Coronavirus : SOS Entrepreneur et 60 000 Rebonds anticipent une vague de dépôts de bilan
# Réseaux d'accompagnement

Coronavirus : SOS Entrepreneur et 60 000 Rebonds anticipent une vague de dépôts de bilan

S'abonner

SOS Entrepreneur et 60 000 Rebonds Hauts-de-France s'attendent à une vague de dépôts de bilan dès la fin de l'année 2020 et début 2021. Après avoir mis en place des mesures d'accompagnement dédiées à la crise du Covid-19, ces associations tirent la sonnette d'alarme.

— Photo : Pixabay

Depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, l’association SOS Entrepreneur reçoit « 10 à 15 fois plus d’appels par jour », alerte Bruno Delcampe, son fondateur. Cette association, qui accompagne d’ordinaire les entrepreneurs en grande difficulté, a dû mettre en place une cellule de crise dédiée, constituée d’experts aptes à répondre à « des chefs d’entreprise paniqués ».

« Pour le moment, il n’y a pas d’afflux de dépôts de bilan, mais nous nous attendons à ce que ça change », commente de son côté Damien Deleplanque, président de l’association 60 000 Rebonds dans les Hauts-de-France et ex-dirigeant du groupe nordiste Adeo. Possédant des antennes à Lille, Dunkerque et Arras, cette association accompagne des dirigeants dans leur reconversion vers le salariat ou l’entrepreneuriat, à l’issue d’un dépôt de bilan.

Les aides de l’État retardent les dépôts de bilan

Si le confinement est synonyme pour beaucoup d’entreprises d’arrêt ou de ralentissement brutal de l’activité, « les aides apportées par l’État sont efficaces d’après mes informations, constate Damien Deleplanque. Nous avons donc peu de demandes liées à des dépôts de bilan mais nous nous attendons à un afflux important, avec un pic durant le dernier trimestre 2020 ».

Du côté de SOS Entrepreneur, le constat est identique : « A quelques exceptions près, les chefs d’entreprise parviennent pour le moment à équilibrer leur trésorerie, grâce aux mesures mises en place par le gouvernement. Mais dès la fin de l’année, cette crise va révéler son impact sur le résultat net. Il y aura des pertes et le chiffre d’affaires qui n’aura pas été réalisé ne sera pas rattrapé. Or, dès 2021 les entreprises vont devoir rembourser les reports de charge ou les prêts obtenus. Ce qui va se traduire par un bilan dégradé, une cotation Banque de France moins bonne et un raidissement des banques alors qu’il y aura des dettes à rembourser. Tout cela laisse présager d’énormes soucis et des cessations de paiements ».

Anticiper les difficultés de 2021

Pour aider les entreprises face aux difficultés actuelles et à venir, 60 000 Rebonds a lancé un coaching d’appui. Cette démarche permet à l’association d’intervenir, de manière exceptionnelle, auprès des dirigeants avant le dépôt de bilan. En place de manière gratuite jusqu’au 15 juillet, ce coaching s’adresse à tous les entrepreneurs en difficulté ou dans l’incertitude, ayant besoin de parler et d’être écouté. Il prend la forme de trois entretiens d’une heure, ou de deux entretiens d’une heure trente, avec des experts. « J’invite les entrepreneurs en difficulté à ne pas hésiter à nous joindre. Nous n’allons pas le nier, cette crise est grave. Il y aura un avant et un après, mais il faut avoir le courage de rester optimiste », souligne Damien Deleplanque.

De son côté, SOS Entrepreneur insiste sur la nécessité de tirer dès à présent la sonnette d’alarme. « 2021, personne n’en parle. Comme si personne ne voulait en entendre parler… Pourtant, c’est maintenant que les dirigeants doivent préparer cette période, s’ils veulent éviter la douche froide ». Membre du Portail du Rebond, un groupement d’associations accompagnant les entrepreneurs, il veut alerter le gouvernement : « Nous rencontrons des équipes de Bercy tous les quinze jours. Certains de nos appels ont déjà porté leurs fruits, au sujet du fonds de solidarité notamment ».

Pour éviter une année 2021 catastrophique, Bruno Delcampe a déjà quelques préconisations en tête : « On ferait mieux de financer les entreprises à hauteur de 10 % de leur chiffre d’affaires annuel en PGE (Prêt garanti par l’État NDLR), et d’injecter 15 % d’obligations subordonnées, qui seraient assimilables à des fonds propres. Cela permettrait d’éviter la tempête en reconsolidant le bilan des entreprises fragilisées par la crise. Il faut garder en tête que le Covid-19 est un événement extérieur aux entreprises, qui n’a rien à voir avec leur gestion habituelle ».

# Réseaux d'accompagnement