Congés d’été : pourquoi les dirigeants doivent aussi s’arrêter

Congés d’été : pourquoi les dirigeants doivent aussi s’arrêter

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Difficile de faire face à la baisse d’activité qui intervient souvent l’été. Il est pourtant salutaire pour les dirigeants de PME de savoir s’arrêter. Pour prendre du recul, faire le bilan et mieux anticiper les projets de l’entreprise.

Photo : CC0

Pour les professionnels du tourisme, l’été est LA période clé de l’année. Mais pour la majorité des dirigeants d’entreprise, cette période rime souvent avec baisse d’activité, qu’elle soit subie ou souhaitée. Chez beaucoup de groupes industriels, les plans de congés et les périodes d’arrêt des sites de production sont bien cadrés, la plupart du temps similaires d’une année sur l’autre.

C’est le cas de Naval Group, qui profite par exemple des deux semaines de fermeture estivale de ses sites d’Indret (Loire-Atlantique) et de Cherbourg (Manche), pour y planifier de la maintenance de machines. Dans les grandes entreprises, cette période creuse est bien anticipée et absorbée. Mais pour les dirigeants de plus petites structures, la baisse d’activité induite par les congés d’été peut s’avérer un insoluble casse-tête.

Anticiper le ralentissement saisonnier

« Il existe diverses sources d’inquiétude pour un chef d’entreprise, et plutôt que de s’acharner à essayer de lutter contre une baisse d’activité généralisée, gérer ses inquiétudes estivales consiste à anticiper le ralentissement saisonnier », décrypte Sylvaine Pascual, dirigeante du cabinet Ithaque Coaching, qui accompagne des entrepreneurs.

Première inquiétude des entrepreneurs: les problèmes de trésorerie liés à la chute de l’activité l’été. « Il est nécessaire d’intégrer l’idée de cette baisse de chiffre d’affaires l’été dans son prévisionnel et son activité. Cela signifie planifier son seuil de rentabilité mensuel sur dix mois et non pas douze, de façon à ne pas être mis en situation délicate », conseille Sylvaine Pascual. Faire un suivi de facturation et les relances nécessaires pour encaisser toutes les factures de début d’année en juillet est aussi un bon moyen pour partir l’esprit un peu plus léger.

S’accorder cinq semaines de congés par an

Car trop de chefs d’entreprise sous-estiment encore les bienfaits professionnels d’un "break" estival. C’est ce qui ressort d’une enquête sur l’impact de la santé et du bien-être du dirigeant sur l’activité économique de l’entreprise menée par Viavoice auprès de 400 dirigeants d’entreprises de 5 à 100 salariés pour l’assureur Harmonie Mutuelle et le cabinet d’experts-comptables Soregor. « En croisant les indicateurs économiques des sociétés (chiffre d’affaires, marge, trésorerie, investissements,etc.) avec les pratiques de santé de leurs dirigeants, des corrélations significatives tendent à prouver cet impact », décrit l’enquête.

Les dirigeants s’accorderaient ainsi en moyenne moins de quatre semaines de congés par an. « Or les 36 % qui s’absentent cinq semaines par an sont ceux dont les entreprises connaissent la meilleure activité économique », estime l’enquête. « Ces chiffres sont encourageants pour les dirigeants qui se sentent souvent obligés de s’investir beaucoup plus que leurs équipes. Ils nous montrent que le temps qu’ils peuvent s’accorder pour eux est un facteur de performance de l’entreprise et qu’ils peuvent donc aborder de manière complètement décomplexée ces temps de vie ».

Faire le bilan

La dirigeante d’Ithaque Coaching abonde dans ce sens : « Il faut profiter de l’été pour prendre du recul sur son activité. C’est le moment de faire le bilan des actions menées depuis le début de l’année, sur les plans aussi bien comptable que commercial qu’en termes de produits ou de relations clients, et de prendre le temps de capitaliser sur les réussites, les accomplissements, autant individuels en tant qu’entrepreneur que de l’entreprise. Prendre la mesure de ce qui va bien renforce l’estime de soi, la confiance en soi et la capacité à faire des choix audacieux. Cela peut aussi être le temps de l’élaboration de nouveaux produits ou de nouvelles prestations ».

Et pour ceux qui ne peuvent (ne veulent ?) pas décrocher pendant l’été, profitez-en pour renforcer votre réseau professionnel, les rencontres pouvant prendre une tournure plus conviviale et moins formelle.