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Événementiel : suite à la crise Covid, une reprise en demi-teinte
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Événementiel : suite à la crise Covid, une reprise en demi-teinte

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Après deux années marquées par le Covid, le secteur de l’évènementiel et du tourisme d’affaires renoue avec la croissance notamment sur le marché du BtoC. Les organisateurs de salons professionnels doivent toutefois composer avec une pénurie de main-d’œuvre et un second semestre 2022 encore incertain.

Cédric Angelone, coprésident du Syndicat des activités événementielles (SAE) gérant de la société corporate Artcom — Photo : Cyril Chauvin

À la fin de 2021, Cédric Angelone, coprésident du Syndicat des activités événementielles (SAE) qui fédère 300 TPE et PME du secteur, était, comme tous les professionnels de l’évènementiel et du tourisme d’affaires, très pessimiste. La mise à jour du protocole sanitaire dans les entreprises et les annulations en chaîne des événements corporate avaient donné un nouveau coup d’arrêt brutal à l’activité d’un secteur déjà fortement impacté par la crise du Covid 19.

En 2020, les voyages d’affaires avaient diminué de près de 60 % en France selon une étude de KPMG. Les chiffres du bilan d’activité 2021 des parcs d’expositions et congrès publiés par la CCI Paris Île-de-France n’étaient guère plus réjouissants : 154 salons en présentiel avaient été supprimés, 67 transposés en version virtuelle tandis que plus de 3 millions de visiteurs et 39 entreprises avaient annulé leur participation. Soit au bas mot une perte de 8,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour les entreprises du secteur.

Une reprise grand public

Depuis le printemps dernier, la mécanique s’est remise en marche, "mais pas dans les mêmes volumes" estime Cédric Angelone. Les nombreuses aides et la relance progressive du tourisme de loisir domestique ont certes permis à certains acteurs polyvalents de compenser les pertes et de garder la tête hors de l’eau en attendant la reprise. Cédric Angelone, par ailleurs gérant de la société corporate Artcom (une agence qui fait de l’événementiel et représente une cinquantaine de métiers dont des organisateurs, des loueurs de matériels, des traiteurs, des agences d’hôtesses, des animateurs) note que l’événementiel B to C et les salons orientés grand public fonctionnent normalement voire sont en surrégime. "Ils attirent même plus qu’avant. Leur taux de pénétration a augmenté. Il faut dire qu’un salon permet aux exposants de collecter des contacts et de faire du business. A contrario, il est très dur de faire de la prospection avec des visioconférences".

Salons professionnels et voyages d’affaires encore au ralenti

Pour le volet corporate, les salons B to B et les évènements internes de team building, c’est en revanche différent et plus complexe. "Il y a un effet d’embouteillage avec une surcapacité à certaines périodes et un sous-régime à d’autres ", ajoute Cédric Angelone.

De leur côté, les acteurs du voyage d’affaires constatent que la crise n’est pas encore totalement derrière eux. Selon une étude publiée par le BTS (Business Travel Show), qui a sondé en mars 139 acheteurs voyages en entreprise à l’échelle internationale, près d’un professionnel sur deux estime que l’exercice 2022 n’atteindra que 59 % des volumes enregistrés avant l’épidémie de Covid et plus de la moitié d’entre eux pensent que le retour à la normale ne se fera pas avant 2024.

Un manque d’effectifs

Si les professionnels gardent malgré tout espoir, ils doivent en outre composer avec une pénurie de main-d’œuvre et une évolution des comportements des entreprises. Ainsi, selon le SAE, un salarié sur 5 du secteur a disparu et "les clients attendent désormais la dernière minute pour s’engager et valider tardivement les prestations", constate Cédric Angelone. Des événements qui mettaient six mois pour se préparer s’organisent désormais sur des temps beaucoup plus courts et ce sur fond de pénurie de main-d’œuvre. "En septembre, lorsque nous avons redémarré notre activité, nous avons dû recruter dans un délai très court 90 personnes, soit le quart de nos effectifs en France", affirme Renaud Hamaide, PDG de l’entreprise d’évènementiel Comexposium et coprésident de l’Union française des métiers de l’évènement (Unimev).

Le secteur reste donc en alerte et table sur une reprise durable et solide à l’hiver prochain. "Ce qui nous inquiète, c’est ce qui va arriver en octobre. Il faut prévoir ce qui va se passer et mettre en place les outils pour faire face à des problématiques déjà rencontrées l’année passée. Le sujet de la gestion de l’air en salle fermée doit notamment être mis sur la table, pour identifier les outils structurants ou temporaires dont nous allons avoir besoin" insiste Cédric Angelone.

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