Industrie du futur : la France dans le trio de tête européen
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Industrie du futur : la France dans le trio de tête européen

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L’industrie fait sa transformation numérique. Pour gagner en flexibilité, productivité et efficacité, les entreprises investissent de plus en plus dans ce qu’il est devenu coutume d’appeler « l’usine 4.0 ». Un virage digital déjà bien engagé dans les principales économies de la planète, comme le montre le baromètre mondial de l’investissement industriel, publié par le cabinet Trendeo. Dans cette nouvelle course à l’équipement technologique, l'étude montre que la France fait figure de locomotive d’une Europe toutefois à la traîne face aux Américains et aux Asiatiques.

Exemple d'entreprise française engagée dans l'industrie du futur, le groupe aéronautique Latécoère a ouvert, en mai 2018, à Toulouse, une usine 4.0, connectée et automatisée, avec l'objectif de réinternaliser certaines tâches et de réduire ses coûts — Photo : ©J.Jaulerry/ Le Journal des entreprises

L’industrie du futur, ce n’est pas pour demain… c’est déjà aujourd’hui ! La transformation digitale des usines est bel et bien enclenchée à travers le monde, à en croire le baromètre mondial de l’investissement industriel, établi par Trendeo, Fives, l’Institut de la réindustrialisation et EDF. Depuis 2016, l’étude a recensé dans la presse pas moins de 12 095 investissements dans des projets d’usine 4.0 sur toute la planète, pour un montant total de 4 813 milliards de dollars (près de 4 300 Md €).

Dans ce contexte, la France n’a pas à rougir de son rang… tout du moins au niveau européen, où elle figure systématiquement sur le podium pour le nombre de projets annoncés sur son sol ou réalisés par ses entreprises.

239 projets d’investissement dans l’industrie du futur en France

L’industrie tricolore figure ainsi dans le peloton de tête, sur le continent, en nombre de projets d’usine du futur annoncés entre janvier 2016 et mars 2019. Le baromètre en compte 239, positionnant la France derrière le Royaume-Uni (309 projets prévus dans ce pays) et la Russie (245), mais au coude-à-coude avec l’Allemagne (236). Le reste de l’Europe apparaît beaucoup moins en pointe : l’Espagne est la seule à dépasser les 100 projets (112 au total, soit deux fois moins que son voisin transpyrénéen).

La France présente par ailleurs un profil plutôt équilibré en termes d’origine des fonds : 52 % des projets identifiés sont financés par des investissements directs étrangers (IDE). En Europe, seule l’Autriche est (un peu) plus hermétique à ces capitaux venus de l’extérieur, puisque 48 % des projets en sont issus. La moyenne européenne est bien plus élevée, à 73 %. L’Allemagne se situe bien en deçà (64 %), le Royaume-Uni juste au-dessus (76 %).

Les entreprises françaises s’investissent dans l’usine 4.0

Est-ce à dire pour autant que la France, qui a attiré davantage d’IDE en 2018, est moins attractive pour les investisseurs internationaux intéressés par l’industrie du futur ? Pas forcément, car le baromètre montre aussi que les entreprises nationales jouent un rôle actif dans l’implantation d’usines 4.0 sur le territoire, poussées en ce sens par de nouvelles incitations fiscales notamment. Elles ont ainsi annoncé 416 projets d’investissement au total, dont 35 % sont situés dans l’Hexagone (soit 3 points de plus que la moyenne européenne).

C’est tout le contraire outre-Rhin. Certes, en volume, les sociétés allemandes financent quasiment autant de projets à domicile que les françaises le font chez elles (122 pour les premières, 145 pour les secondes). Mais elles sont beaucoup plus engagées dans l’industrie du futur, avec 712 investissements répertoriés au total. En proportion, seuls 17 % de leurs projets sont donc à destination de leur pays.

La France, pays « mature » dans une Europe modeste

Pour autant, le baromètre classe la France et l’Allemagne dans la même catégorie : celle des pays dits « matures ». Autrement dit, ceux qui ne comptent pas sur les investissements étrangers pour développer l’industrie du futur localement (la part des IDE y est inférieure à la moyenne), mais dont les entreprises mènent, dans le même temps, des projets d’usine 4.0 en dehors des frontières. Le Royaume-Uni adopte, lui, un modèle différent, celui des « économies « ouvertes » » : le niveau des IDE y est supérieur et les sociétés nationales sont davantage « orientées vers l’extérieur ».

Le dynamisme de la France et de ses deux voisins reste toutefois à relativiser, au vu du bilan par continent proposé par le baromètre de l’investissement industriel. L’Europe y apparaît comme un petit Poucet, avec 2 085 projets annoncés entre 2016 et 2019, soit 17,2 % du total mondial, quand l’Amérique en concentre un quart et l’Asie près de la moitié (48,2 %) sur la même période. Pis, dans cette partie du globe, les montants enregistrés sont plus de 4 fois supérieurs à ceux atteints sur le Vieux Continent (2 632,5 milliards de dollars mobilisés d’un côté, contre 640,6 milliards de l’autre). Qui plus est, les investissements asiatiques s’avèrent davantage pourvoyeurs de travail, avec une moyenne de 266 emplois créés par projet, pour seulement 135 en Europe.

# Industrie # Investissement # Union européenne