Ille-et-Vilaine : Edicolor étend son usine et gagne l’Amérique

Ille-et-Vilaine : Edicolor étend son usine et gagne l’Amérique

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Depuis près de 30 ans, l’imprimerie Oger Nuanciers (150 salariés), plus connue sous ses dénominations commerciales Edicolor Nuancier, Edicolor Print et Edicolor Numérique, laboure un marché de niche et surmonte les tempêtes en visant haut, avec une usine agrandie pour 7 M€ à Bain-de-Bretagne (35).
— Photo : Le Journal des Entreprises

L’entreprise Oger Nuanciers exploite un créneau très particulier : les firmes pour lesquelles les couleurs ont un impact primordial. Fabricants de peinture ou leaders de la cosmétique doivent pouvoir proposer des palettes rendant le plus fidèlement possible les nuances. Quand nous nous contentons de la quadrichromie, les équipes d’Oger Nuanciers peuvent passer jusqu’à 800 teintes différentes pour aboutir à l’absolu !
« C’est réellement un marché de niche. Nous n’étions que deux en France. Quand mon concurrent a fermé, en 2012, j’ai racheté ses machines pour qu’elles ne filent pas en Slovénie, en Croatie ou en Roumanie, et que le savoir-faire ne quitte pas la France », explique Alain Oger, le fondateur de l’entreprise de Bain-de-Bretagne dont il vient de passer la présidence à son fils Louheñvel.
Oger Nuanciers fait un bond fulgurant dans notre classement des PME à plus de 11 M€ de chiffre d’affaires contre 3,9 M€ l’année précédente. Une envolée qui s’explique techniquement par un bilan sur 18 mois mais qui récompense la persévérance.
La crise, il l’a subie de plein fouet. « En 2008, nous avons encaissé un recul de 40 % du chiffre d’affaires. Nous avons redressé la barre doucement, puis nous sommes retombés en 2013. Mais, depuis nous nous redressons, lentement mais sûrement ».

La dictature des acheteurs

En 2015, l’entreprise a investi sept millions d’euros entre le renouvellement de son parc machines (4,5 M€) et une extension de 2.500 m² de son usine désormais de 17.000 m², pour rapatrier son imprimerie de Cesson-Sévigné. Dans des conditions de marché tendues. « La nouvelle génération d’acheteurs ne regarde que le moins-disant en terme de prix. Quitte à ce que l’interface client se trouve en difficulté. Je me souviens qu’en 2007-2008, un responsable de l’italien AKZO nous a demandé, dans le carré final de sélection : "quelle est votre présence en Chine " Je lui ai répondu que ma présence en Chine s’appelle Bain-de-Bretagne ! C’était complètement stupide. Nous sommes dans des métiers qui ne supportent pas l’à-peu près. Ce génie de la finance a d’ailleurs été évincé. »
Pour lutter contre le dumping qui tire les prix vers le bas, Alain Oger a dégraissé partout où c’était possible. « Il n’y a que nos dirigeants politiques qui croient que l’on peut gagner 30 % à 40 % de productivité en claquant des doigts ! ». Les tâches les moins qualifiées ont été externalisées et l’entreprise emploie toujours environ 150 personnes contre 30 à sa création – et 240 au meilleur de sa forme.

En route vers l’Amérique

C’est le rééquilibrage de la parité euro/US qui ouvre de nouveaux horizons à l’entreprise bretillienne. « Il y a encore un an, on était à 1,47€/dollar. Aujourd’hui, nous sommes à moins de 1,10. Nous redevenons compétitifs ».
L’avenir est désormais sur le marché nord-américain. Avec des perspectives impressionnantes. « En France, avant 2008, les commandes pouvaient porter sur 30.000 à 40.000 unités. Après 2008, nous sommes tombés entre 3.000 et 5.000. Aux États-Unis, où ils cultivent toujours la culture du vrai nuancier, les commandes peuvent porter sur un million, un million et demi voire plus de deux millions et demi. Ça peut être explosif ! »
Un gigantisme qui n’effraie pas le P-dg d’Oger Nuanciers. « Au lieu de faire tourner deux lignes comme aujourd’hui, nous en ferons tourner trois de plus. Si cela arrive, nous aurons un an et demi de travail devant nous ! »