Marchés publics : Vendée Expansion veut une clause imposant de « parler français »

Marchés publics : Vendée Expansion veut une clause imposant de « parler français »

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Pour lutter contre les excès du travail détaché, Vendée Expansion, appuyé par des fédérations professionnelles, veut encourager les collectivités à imposer une nouvelle clause dans les marchés publics : être capable de comprendre un minimum le français sur les chantiers.
— Photo : Le Journal des Entreprises


Président de Vendée Expansion, Wilfrid Montassier aimerait voir apparaître une nouvelle clause dans les marchés publics : que tous les ouvriers comprennent un minimum le français ou, à défaut, qu'ils soient accompagnés d’un interprète.

« Amendement Molière »
La mesure cible bien évidemment le recours au travail détaché dans le BTP. « Un travailleur détaché, c’est un citoyen européen, employé par une entreprise française qui paie les charges sociales en fonction de son pays d’origine, rappelle Wilfrid Montassier. Une aubaine pour certains, qui s’en servent pour casser les prix ».

Avant d'ajouter :« L’argent public doit notamment permettre de soutenir l’emploi local. Ce serait quand même dommage, qu’après avoir assisté à la délocalisation de nombre d’industries, on confie massivement des activités non délocalisables comme le bâtiment, à une main d’œuvre à bas coût… »

L’idée de la clause rejoint l'idée de « l’amendement Molière », récemment proposé dans les débats sur la loi el-Khomri, et défendu notamment par le député vendéen Yannick Moreau.


« Prendre des mesures à l’échelle du conseil départemental »
...Et que le président de Vendée Expansion, aimerait voir « reprise par le conseil départemental dans sa prochaine session» et par autres collectivités. Mais Vendée Expansion va commencer par prêcher la bonne parole à son échelle, elle qui conseille les collectivités locales dans la conduite de projets d’infrastructures, intervenant parfois comme assistant à maîtrise d’ouvrage, en suivant les chantiers, en analysant les offres etc.


En attendant, elle dispose déjà du soutien des fédérations professionnelles . « On recense aujourd’hui 200.000 travailleurs détachés dans le bâtiment en France, issus notamment de Pologne, de Hongrie ou de Roumanie, comptabilise le président de la fédération du bâtiment (FFB 85) Henri Massiot. Sachant que les charges patronales payées dans certains pays peuvent être 30 à 40% moins chères... Difficile à entendre quand nous payons nos impôts ici, qu'on consomme sur place etc. ».

Egalement pour « raisons de sécurité ».
Le Vendéen et son homologue Nicolas Ratier, président de la fédération des travaux publics, invoquent aussi l'argument des risques pour la sécurité des travailleurs eux-mêmes. Via une logique : comment bien comprendre les directives du chef de chantier ? Comment intégrer toutes les normes de sécurité, différentes et souvent plus poussées qu'ailleurs, pratiquées en France ?

«Imaginez qu’un salarié français ait un accident et qu'il n'y ait que des travailleurs d'autres pays autour de lui. Respecter les consignes suppose d'appeler un numéro d’urgence, de dire où se trouve le chantier, d'indiquer la gravité de la blessure etc. Il faut pouvoir le faire ! », argumente Henri Massiot.

La clause linguistique pourrait même aider à relancer la formation en local, à en croire le Vendéen : «On a aussi des métiers en tension, rajouter une contrainte à l’emploi des travailleurs détachés peut amener les entreprises françaises à faire plus d’effort pour former les gens localement», estime-t-il.