Pas-de-Calais
Nausicaà : « Nous sommes très préoccupés par notre situation financière »
Interview Pas-de-Calais # Tourisme

Philippe Vallette directeur général de l'aquarium Nausicaà Nausicaà : « Nous sommes très préoccupés par notre situation financière »

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Le centre national de la mer Nausicaà, installé à Boulogne-sur-Mer, a rouvert ses portes le 4 juin après deux mois et demi de fermeture. Son directeur général, Philippe Vallette, ne cache pas ses inquiétudes quant à l’avenir de ce haut-lieu touristique des Hauts-de-France.

— Photo : © Alexis ROSENFELD-NAUSICAA

Le Journal des Entreprises : Quel a été l’impact de la crise liée à l’épidémie du Covid-19 sur l'activité de Nausicaa (24 M€ de chiffre d'affaires, 250 salariés NDLR) ?

Philippe Vallette : Nausicaa n'est pas une entreprise comme les autres car il lui est impossible de mettre son activité sur pause. Cela fait 29 ans que notre modèle économique fonctionne en étant basé sur l’entrée de milliers de visiteurs chaque année (près de 850 000 en 2019 NDLR). Avec cette crise sans précédent, c’est un séisme qui a frappé Nausicaà. Nous avons été obligés de fermer nos portes du 14 mars au 4 juin. Cela a engendré une catastrophe financière, nous n’avions jamais connu ça auparavant. Durant la période de confinement, nous avons mis en place toute une organisation pour continuer à nourrir et soigner au quotidien les 58 000 animaux. Cela n’a pas été simple car certaines des 1 600 espèces doivent être nourries jusqu’à trois fois par jour. Afin de respecter les mesures barrières, nos équipes sur place ne se croisaient pas. Au total, 180 salariés sur 250 ont été placés au chômage partiel. Aucun emploi n’est à ce jour menacé, nous avons su maintenir le bateau à flot.

Quelles mesures ont été prises pour assurer la survie de Nausicaà ?

Philippe Vallette : Nous avons saisi l’ensemble des aides financières qui étaient à notre disposition afin de surmonter la crise car nous ne recevions plus aucun visiteur mais les charges continuaient à augmenter. Nous avons obtenu les prêts garantis par l’État puis nous avons fait appel à nos actionnaires, dont notre actionnaire principal, la Communauté d’Agglomération du Boulonnais, qui va apporter une aide financière conséquente. Notre trésorerie s’en sortira en 2020 mais les remboursements risquent d’être très lourds l'an prochain. Nous souhaitons substituer ces prêts par des subventions. Aujourd’hui, si nous restons sur des prêts garantis par l’État, nous ne nous en sortirons pas. Nous sommes très préoccupés par notre situation financière. Nous parvenons à survivre aujourd’hui grâce aux aides mais on est en train de plomber notre futur. Il nous faut absolument trouver des solutions alternatives pour 2021 et 2022.

Depuis le 4 juin, les visiteurs sont de retour. Qu’est-ce qui a changé concrètement ?

Philippe Vallette : Habituellement, nous accueillons environ 5 800 visiteurs en instantané. Désormais, nous devons limiter l’accès à 1 700 personnes en instantané, soit trois fois moins de visiteurs. Nous attendons avec impatience un assouplissement du déconfinement fin juin pour passer de 4 mètres carrés à 2 mètres carrés par visiteur. C’est une période d’adaptation compliquée, mais le principal c’est que Nausicaà ait rouvert ses portes au public.

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