Christophe Gaine était banquier, Antoine de Kerautem ingénieur, mais ils étaient surtout musiciens amateurs et impliqués dans la musique collective. Ils se sont associés pour créer l'entreprise Zic Ethic en Mayenne en décembre 2020. "La raison d’être de Zic Ethic est de rendre la pratique musicale accessible à tous. C'est inscrit dans nos statuts", décrit Christophe Gaine. Selon lui, il est difficile de trouver un instrument d’occasion de qualité. D’où le lancement, en mars 2021, de cette plateforme de vente spécialisée, qui se positionne comme "un intermédiaire de confiance". Des instruments de musique d’occasion et/ou reconditionnés, plutôt milieu et haut de gamme, d’un prix moyen de 1 500 euros. La plateforme est alimentée par un réseau de 45 ateliers de réparation partenaires en France, qui profitent de cette "vitrine digitale à l’échelle nationale".
Levée de fonds de 500 000 euros
Les particuliers peuvent également déposer une annonce, bénéficiant d’une modération du site, voire d’une aide à définir le prix. Le vendeur se charge de la mise en colis et Zic Ethic trouve le transporteur. "Nous gérons le bon d’expédition, l’enlèvement, assurons le colis, sécurisons le paiement, avec sept jours d’essai de l’instrument acheté, moyennant une commission de 7,4 %", détaille le cofondateur.
Moins de deux ans après le lancement, les trompettes de la renommée commencent à sonner pour la start-up. "Nous avons des demandes entrantes de réparateurs", se réjouit Christophe Gaine. "Nous avons des achats à l’étranger, même jusqu’en Grèce." Afin d’accélérer sa croissance, la start-up mène une levée de fonds de 500 000 euros. "Elle est plutôt bien partie et devrait être bouclée au premier trimestre 2023".
L’objectif de l’année qui vient sera de passer à une augmentation d’activité conséquente et, pour cela, recruter des collaborateurs au développement web, au marketing et à l’animation de réseau. Depuis juillet 2022, les deux associés sont épaulés par trois alternants. Le développement du réseau de réparateurs reste à réaliser dans le sud de la France et en région parisienne.
Pilote pour créer un label français
Pour asseoir son activité, l’entreprise s’appuie sur un écosystème avec différents acteurs : fabricants et réparateurs d’instruments, écoles de luthiers et écoles de musique. L’enjeu pour la start-up lavalloise est de participer à une structuration de cette filière naissante de la seconde main de l’instrument. À ce titre, les deux créateurs de Zic Ethic ont signé en novembre 2022 une convention avec le ministère de la Culture : ils sont lauréats de l’appel à projet "Soutenir les alternatives vertes dans les industries créatives et culturelles". Leur ambition : rien moins que de créer un label, donc un cahier des charges, pour garantir la qualité des instruments reconditionnés. Le dossier inclura une expérimentation sur le recyclage, notamment des pièces détachées.
Pour mettre ce projet en musique, Zic Ethic s’associe à des partenaires tels que l’Institut technologique européen des métiers de la musique (Itemm) au Mans, la Chambre syndicale de la facture instrumentale (CSFI) ou encore la fédération des acteurs du réemploi, Rcube.
Début décembre, Zic Ethic a remporté un autre appel à projet, du conseil régional des Pays de la Loire. Il porte sur l’économie circulaire pour la gestion des parcs d’instruments des écoles de musique et des conservatoires.
