France
Les Français plébiscitent les entreprises comme acteurs de changement
France # Conjoncture

Les Français plébiscitent les entreprises comme acteurs de changement

S'abonner

La crise sanitaire a amplifié le rôle traditionnel des entreprises qui bénéficient à la fois d'une bonne image auprès du grand public et de la confiance des salariés.

Le rôle de l'entreprise conforté par la crise sanitaire. Deux Français sur trois se disent fiers de leur entreprise. — Photo : Didier San Martin

Avec la crise, l'entreprise a changé de dimension aux yeux des Français. "L'entreprise est devenue la grande cause nationale", signale Geoffroy Roux de Bézieux, président du Mouvement des entreprises de France lors de la présentation des résultats de de la dernière enquête pour le Medef sur l'image et les attentes du grand public vis-à-vis des entreprises et de l'Etat.

Leur rôle sort de leur cadre traditionnel avec une "reconnaissance de leur capacité d'agir plus large qu'auparavant et une forme de réconciliation et de plébiscite de l'entreprise" poursuit-il, en indiquant toutefois que "l'entreprise ne peut pas tout".

Ainsi, les entreprises apparaissent parfois au même niveau que l'Etat parmi les acteurs sur lesquels les Français compte le plus pour agir. Dans le détail, si l'Etat doit continuer d'assumer ses missions régaliennes – lutte contre les inégalités ou les discriminations, respect de la laïcité ou amélioration de la sécurité –, les entreprises émergent sur de nombreux sujets comme l'augmentation du niveau de vie, l'égalité homme / femme ou la transition écologique. Tout en restant systématiquement en tête sur les sujets à dimension plus économique – création de richesse, conditions de travail, compétitivité, création d'emploi et innovation.

Les entreprises ont un rôle élargi

Le grand public attend ainsi des entreprises qu'elles mettent en œuvre à la fois des actions qui sont directement en lien avec leurs missions traditionnelles et originelles en faveur de la formation, du partage des profits ou de l'égalité professionnelle mais aussi des actions en faveur de l'environnement, de l'insertion professionnelle des personnes vulnérables ou encore de relations fournisseurs équitables et durables. Les choix et actions des entreprises étant systématiquement perçus comme ayant des effets positifs à la fois sur leur écosystème traditionnel – clients, actionnaires, salariés – mais également auprès d'acteurs externes comme le quartier, la ville ou la région d'installation et les citoyens dans leur ensemble selon l'enquête.

"On a été très surpris de retrouver les entreprises au-dessus de l'Etat comme acteur majeur des changements"

Autre chiffre éloquent, 37% du grand public attend des entreprises qu'elles prennent le relais de l'Etat sur certaines missions. "On assiste à une rupture avec le schéma observé dans notre pays jacobin où l'Etat était systématiquement en tête", relève Frédéric Dabi, directeur général opinion de l'Ifop. Ainsi, parmi les acteurs sur lesquels le grand public compte le plus pour améliorer les choses dans la société, l'Etat n'apparaît qu'en troisième position après les entreprises et les citoyens. "On a été très surpris de retrouver les entreprises au-dessus de l'Etat comme acteur majeur des changements", commente Geoffroy Roux de Bézieux. Autre résultat qui plaide encore en faveur des entreprises, le bon niveau d'optimisme des salariés pour leur entreprise et leur situation professionnelle. "Au cœur de cet optimisme réside sans doute une adhésion aux choix stratégiques de leur entreprise", commente Frédéric Dabi. Ainsi pour la majorité des salariés (69%), les décisions prises par leur entreprise pour assurer leur avenir vont "plutôt dans la bonne direction".

Et voient leur image sacralisée

Les entreprises auraient ainsi conquis le cœur des Français avec plus de huit Français sur dix qui déclarent en avoir une bonne image. Soit cinq points de plus qu'en 2020 et 12 points de plus qu'en 2017. "C'est la véritable reconnaissance du rôle des entreprises dans la sphère économique, sociale et sociétale", souligne Frédéric Dabi. Interrogés sur les mots qui caractérisent le mieux leur état d'esprit vis-à-vis des entreprises, les Français évoquent la confiance, l'attachement et l'enthousiasme avant l'indifférence, la méfiance ou la crainte.

""L'entreprise n'est plus vue comme un lieu anthropologique d'affrontement social"

"Les qualificatifs les plus positifs trustent le haut de la hiérarchie avec un rejet automatique et épidermique qui reste encore une fois très marginal", commente Frédéric Dabi. Ainsi, ils sont seulement 5% à évoquer de la colère envers les entreprises. Pour la grande majorité des Français, les entreprises sont à la fois un lieu de formation, de transmission, d'intégration, de création et d'innovation. Et constituent pour 69% d'entre eux un lieu de cohésion sociale et de dialogue social et pour deux tiers un lieu d'épanouissement personnel. "L'entreprise n'est plus vue comme un lieu anthropologique d'affrontement social. La rupture avec les représentations et les stéréotypes passés est complètement actée", abonde Frédéric Dabi.

Les salariés confirment eux aussi cette tendance de l'entreprise comme lieu de reconnaissance avec 54% qui estiment que leur travail est reconnu à sa juste valeur par leur entreprise et deux tiers d'entre eux qui affirment qu'elle les aide à acquérir les compétences leur permettant de s'adapter aux évolutions du marché du travail. Au final, ils sont 67% à déclarer leur fierté d'appartenir à leur entreprise.

France # Conjoncture