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Unither Pharmaceuticals : « En Chine, notre stratégie consiste à être au plus près du marché local »
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Eric Goupil PDG d'Unither Pharmaceuticals Unither Pharmaceuticals : « En Chine, notre stratégie consiste à être au plus près du marché local »

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Le façonnier pharmaceutique Unither, dont le siège social se trouve à Amiens, a acquis une nouvelle unité de production en Chine, fin août. Leader mondial dans la fabrication d’unidoses stériles (collyre, produits pour l’asthme, sérum physiologique), l'entreprise convoitait le marché asiatique depuis quatre ans.

— Photo : Unither

Pourquoi et comment Unither (319 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, 1 500 salariés dans le monde) a réalisé l’acquisition du laboratoire chinois Nanjing Ruinian ?

Nous avons procédé comme précédemment, aux États-Unis et au Brésil. Nous avons installé un bureau commercial dès 2016 en Chine, avec l’objectif de nous y implanter industriellement. Nous avons d’abord observé le marché, grâce à nos trois employés basés à Wuhan. Puis, nous avons prospecté et ciblé les sociétés chinoises qui avaient des activités à la fois stériles et dans le domaine de l’ophtalmologie. Nous avons décidé de racheter la société Nanjing Ruinian Best Pharmaceutical, un laboratoire de médicaments génériques, dont le chiffre d’affaires s’élève à 10 millions d’euros, avec 130 employés.

Cette unité de production est stratégique pour deux raisons : elle est déjà opérationnelle, puisqu’elle maîtrise le BFS ("blow-fill-seal" ou formage-remplissage-scellage), la technologie stérile qui permet de conditionner, sans conservateurs, des médicaments liquides dans des unidoses stériles, ce qui est notre ADN. Tout cela avec toutes les autorisations et la réglementation chinoise nécessaires. Et elle est idéalement située, à Nanjing, à une heure de train rapide de Shanghai, et à 5 minutes à pied d’une station de métro. Ce qui nous permettra d’attirer du personnel qualifié, mais aussi de faciliter les visites d’usine pour les clients.

Quel est le potentiel du marché chinois ?

La Chine est le deuxième marché mondial, derrière les États-Unis. Nous renforçons notre stratégie, qui consiste à être au plus près des marchés locaux. Nous avons notre carte à jouer. D’abord, parce que les normes évoluent très vite en Chine, pour se calquer sur les normes européennes et américaines que nous maîtrisons. Et ensuite, car beaucoup de Chinois souffrent d’asthme, lié notamment à la pollution. Avoir une unité de production sur place nous permet de nous adapter à la demande locale. Par exemple, en Chine, les traitements contre l’asthme se font directement à l’hôpital avec des produits inhalés alors qu’en Europe, les sprays contenant des poudres sont privilégiés.

Est-ce la première étape d’une implantation durable en Asie ?

Notre objectif est, pour le moment, de consolider notre position en Chine. L’usine de Nanjing a une capacité de 100 millions de doses. Elle est petite, mais il y a du foncier disponible autour pour l’agrandir. Nous comptons y installer les mêmes machines que celles utilisées en Europe et en Amérique. Nous envisageons aussi d’investir 15 millions d’euros, pour augmenter la production et atteindre à long terme les 1 à 2 milliards de doses, selon l’évolution du marché. Par la suite, nous pourrions peut-être exporter vers l’Asie du sud-est. Dans un an, nous prévoyons également de renforcer notre participation au capital de l’usine, pour qu’elle atteigne 80 %. Nous avons pour le moment une petite portion du capital de Nanjing Ruinian Best Pharmaceutical, mais elle nous permet déjà d’avoir le contrôle des opérations.

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