui a duré 2 ans, se souvient Raphaël Ducept. Nous avons frappé à la porte de nombreuses mairies de l'agglomération nantaise, sans succès. On était face à un mur administratif, avec une absence de solutions. Le Plum (Plan local d'urbanisme métropolitain) est incroyablement restrictif, et ne nous a pas permis de nous implanter facilement. " Du côté de Sautron, la maire, Marie-Cécile Gessant, s'est retroussée les manches pour accueillir l'hôpital vétérinaire. "On a senti une véritable envie. Elle a remué ciel et terre pour que l'on puisse s'installer sur sa commune." Le site était intéressant, près du périphérique nantais. "Notre zone de chalandise se situe dans un rayon de 300 km. On ne tenait pas à faire venir nos clients dans le centre-ville de Nantes."

Un autre défi devait être relevé : mettre 11 millions d'euros sur la table. Pour une entreprise qui réalise 8 millions d'euros de chiffre d'affaires par an, le pari était audacieux. "Les vétérinaires sont des gens passionnés par le soin, mais nous ne sommes pas des chefs d'entreprise très performants, reconnaît humblement Isabelle Testault. Nous avons besoin de nous faire épauler pour sortir de notre gestion à la papa."

Raphaël Ducept, le directeur de l'hôpital, n'est d'ailleurs pas vétérinaire, mais ingénieur issu des arts et métiers, et armé d'une expérience chevronnée dans l'univers de la banque. Il a apporté de la rationalité au milieu de ce tourbillon de passion. Récemment, l'équipe s'est structurée avec le recrutement de personnel à la gestion, à la comptabilité et aux ressources humaines.

Chercher un partenaire pour entrer au capital

Aurélie Verhulst, directrice de la communication de vetPartners France, société qui vient d'entrer au Capital d'Atlantia à hauteur de 49 % — Photo : David Pouilloux

Pour le projet ambitieux qu'elle portait, le second hôpital, l'équipe dirigeante a cherché un partenaire capable d'entrer au capital et ainsi permettre ce bel investissement. "La médecine vétérinaire se rapproche toujours plus de la médecine humaine en termes de qualité de soins, ce qui nécessite des investissements de plus en plus lourds. Nous avons cherché parmi les groupes à la tête d'établissements vétérinaires, quel était celui qui portait le plus nos valeurs, raconte Raphaël Ducept. Nous privilégions la qualité du soin apporté aux animaux plutôt que les aspects financiers de notre travail." Un IRM, par exemple, c'est entre 600 000 et 800 000 euros d'investissement. La venue d'un investisseur est alors quasi indispensable pour acquérir les équipements de soin les plus pointus.

En clair, Atlantia ne souhaitait pas s'adosser à un groupe qui aurait pour priorité de faire un maximum d'argent au détriment à la fois de la qualité de la médecine exercée et du bien-être des équipes en place. "Quand on s'associe, c'est une histoire de rencontres humaines, résume le directeur de l'hôpital. On souhaitait travailler avec des personnes bienveillantes."

L'heureux élu sera, au printemps 2021, VetPartners. C'est une société anglaise, créée en 2015, par Jo Malone. Cette entreprise regroupe déjà 500 cliniques en Grande-Bretagne, 25 en France, 17 en Italie, et quelques-unes en Suisse, Allemagne et Espagne. Une croissance vertigineuse en seulement six ans. Le centre hospitalier vétérinaire de Nantes serait-il son navire amiral en France ? "Oui, reconnaît Aurélie Verhulst, qui dirige la communication du groupe. Il y a peu de centres hospitaliers vétérinaires de cette taille et qui ont ce niveau d'excellence."

La société VetPartners est entrée à hauteur de 49 % dans le capital d'Atlantia, pour un montant d'investissement qui reste secret. Moins de la moitié ? Cet investisseur ne peut en effet pas être majoritaire dans une entreprise vétérinaire, qui doit rester indépendante sur le plan capitalistique. "C'est important de conserver notre liberté et notre identité", estime Isabelle Testault.

Bloc opératoire du Centre hospitalier vétérinaire Atlantia, à Nantes, où sont soignés près de 45 000 animaux chaque année — Photo : © Atypix - Atypix

Le secteur de la médecine vétérinaire est en pleine ébullition et les appétits sont féroces. La société britannique est un des nombreux acteurs qui s'activent aujourd'hui sur le marché européen qui se structure très fortement depuis 2 ans. Il y a les Français, comme Argos, Mon Véto, Uni Vet, Familyvets, mais surtout les groupes étrangers comme IVC Evidensia et Anicura qui sortent les crocs. "Les marchés français, italien ou espagnol sont peu structurés. Il y a des opportunités, dit Isabelle Testault. Avec un potentiel de croissance très fort, des modèles de gestion à améliorer et des résultats plus importants à la clé…" Bref, un eldorado au pays des animaux de compagnie.

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