Legendre : Une nouvelle ère 3.0 pour le groupe de BTP rennais

Legendre : Une nouvelle ère 3.0 pour le groupe de BTP rennais

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La succession de Jean-Paul Legendre est en marche à la tête du groupe breton indépendant aux 1.400 salariés, 450 M€ de business et 70 ans en 2016. Quels enjeux attendent le fils Vincent aux commandes et sa nouvelle gouvernance ? Quels marchés visent-ils ?
— Photo : Le Journal des Entreprises

C'est un événement sur la place rennaise. À 63 ans, Jean-Paul Legendre a décidé de transmettre les rênes son groupe indépendant de BTP et d'immobilier à son fils Vincent, pour bâtir un « Legendre 3.0 ». La transmission familiale était prévue et organisée de longue date, « avec envie », entre le père et le fils, aux visions complices. Arrivé dans l'entreprise en 2003, l'ingénieur en génie civil Vincent Legendre avait en perspective cette reprise. « Cela fait 12 ans que nous pilotons l'entreprise ensemble », souligne le duo qui n'avait à l'époque "que" 350 salariés. Le père sur le développement ; le fils sur l'exploitation. Tous deux toujours d'accord sur les grandes décisions stratégiques à prendre.




Trois décisions vitales

Dans sa longue carrière de dirigeant autodidacte, Jean-Paul Legendre dit en avoir pris trois décisives, voire vitales pour son groupe. « Des points de non-retour ; ça passait ou ça cassait ! » La première date de 1982. À l'époque, avec ses 30 salariés, il met le cap sur Cherbourg et le chantier de la centrale de La Hague. « Je n'avais pas assez de travail à Rennes. » Les années suivantes lui donneront raison vu « l'hécatombe de dépôts de bilan » chez ses confrères. Aujourd'hui, l'Ile-de-France porte 40 % de son business. Fin 1990, il prend une deuxième décision cruciale d'escompte et de caution personnelle avec sa banque (le Crédit Agricole). « Je n'avais rien, ils m'ont suivi au-delà du raisonnable... » Alors qu'il réalisait 100 millions de francs de chiffre d'affaires, il cumule 25 millions de découvert. « En quatre ans, j'ai tout remboursé. » Sa recette ? C'est sa troisième décision : en 1993, il lance Ouest Immo (devenue depuis OTI par sa fusion avec Ouest Tertiaire et qui va bientôt devenir Legendre Immo). Il réalise alors des opérations de promotion immobilière où les autres promoteurs n'allaient pas, en périphérie, dans la seconde couronne rennaise (Vern-sur-Seiche, Châteaugiron...). Le temps lui a encore donné raison.




Un essor fulgurant

En quelques années, le groupe Legendre passe de 83 salariés (1983), à 240 (an 2000), puis au millier (2010) et enfin à 1.400 emplois cette année. Son chiffre d'affaires croît en parallèle. De 2008 à 2015, malgré la crise qui n'en est pas une aux yeux de Jean-Paul Legendre, il a été multiplié par 2,5 passant de 182 à 450 millions d'euros ! L'entreprise de maçonnerie restauration née à Amanlis aura 70 ans en 2016. Jean-Paul Legendre n'oublie pas ses premières heures avec son père qui n'avait qu'un seul ouvrier. En 1975, un an après l'avoir reprise, le fiston doublait déjà la mise passant à 500.000 francs de chiffre d'affaires.




Des crises successives

Cet essor ne doit pas cacher des heures plus sombres, comme toute entreprise. « Nous subissons beaucoup plus que nous gérons, dans une entreprise », martèle Jean-Paul Legendre, sans cesse tributaire des changements de marées fiscales, juridiques, gouvernementales. C'était en 1986 la loi Méhaignerie, en 1996 Périssol... « Tout marche à la confiance. »




Diversification

Vincent Legendre ne se fixe « pas d'objectif chiffré » ces prochaines années, mais il a « deux priorités » (lire ci-dessous). Développement immobilier, énergies renouvelables avec Armorgreen, résidences services et hôtelières depuis 6 mois avec déjà 1.000 chambres en projet... Il poursuivra cette diversification, source de rentabilité (3,5 % de résultat d'exploitation pour 2 % de résultat net

). Toujours au rendez-vous malgré « des marges divisées par trois depuis 2008 ».




Et après ?

À 63 ans, après 48 ans de travail acharné dont 42 à la tête de son groupe, Jean-Paul Legendre devra maintenant apprendre à souffler. Que va faire ce marathonien, peu investi dans les réseaux - il s'est toujours concentré à la tâche - ? Avec l'humour et le sens de la formule qui le caractérisent, il déclare : « À partir de 2016, je travaillerai à mi-temps... 12 heures par jour ! » Plus sérieusement, il présidera le conseil de surveillance mis en place et s'occupera des foncières du groupe. « Je pars serein », conclut Jean-Paul Legendre qui installera ses bureaux au Mabilais, son autre projet emblématique à Rennes. Début décembre, il attend aussi des centaines d'invités au Château des Pères, nouvel écrin de sa passion pour l'art contemporain.

Il y présentera son livre au titre évocateur : « Bon à rien mais prêt à tout. » Il y raconte son aventure, « 48 ans de formation » au cours desquels il s'est toujours entouré de personnes ressources, volontairement son contraire. « Je ne savais rien faire quand j'ai démarré, mais je me suis comporté comme une éponge. »