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Teuf Confection exprime son ras-le-bol contre les masques importés de l’étranger
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Teuf Confection exprime son ras-le-bol contre les masques importés de l’étranger

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Durant la crise du coronavirus, l’entreprise nordiste Teuf Confection a interrompu sa production de housses de matelas et de coussins, pour se lancer dans la confection de masques. Si la demande a explosé en avril, elle est désormais au point mort. Le dirigeant, Thibault Nollet, ne parvient plus à écouler ses stocks. Explications.

L'entreprise nordiste Teuf Confection peine désormais à écouler les masques en tissu produits durant la crise du coronavirus — Photo : Teuf Confection

Spécialisée dans la fabrication de housses de matelas et de coussins en polyester, Teuf Confection (CA 2019 : 700 000 €, 15 salariés) a vu son carnet de commandes chuter dès l’annonce du confinement en mars. « La crise est arrivée de façon brutale et tous nos clients en literie ont fermé leurs portes. Je me suis alors lancé sur le marché très porteur des masques », explique Thibault Nollet, qui a repris il y a dix ans l’entreprise familiale, créée en 1976 à Tourcoing (Nord).

Carnet de commandes à zéro

Les machines n’ont jamais cessé de tourner et l’entreprise a évité le chômage partiel pour ses quinze salariés. « Nous avons commencé à produire 500 masques par jour puis, très vite, nous sommes passés à 1 500. Nous avions des demandes non pas de nos clients habituels mais de nombreux industriels afin de protéger leurs salariés. Nous vendions nos masques comme des petits pains », raconte le dirigeant. Au total, Teuf confection a livré plus de 50 000 masques durant la période du confinement, ce qui lui a permis de rester à flot.

Si l’entreprise a d’abord produit des masques non normés pour répondre à la situation d’urgence, elle a ensuite réorienté sa production vers les masques certifiés, de plus en plus nombreux sur le marché français. « Nous avons commandé du tissu normé mais le temps que les rouleaux arrivent, le marché a explosé et, avec les masques importés de l’étranger, les prix ont totalement chuté », regrette Thibault Nollet. Si les masques "made in France" de Teuf Confection se vendent au prix de 3 euros, les masques fabriqués à l’étranger ne coûtent eux qu’1,50 euro. Depuis une semaine, Teuf Confection ne reçoit plus aucune commande de masques et ne parvient plus à écouler son stock.

« L’État ne joue pas le jeu »

Impuissant face à la situation, comme un grand nombre de sociétés de confection textile, l’entreprise tourquennoise ne comprend pas que les autorités puissent importer des masques de l’étranger : « L’État demande à tous les Français de consommer local mais il ne joue pas le jeu lui-même. Nous ne pouvons pas faire grand-chose mais nous espérons un changement de position officiel quant à l’importation de masques. Nous sommes près de 400 confectionneurs en France capables de produire des masques certifiés », rappelle le dirigeant nordiste.

Dans l’attente, l’entreprise reprend peu à peu à son activité de tissu d’ameublement, qui ne repart que « très fébrilement ». Si le mois d’avril a été financièrement très bon, le dirigeant s’inquiète pour les mois à venir : « Je ne vois pas comment on pourrait éviter le chômage partiel pour mon équipe. Je pourrais perdre tout ce que j’ai gagné pendant le confinement. L’avenir est très flou et j’ai peur pour mon entreprise ».

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