Pour Femmes de Bretagne, la crise révèle de nouveaux besoins
# Réseaux d'accompagnement

Pour Femmes de Bretagne, la crise révèle de nouveaux besoins

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Pendant la crise du Covid-19, le réseau Femmes de Bretagne a continué de jouer son rôle d'accompagnement des femmes chefs d'entreprises ou porteuses de projets, à distance. Mais sa grande crainte : voir de trop nombreuses femmes renoncer à un projet qu'elle ont dû mettre entre parenthèses. Pour l'éviter, le réseau active de nouveaux leviers.

— Photo : © Femmes de Bretagne

Arrivée à la direction du réseau Femmes de Bretagne depuis seulement quelques mois lorsque le confinement est prononcé, Caroline Roger-Moigneu a pu constater l’énorme engagement de ses adhérentes. « Elles m’ont épatée ! dit-elle. Bénévoles, les 90 coordinatrices ont continué à donner de leur temps et de leur dynamisme aux autres, pour positiver ».

Un risque élevé de dépôt de bilan

Pas évident, surtout quand beaucoup se retrouvent prises par les obligations de mère de famille, de maîtresse de maison et de maîtresse… d’école. D’après une étude menée par le réseau business féminin Bouge Ta Boîte, deux tiers des dirigeants ont dû ainsi réduire leur temps de travail, maintenant, au mieux, 20 % de leur activité. 40 % des entrepreneures interrogées ont perdu plus de 70 % de leur chiffre d’affaires pendant le confinement. Résultat : 54 % d’entre elles considèrent même que leur entreprise risque le dépôt de bilan. Selon d’autres études, on estime que 75 % des porteuses de projet ont mis leur idée entre parenthèses pendant la crise. « Nous craignons que cette mise en veille les pousse à décrocher, s’inquiète Caroline Roger-Moigneu. Ce serait dommage, d’autant que beaucoup d’avancées ont été réalisées ces dernières années sur la place des femmes dans la société et en entreprise. En Bretagne, notamment : la région compte 30 % de femmes entrepreneures, contre 27,3 % en France (étude Infogreffe 2018, NDLR). Le risque, c’est le recul. C’est pour cela que notre rôle est encore plus important aujourd’hui. Nous continuons d’être solidaires des femmes et de leur apporter toutes les clés dont elles ont besoin. »

80 ateliers en ligne en deux mois

Pendant le confinement, Femmes de Bretagne (1 350 adhérentes, 10 000 membres sur les réseaux sociaux) a ainsi digitalisé l’ensemble de ses actions, pour organiser 80 ateliers en ligne. Ils ont réuni au total 800 participantes sur deux mois. Des matinées spéciales sur le financement à la création d’entreprise ont été organisées à distance, pour encourager les femmes à se lancer en leur donnant toutes les clés. Et pour ne pas voir l’entrepreneuriat au féminin reculer…

Des besoins en financement et études de marché

« Nous avons profité de cette période pour réaliser une enquête auprès de nos adhérentes, raconte Caroline Roger-Moigneu. 75 % sont en reconversion et visent la création d’entreprise. Mais 52 % d’entre elles disent ne pas avoir fait d’étude de marché ». Un point de vigilance repéré par le réseau. Mais il y en a d’autres : 94 % des femmes se lancent sur fonds propres, 65 % se rémunèrent moins de 1 000 euros. « La crise a fait émerger des besoins. Nous allons donc accentuer nos actions vers les études de marché, l’accompagnement au financement et à la formation ».

Pendant la crise, Femmes de Bretagne a déjà accéléré sur le volet formation, en proposant des ateliers de co-développement aux coordinatrices du réseau, dans le cadre d’un mécénat de compétences. « En septembre, une cinquantaine de nos coordinatrices vont être formées à la facilitation, ajoute Caroline Roger-Moigneu. Ces ateliers seront transposables dans leur vie d’entrepreneures. Le but est de travailler la posture d’écoute, de transmission et d’incarnation. On sait que le manque de confiance en soi est un frein au développement de son entreprise. Notre but est d’enclencher une dynamique ».

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