Quelques mois seulement après sa création, la start-up Keranova vient de lever cinq millions d'euros auprès de Mérieux développement, CEA investissements et Bpifrance. Un joli tour de table qui doit lui permettre de développer des prototypes d'équipements destinés à automatiser certains gestes liés aux opérations chirurgicales des yeux. A la tête de la start-up, une figure de la medtech lyonnaise, Fabrice Romano.
Innovation stéphanoise
Il avait fondé EyeTechCare à Rilleux-la-Pape dans le Rhône en 2008, start-up développant des dispositifs médicaux thérapeutiques non invasifs pour le traitement du glaucome et ayant levé 25 millions d'euros début 2016. Tout en restant un des actionnaires principaux, le chirurgien de métier avait décidé d'en quitter la direction opérationnelle en 2014. "J'ai 53 ans, je ne pensais pas me relancer dans une autre aventure entrepreunariale", sourit celui qui a répondu pourtant immédiatement présent à l'appel d'une équipe de cinq chercheurs de l'Université Jean Monnet de Saint-Etienne.
"Ils m'ont montré leur machine, j'ai été stupéfait. J'ai immédiatement compris qu'il y avait là une innovation de rupture à exploiter. La chirurgie ophtalmique n'a pas beaucoup évolué depuis 25 ans. Beaucoup de gestes sont encore manuels. Il ne s'agit évidemment pas que la machine prenne la place du chirurgien mais elle permet d'éviter les aléas humains".
Ensemble, ils ont donc créé Keranova en septembre 2015, rejoints par Sophie Valla, (ex directrice business développement pharmacie et chirurgie EMA de Bausch& Lomb).
Un pied à Saint-Etienne, un autre à Vénissieux
Pour l'instant constituée de cinq personnes, l'équipe de Keranova devrait s'étoffer dans les prochains mois pour atteindre un effectif d'une vingtaine de personnes d'ici à la fin de l'année. Les deux tiers devraient être basés à Saint-Etienne, où se situe désormais le siège social, les autres à Vénissieux. "D'ici le mois de mai, nous disposerons de bureaux et d'ateliers dans l'ancienne Manufacture d'Armes de Saint-Etienne. Les équipes techniques, des ingénieurs de très haut niveau, seront basées à Saint-Etienne, dans un écosystème exceptionnel sur ce secteur d'activité. Nous avons d'ailleurs été extrêmement bien accueillis par Saint-Etienne Métriopole, Bpi Loire etc". Les fonctions administratives, marketing...resteront implantées à Vénissieux où elles ont pris place depuis quelques jours.
Un marché à 10 milliards d'euros
Si Fabrice Romano ne souhaite pas s'engager sur un Business Plan pour l'instant, il égrène quelques chiffres laissant sous-entendre un plan ambitieux : "plusieurs dizaines de millions de patients potentiels dans le monde, un marché pesant près de 10 milliards de dollars...".
Grâce à cette première levée de fonds, Keranova devrait être capable de proposer un prototype d'ici 2/3 ans et un appareil final d'ici 3 à 5 ans.
