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PGM-Couesnon, l'un des derniers fabricants français d'instruments de musique, est en danger
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PGM-Couesnon, l'un des derniers fabricants français d'instruments de musique, est en danger

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Le fabricant d'instruments de musique PGM-Couesnon, basé à Etampes-sur-Marne (Aisne), a perdu près de la moitié de son chiffre d'affaires à cause de la crise liée au Covid et l'arrêt de la vie musicale. Cette entreprise séculaire joue sa survie.

Les neuf salariés de l'entreprise PGM-Couesnon sont tous musiciens — Photo : Lise Verbeke

Depuis deux ans, les commandes de trompettes, cors, barytons et de clairons ont baissé de moitié pour la société PGM-Couesnon, l’une des dernières entreprises de France à fabriquer des instruments à vent et des percussions. "La situation est dramatique", explique Sophie Glace, cogérante avec sa mère, Ginette Planson, de la PME située à Étampes-sur-Marne (Aisne), près de Château-Thierry. Le chiffre d’affaires est passé de 520 000 euros avant la crise, à 270 000 euros aujourd’hui.

80 % de l’activité à l’export

"Nos neuf salariés, ouvriers, tous musiciens, sont en chômage partiel jusqu’à la fin de l’année, ils travaillent à 75 %", ajoute-t-elle. "Un statut difficile à obtenir", car l’entreprise se trouve entre l’industrie et le spectacle. Sans cette aide, "c’était la clé sous la porte". Depuis septembre, les devis reprennent timidement, le dépôt de bilan n'est pas à l'ordre du jour, "les demandes viennent surtout d’Afrique, car ce continent a été moins touché ".

PGM Couesnon réalise 80 % de son chiffre d'affaires à l'export, la majorité de ses clients étant des formations musicales des armées étrangères. Les instruments partent pour les armées du Maroc, de la Tunisie, de l’Algérie, au Togo, ou encore en Amérique latine, avec notamment l’armée chilienne. En France, où est réalisé 20 % de l'activité, l'entreprise travaille pour la fanfare de la Garde Républicaine, les symphonies, les orchestres, mais aussi les particuliers. L’espoir suscité par la mise en place du pass sanitaire n’a pas été suivi d'effets, "les formations musicales sont encore en jauge réduite, touchées par une baisse des recettes. Nous craignons de nouvelles annulations de manifestations avec le variant du Covid-19 Omicron". Pour tenir, la PME a tenté la diversification, en fabriquant des luminaires "pour un grand designer. Mais cela était ponctuel et nous n'allons pas recommencer".

Un savoir-faire ancestral

Pour Ginette Planson, 78 ans, cette entreprise est toute sa vie. "Il faut à tout prix sauver ce savoir-faire, il existe depuis 1827 !". Couesnon a déjà connu des soubresauts. Leader mondial dans la fabrication d’instruments dans les années 1900, avec six sites de production en France, et 600 salariés employés à Château-Thierry, l’entreprise a dû faire face au crack boursier de 1929, qui a alors stoppé les exportations. Couesnon renaît après la Seconde Guerre mondiale, et l’essor du jazz. En 1979, un incendie criminel ravage l’usine. "Nous étions 165 salariés, les patrons n’en ont gardé que 8, se souvient Ginette Planson, j’ai été licenciée".

À cette époque, elle reprend une activité de housse d’instruments, dans le sous-sol de sa maison, créant ainsi PGM. "J’ai aussi inventé des tambours en fibre de verre, ça a très bien marché". À tel point qu’elle accepte, en 1999, de racheter l’entreprise Couesnon, alors en liquidation judiciaire. Depuis, sa petite-fille a rejoint la PME, ce qui fait "trois générations de femmes pour se battre". Mais la concurrence asiatique est féroce, notamment celle du leader Yamaha. "Il inonde le marché, regrette Sophie Glace, pour des instruments dix fois moins chers que les nôtres, mais avec un métal plus fragile dans le temps et une uniformisation du son".

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