La reprise de l’activité dans l’aéronautique pénalisée par les difficultés de recrutement
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La reprise de l’activité dans l’aéronautique pénalisée par les difficultés de recrutement

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L’industrie aéronautique française peut souffler. En 2022, elle est entrée de plain-pied dans l’après-Covid. Problème : les entreprises de la filière ne parviennent pas à suivre le rythme de cette reprise spectaculaire. Ni à recruter en conséquence.

L’industrie aéronautique est repartie de l’avant en 2022, selon le Gifas. À tel point que les entreprises peinent à suivre la cadence — Photo : Airbus

L’industrie aéronautique redéploie ses ailes à vitesse grand V. Et peut-être même un peu trop : les entreprises craignent en effet de ne pouvoir faire face à cette reprise de l’activité, tant elle est vigoureuse. "La remontée des cadences est notre plus grand défi" pour 2023, estime désormais le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas).

L’aéronautique a tourné la page du Covid-19

Et pour cause : les inquiétudes nées de la pandémie de Covid-19 appartiennent désormais au passé. "Nous avons réussi à être tous au rendez-vous de la reprise, après une crise qui a été existentielle", se félicite le président de l’organisation Guillaume Faury, par ailleurs dirigeant d’Airbus. En 2022, le chiffre d’affaires du secteur a ainsi atteint 62,7 milliards d’euros (+13,6 % en un an). Une performance due surtout à l’envolée des recettes dans le domaine civil (+22,8 %), porté par la normalisation du trafic aérien, là où la Défense (-1,7 %) et l’espace (-5 %) ont encore montré quelques signes de faiblesse.

L’heure est d’autant moins au triomphalisme que le chiffre d’affaires total de l’aérospatiale reste bien inférieur à son niveau d’avant-coronavirus (-15,6 % par rapport à 2019). Mais l’horizon s’annonce quand même beaucoup plus dégagé, car, dans le même temps, les commandes ont, elles, explosé à 65,8 Md€ (+31,3 %, comparé à 2022). Tant et si bien qu’elles ont dépassé de 6,3 % leur valeur pré-pandémique ! Une bonne nouvelle qui ne va pas sans poser d’autres problèmes aux entreprises.

La reprise reste entravée par les difficultés de recrutement

"La demande est revenue, explique Guillaume Faury, mais la remise en route des supply chains, des fournisseurs, elle, n’a pas encore retrouvé son niveau de 2019. On se retrouve donc avec un écart entre la demande et l’offre qui génère ces tensions sur la montée en cadence."

Parmi les leviers identifiés pour aider la filière à remettre les gaz, le Gifas mise sur la numérisation, mais aussi le recrutement. "C’est une vraie galère, concède Clémentine Gallet, la présidente du comité Aéro-PME du Gifas. Nous voyons des PME qui n’arrivent pas à faire tourner leurs équipements, parce qu’elles n’ont personne à mettre dessus ! C’est ce qui tend le plus, aujourd’hui, la reprise et la capacité de la filière à produire."

Las, en la matière, les besoins sont loin de se tarir : les industriels envisagent 25 000 embauches cette année (apprentis inclus), contre 18 000 en 2022. Un volume qui s’est lui-même avéré supérieur de 20 % à leurs prévisions d’il y a un an.

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