Election au Medef : le Lyonnais Patrick Martin, déjà en campagne
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Election au Medef : le Lyonnais Patrick Martin, déjà en campagne

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Patrick Martin, président du Medef Auvergne-Rhône-Alpes et de l'ETI familiale Martin-Belaysoud Expansion (CA : 700 millions d'euros ; 2.500 salariés) a profité d'une conférence de presse de rentrée pour distiller des éléments rendant légitime sa candidature à la succession de Pierre Gattaz à la présidence du Medef en juillet 2018. Pour lui, l'organisation patronale « serait plus efficace s’il donnait davantage la parole aux régions ».

— Photo : Frederic Vigier

L’entrepreneur charismatique deviendrait volontiers un animal politique. Il en a d’ailleurs déjà quelques qualités, à commencer par une forme d’éloquence, de la distance et une très solide confiance en lui. Confiance qui s’est manifestée durant l’Université d’été du Medef, la semaine dernière, sur le campus d’HEC via une interview au quotidien L’Opinion. Interview dans laquelle le président du Medef Auvergne-Rhône-Alpes Patrick Martin indique sobrement qu’il [continuera] « à [se] rendre disponible pour servir le Medef et l’intérêt des chefs d’entreprise ». Président de l'organisation patronale au niveau national, Pierre Gattaz laissera sa place en juillet 2018 et a demandé aux potentiels candidats de taire leurs ambitions jusqu’à janvier, pour éviter une guerre des chefs. « Ce sur quoi personne n’est d’accord et sans que personne ne l’écoute. Il n’y a pas de raison que j’échappe à la règle », a discrètement glissé Patrick Martin.

Ligne de départ

Ainsi il n’est pas officiellement candidat. Mais se rapproche de la ligne de départ. « Le Medef n’a jamais été présidé par un représentant des territoires. La compétition se joue traditionnellement entre des secteurs d’activité mais le sens de l’histoire - régionalisation, loi NOTRe, déconcentration des services de l’État- nous pousse à évoluer. Le Medef serait plus puissant, plus efficace s’il donnait davantage la parole aux régions ». Patrick Martin explique : « Je ne vais pas vous dire en tapant des pieds et en sautant sur ma chaise que je serai ce candidat. Pour autant le plus important Medef régional est celui d’Auvergne-Rhône-Alpes », lequel a par ailleurs été installé dans le pavillon d’honneur fin août sur le campus de Jouy-en-Josas.

Bressois diplômé de l'Essec

Et d’expliquer que le Medef AURA a lancé (sous l’impulsion de Bernard Gaud son prédécesseur, NDLR) l’Observatoire de la fiscalité locale, a créé un programme d’accompagnement des TPE et PME dans leurs projets de levées de fonds. « Nous sommes perçus comme puissant » résume le Président. Avant de redire un mot de sa personne. A 57 ans, il demeure à la tête du directoire du groupe familial Martin-Belaysoud Expansion basé dans l'Ain. Diplômé de l'Essec, il a commencé sa carrière dans le financement d'entreprises avant d'entrer à 27 ans, par la petite porte, dans l'entreprise. « Je l’ai faite passer de 50 à 700M€ l’année dernière, avec 2500 collaborateurs » glisse-t-il. Le Bressois a déjà occupé le poste de Président du Medef Rhône-Alpes entre 2006 et 2011. Auquel il a renoncé pour des raisons familiales avant de signer son retour voici plus d’un an. « J’ai un petit parcours au Medef. A un moment donné j’ai arrêté, je n’ai pas sacrifié ma vie sur l’autel du Medef, mais j'ai pris du recul et de la bouteille » commente-t-il. « Tout cela conduit à ce que, de manière décontractée, on chemine vers un processus de désignation interne. Si cela devait être moi, je ne dirais pas non ».

Opération de lobbying

Comme pour illustrer son engagement auprès du territoire, Patrick Martin a profité d’une rencontre avec la presse pour appuyer une opération de lobbying engagée cet été par ses camarades de la CCI Lyon-Saint-Etienne et de la Chambre de commerce régionale. Objectif : relancer les grands projets d’infrastructures locales, au point mort depuis l’élection d’Emmanuel Macron et l’arrivée de Nicolas Hulot comme ministre d’État. En haut de la pile figure le dossier de l’A45 mais aussi le tunnel Lyon-Turin, le contournement de Grenoble ou encore la gare de la Part-Dieu. « Je tire un signal d’alarme, prévient Patrick Martin. Il ne faut pas sacrifier ces projets pour de soit-disant considérations environnementales qui masquent en réalité des contraintes budgétaires et une vision de court terme. Je suis d’ailleurs choqué de la distorsion de traitement entre l’Île-de-France et les régions. Quand on voit que 30 milliards d’euros se déversent sur le Grand Paris, on se dit qu’il y a deux poids deux mesures ».

Si Patrick Martin n’est pas encore officiellement candidat, il est en tout cas déjà entré en campagne.

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