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Grasp lève 2 millions d'euros pour mieux scruter l'atmosphère depuis l'espace
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Grasp lève 2 millions d'euros pour mieux scruter l'atmosphère depuis l'espace

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La start-up lilloise Grasp, spécialiste de l’étude des données atmosphériques, lancera bientôt sur orbite son premier satellite. Après une récente levée de fonds de 2 millions d'euros, elle se développe à vitesse grand V dans l’univers très pointu de la "SpaceTech".

L'équipe lilloise de la start-up Grasp avec, au centre, le fondateur Oleg Dubovik et, à gauche, Yana Karol, directrice scientifique — Photo : Julie Dumez

Elle est l’une des rares start-up régionales de la "SpaceTech", ces technologies reposant sur l'exploitation des données spatiales. Basée à Lezennes, près de Lille, Grasp (30 salariés pour 2 millions de chiffre d'affaires attendu en 2022) est spécialisée dans le développement d’algorithmes et le traitement de données issues des relevés des satellites. "Nos clients sont les grandes agences spatiales du monde", détaille Yana Karol, directrice scientifique de la start-up. Agence spatiale européenne (ESA), Nasa, Cnes, ont trouvé chez Grasp un savoir-faire inédit. "Nous traitons et interprétons leurs données avec un objectif : comprendre les aérosols pour mieux caractériser l’atmosphère et la surface de la terre", décrit Yana Karol. Concrètement, les résultats de ces études nourrissent la compréhension des pollutions ou encore du changement climatique.

Fondée en 2015, la PME, pourtant très discrète à l’échelle locale, a acquis une reconnaissance internationale. Elle repose aujourd’hui sur l’expertise de chercheurs, pour la plupart issus du laboratoire d’optique atmosphérique (LOA) de l’Université de Lille. La société en est d’ailleurs un spin-off, soutenue par la délégation régionale du CNRS, qui a vu l’occasion de valoriser le fruit de sa recherche fondamentale. Si l’algorithme Grasp est en open source, c’est-à-dire en accès libre et gratuit, il reste la propriété du CNRS, la société utilisant une licence commerciale.

Constellation de projets

Autre marqueur de reconnaissance, la start-up vient de décrocher une subvention d’un million d’euros dans le cadre d’un appel à projet de développement de la filière Space Tech française. De quoi propulser un peu plus d’une vingtaine de nouveaux projets. Comme le lancement, début 2023, de ses propres satellites embarquant sa technologie et un polarimètre multi-angulaire (instrument de mesure offrant plusieurs angles de vues en plusieurs canaux spectraux, NDLR), "sans doute le seul instrument commercial de ce type dans l’espace", se réjouit Oleg Dubovik, directeur de recherche au LOA et cofondateur de Grasp. Un prototype testé avant le lancement sur orbite d’une constellation d’une dizaine d’autres satellites pour mieux quadriller la Terre.

Car l’accès à ces technologies se démocratise grâce à des coûts plus abordables et à la miniaturisation des technologies. Ces nanosatellites, appelés "CubeSat", ne sont pas plus grands qu’une boîte à chaussures. Pour les concevoir, Grasp a levé deux millions d’euros auprès de Findus Venture, un fonds d’investissement privé autrichien. Cet apport lui a permis de se déployer aux États-Unis en fusionnant avec son partenaire AirPhoton, fabricant d’appareil spatial issu de la Nasa, devenu depuis Grasp US.

Croissance fulgurante

Pour tutoyer les étoiles, Grasp s’appuie sur les compétences d’une trentaine de salariés dispatchée entre Lille, l’Espagne et les États-Unis. Pas moins de 13 nationalités qui réalisent une "croissance de 40 % par an", annonce Yana Karol. Ses perspectives à moyen terme promettent d’être dopées par un secteur en pleine ébullition. "D’ici trois ans, nous pensons être une cinquantaine et dégager 10 millions d’euros de chiffre d’affaires", anticipe la dirigeante.

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