Un mois vu par Ahmed Miktar

Un mois vu par Ahmed Miktar

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Président de l'association des imams de France (environ 300imams) Parcours Né le 15mars 1968. Études d'histoire de l'art à l'école des Beaux-Arts de Tourcoing Imam de la mosquée Salam de Tourcoing en 1995; aumônier du CHRU de Lille depuis avril2009. Imam de Villeneuve-d'Ascq et président des imams de France.
— Photo : Le Journal des Entreprises

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a crise financière.

«Je pense à des prédications des prophètes de l'Islam qui disent que lorsque l'Homme s'éloigne de son humanité, il tombe dans l'injustice, la débauche et la crise. Ma crainte, c'est qu'aujourd'hui la France perde sa vocation d'accueil, de charité, de fraternité. Pour l'instant, elle tient bon. L'an dernier, il y avait une confiance par rapport à l'action du gouvernement. Actuellement, les gens paniquent. Les personnes modestes n'ont pas grand-chose à perdre dans la crise. Mais elles payent plus que les autres; les impôts augmentent comme les factures d'énergie mais les salaires progressent très peu. Finalement, on se serre les coudes pour que les générations à venir ne connaissent pas pire que nous.»






La rentrée scolaire.

«Aujourd'hui, on ne parle plus que des formations qui mènent à l'embauche. Où est la formation qui mène à la créativité, à l'intelligence? La France, qui m'a scolarisé, régresse de cette manière. Les enfants regardent les domaines où ils vont gagner de l'argent. Après avoir fait disparaître le charbon et le textile de ce pays, est-ce qu'on va faire disparaître les têtes? Cela m'inquiète beaucoup. Le financement de la recherche disparaît. Maltraiter l'école, c'est maltraiter l'avenir et l'histoire de France. L'école est le socle de la laïcité.»






Un État palestinien.

«J'espère que le gouvernement israélien sera raisonnable et que les États-Unis ne sortiront pas la carte du veto. On appelle à la création d'un État palestinien car on reconnaît l'État d'Israël. Si cela se réalise, ce sera un rempart de protection pour Israël. Ils ont le devoir de vivre ensemble comme nous en France. Là-bas, ils ont déjà vécu ensemble en paix. Pourquoi pas aujourd'hui?»





Propos recueillis par Thomas Levivier