Saint-Malo
Coronavirus : « Nous avons évacué 250 curistes et fermé Les Thermes Marins de Saint-Malo en quelques heures »
Témoignage Saint-Malo # Tourisme

Coronavirus : « Nous avons évacué 250 curistes et fermé Les Thermes Marins de Saint-Malo en quelques heures »

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Alors que les vacances d'avril viennent de débuter pour la zone C, les Thermes Marins de Saint-Malo font partie de ces établissements du secteur du tourisme qui resteront fermés. En quelques heures, le 15 mars, l'entreprise bretonne a dû brutalement cesser son activité à cause du coronavirus, et renvoyer à la maison 250 curistes et la quasi totalité de ses 870 salariés. Véronique Choquet-Lebourdais, la DRH, revient sur cette évacuation inédite.

Véronique Choquet, DRH des Thermes Marins de Saint-Malo : " beaucoup de nos salariés avaient les larmes aux yeux de devoir évacuer les lieux" — Photo : CC-BY-VirginieMonvoisin-LeJournaldesentreprises

« Le samedi 14 mars, le gouvernement a décidé la fermeture de tous les lieux recevant du public, dont les hôtels et restaurants. Nous avons donc dû fermer tous nos établissements pour le lendemain, 15 heures (le groupe en compte 17 dont Le Nouveau Monde, L’Hôtel du Louvre, Les Thermes Marins, Aquatonic…, NDLR), raconte Véronique Choquet-Lebourdais, DRH du groupe Raulic, dont l’établissement phare est Les Thermes Marins de Saint-Malo. Nos salariés ont vraiment été au top. Nous étions presque complets toute la semaine, 250 curistes logeaient dans l’hôtel, dont certains venaient à peine d’arriver… Chaque directeur et chef de service a donc dû appeler ses équipes pour leur dire de ne pas venir travailler le dimanche matin. Nous n’avions aucun délai pour nous organiser ! Ceux qui étaient là ont géré la situation.

Des larmes dans les yeux

Il a fallu prévenir chaque client présent, mais aussi tous ceux qui devaient arriver dans les jours suivants, puis évacuer les hôtels. Les bagagistes ont fait un balai incessant vers la gare et l’aéroport. La plupart des personnes étaient compréhensives, mais certaines ont tout de même protesté et ne voulaient pas partir… Côté restaurant, nous avons vidé les réfrigérateurs, donné les denrées périssables au personnel. Les femmes de chambre ont refait tous les lits. Les 25 000 m² des Thermes ont été recouverts par des draps de protection ! Nous travaillons dans le service, et tout cela s’est fait dans un excellent état d’esprit. Mais beaucoup de nos salariés avaient les larmes aux yeux de devoir évacuer ainsi les lieux… À 15 h le dimanche 15 mars, plus personne n’était dans nos établissements.

5 000 annulations à gérer

Il nous a toutefois fallu organiser un service minimum. Cinq personnes du service RH sont passées en télétravail et en chômage partiel pour assurer les paies et la partie administrative. Un informaticien est de service à tour de rôle chaque semaine. Trois autres salariées assurent une permanence à la réservation centrale pour gérer les annulations. Elles doivent rappeler près de 5 000 clients qui avaient réservé jusqu’en avril… Pour l’instant, car je ne me fais pas d’illusion, le confinement sera certainement prolongé. Enfin, trois autres personnes sont responsables de l’entretien. Elles ont pour mission de faire des rondes dans nos établissements et de veiller à nos installations, notamment aux Thermes. Car il faut continuer de faire tourner les pompes, et maintenir les piscines en eau !

Des pertes colossales

Le reste des 870 salariés du groupe est au chômage technique. Nous avons rempli un dossier auprès de la Direccte : nos 17 entreprises ont été enregistrées auprès de leurs services. Nous attendons maintenant d’obtenir des codes pour pouvoir formuler nos demandes… En attendant, nous avons la chance que le groupe Raulic ait la trésorerie nécessaire pour faire une avance et verser les salaires de mars. Mais nous ne savons pas quand nous serons remboursés. Cela peut vite devenir compliqué, même si on a de la trésorerie, car nous n’allons entrer aucun chiffre d’affaires ! Nous sommes également dans une totale incertitude sur la date de réouverture. Même les séminaires s’annulent les uns après les autres, jusqu’en mai et juin. Les pertes vont être colossales. Et puis quand on nous annoncera que l’on pourra reprendre, il va falloir relancer la machine. On ne remet pas 17 structures en ordre de marche en un coup de baguette magique ! En attendant, il nous faut absolument garder le lien avec nos salariés, mais ce n’est pas toujours facile, certains n’ont pas d’adresse e-mail par exemple pour recevoir nos informations… Nous faisons notre possible pour garder le lien malgré tout et prendre des nouvelles les uns des autres. »

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