
Le Journal des Entreprises : À quoi correspond l’événement Let’s GO qui se tient du 1er au 16 février en Bretagne ?
Serge Rambault : Les 134 adhérents du cluster Bretagne Supply Chain (association bretonne des professionnels des chaînes logistiques, NDLR) manifestaient le désir de recruter. C’est un véritable problème pour notre secteur. On a un besoin en recrutement de 6 000 personnes. Aussi bien les prestataires de services que les industriels qui ont une activité logistique. Ça va du conducteur routier, au cariste, au manutentionnaire, à l’ingénieur… L’objectif de cette manifestation, c’est d’expliquer le phénomène de rupture de notre filière et montrer qu’il y aura des opportunités importantes à saisir.
À quelle rupture faites-vous référence ?
S. R. : Nous sommes dans un secteur en pleine mutation. Les industriels et prestataires sont confrontés au changement du consommateur qui fait qu’aujourd’hui les choses sont radicalement différentes. Faisons un zoom sur Rennes : qui aurait imaginé que, en 2020, Géant Saint-Grégoire aurait fermé au profit d’un autre ? Qui aurait imaginé qu’il y aurait autant de « drives » ? Qui aurait imaginé l’arrivée des Triporteurs rennais, spécialisés dans la livraison urbaine en triporteurs et véhicules électriques ? Nous sommes dans un changement de comportement qui est extraordinaire et qui n’en est qu’à ses débuts. En tant que président de Le Roy Logistique, je suis confronté aujourd’hui à des demandes que je n’aurais jamais imaginées il y a quelques mois. On est vraiment dans une logique de rupture, qui fait que les industriels bretons doivent s’adapter. C’est un tsunami qui s’annonce.
Comment va se dérouler cette manifestation ?
S. R. : On organise 95 événements sur toute la région : des forums sur l’emploi et les métiers en direction des collégiens, lycéens et demandeurs d’emploi, des portes ouvertes dans les établissements et plus de 40 visites d’entreprises (Biomérieux, France Boissons, DistriCenter, Les Citerniers Bretons, Altho…, NDLR). Je veux sensibiliser la nouvelle génération en lui disant 'nous ne sommes pas que des conducteurs de camions'. Les gens ne connaissent pas nos métiers. Or, les formations sont importantes, avec de belles évolutions de carrière. L’ascenseur social fonctionne bien dans notre secteur. C’est pourquoi je voulais des forums, des tête-à-tête, pour que des jeunes puissent voir concrètement comment ça se passe. Un exemple : chez Le Roy Logistique, nous avons acheté deux drones pour faire l’inventaire des marchandises. Avant, il fallait des nacelles et des dizaines de personnes… Nos métiers deviennent vite obsolètes, il faut sans cesse former les gens. La formation continue dans les entreprises est devenue indispensable pour faire face à ces transformations.