Transformer des conteneurs maritimes en habitations ou en locaux professionnels, c’est le quotidien de la jeune société Ecoframe. Si son siège social est officiellement situé à Paris, pour des questions de visibilité, c’est à Douvrin (Pas-de-Calais), au sein du Parc des Industries Artois Flandres, que tout se joue. La jeune entreprise y a ses locaux physiques, bureaux comme ateliers, où travaillent ses quatre salariés. Là, elle transforme en lieux de vie d’anciens conteneurs maritimes, achetés sur le port d’Anvers. L’objectif : que le client final puisse en réaliser très vite l’installation sur son terrain. "C’est de la construction hors site, afin que les conteneurs aménagés soient opérationnels en 24 ou 48 h, le temps de relier l’eau, l’électricité, etc.", résume Bastien Gadenne, qui a cofondé cette entreprise aux côtés de William Decoster, alors qu’ils étaient tous les deux étudiants.
Un pari osé et remporté
Ecoframe a démarré son activité en janvier 2020, juste avant la crise sanitaire. Les deux entrepreneurs, qui visaient plutôt une clientèle de professionnels, ont dû revoir leur copie. "Nous avons rebondi en nous adressant aux particuliers qui, coincés chez eux, se sont concentrés sur l’aménagement". Désormais l’activité est réalisée à 90 % avec des professionnels de toute taille, depuis les petits restaurateurs jusqu’aux grands groupes comme Eiffage, Engie ou les hôtels Accor. Malgré la crise, l’entreprise a réussi à se développer sur un marché qui compte déjà des acteurs importants. Toutefois, "aucune entreprise de ce type n’est implantée entre Bruxelles et Paris. C’est un vrai avantage, qui nous a permis de bénéficier d’un effet de bouche-à-oreille sur cette zone".
Ce marché est par ailleurs difficile d’accès : "c’est une activité qui demande beaucoup de compétences techniques : en électricité, plâtrerie, menuiserie, isolation, etc." Si les deux étudiants ont osé relever ce pari, c’est simplement "parce que nous n’avions rien à perdre. Nous avons répondu aux premières commandes en apprenant sur le tas. Nous avons fait des erreurs, que nous avons ensuite rectifiées, avant de rencontrer des profils techniques". Ce pari s’est finalement avéré gagnant, puisque Ecoframe a multiplié son chiffre d’affaires par trois entre 2020 et 2021.
Vers une ouverture de capital
Ecoframe transforme 2 à 3 conteneurs par mois, revendus en moyenne 19 000 euros HT, pour une unité de 15 m². La jeune entreprise décroche par ailleurs des projets de plus en plus gros, qui associent plusieurs conteneurs. Elle a terminé l’année 2021 avec un chiffre d’affaires de 450 000 euros. "Nous devrions atteindre 700 000 à 800 000 euros fin 2022, sachant que notre carnet de commandes est plein jusqu’à août. Nous espérons être à deux millions d’euros d’ici cinq ans".
En attendant, Ecoframe a prévu de doubler en 2023 la taille de ses locaux actuels, 400 m² en location, ainsi que ses effectifs. "Nous sommes rentables depuis le démarrage et le développement est autofinancé", précise Bastien Gadenne. Les deux associés, "quasiment à parts égales", envisagent à présent d’ouvrir le capital pour accélérer, sans toutefois perdre le contrôle de l’entreprise. "Nous voudrions faire entrer un groupe industriel, qui nous apporterait à la fois un financement et un savoir-faire ". Des discussions sont en cours mais rien n’est encore arrêté.
