CJD : « Pour en finir avec l’opposition entre télétravail et santé économique »
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CJD : « Pour en finir avec l’opposition entre télétravail et santé économique »

Faut-il s'émouvoir de la généralisation du télétravail demandée par le gouvernement ? Non, plaident Emeric Oudin et Julien Leclercq, président et vice-président du Centre des jeunes dirigeants (CJD). Alors que certains employeurs contournent la règle, ils appellent les chefs d'entreprise à faire face à leurs responsabilités.

Emeric Oudin et Julien Leclerc, président et vice-président du CJD — Photo : DR

« Voilà une dizaine de jours qu’Elisabeth Borne martèle ce message : le télétravail doit être la règle pour l’ensemble des activités qui le permettent. Avant elle, le président de la République prévenait : « L’économie ne doit ni s’arrêter ni s’effondrer ! ». En tant que chefs d’entreprise, nous souscrivons pleinement à ces mots. Une économie qui fonctionne, c’est autant de sérénité pour nos collaborateurs et leurs familles.

En revanche, nous regrettons amèrement que certains dirigeants opposent télétravail et santé économique - comme si l’un contrevenait à l’autre – et continuent d’exiger une présence physique à leurs collaborateurs alors même que la nature de leur activité ne l’impose pas et qu’il y a quelques mois à peine, ils organisaient le travail à distance dans leurs entreprises.

Gardons-nous de toute caricature : la plupart des employeurs jouent le jeu. Il n’en reste pas moins que les exemples de contournement du télétravail perdurent. Dans un contexte de crise sanitaire où il est demandé à chaque citoyen de faire des sacrifices, les chefs d’entreprises n’échappent pas à la règle.

Sacrifices managériaux

Faire des sacrifices managériaux en temps de crise, c’est savoir hiérarchiser ses renoncements au bénéfice de la société. Renoncer temporairement à la valeur immatérielle des échanges physiques pour mieux protéger ses collaborateurs. Généraliser les visioconférences pour limiter les déplacements et endiguer à son échelle la propagation du virus. Bref, agir comme un citoyen responsable car la citoyenneté ne s’arrêtera jamais aux portes de l’entreprise.

Cette responsabilité en appelle d’autres. Les risques psycho-sociaux liés au télétravail sont désormais connus – l’occasion de rappeler aux plus cyniques que le télétravail est rarement une partie de plaisir pour les salariés et leur hiérarchie. Face à la solitude et à la rupture du lien social que peut générer le travail à distance, les dirigeants d’entreprise doivent accompagner leurs collaborateurs, notamment en mesurant régulièrement le moral de leurs équipes, en les invitant à respecter des plages horaires strictes et raisonnables, et en créant de nouveaux espaces de convivialité. Autant d’impératifs que nous espérons voir inscrits dans l’accord national interprofessionnel sur le télétravail en cours de négociation.

Une opportunité pour les entreprises de se réinventer

En tant que dirigeants, nous nous engageons dans cette voie-là en sachant également que derrière les responsabilités nouvelles qu’il induit, le télétravail est une formidable opportunité pour les entreprises de se réinventer, de créer de nouveaux modèles de collaboration avec les salariés et de stimuler la créativité des équipes en cassant la routine. C’est aussi et surtout une marque de considération et de solidarité vis-à-vis de toutes celles et ceux qui n’ont pas le luxe de choisir entre présentiel et distanciel et qui, chaque jour, se déplacent sur leur lieu de travail pour nous soigner, nous nourrir, éduquer nos enfants…

Alors une nouvelle fois, arrêtons de voir des injonctions contradictoires là où elles ne sont pas : non, la généralisation du télétravail ne conduira pas à l’arrêt ou à l’effondrement de notre économie. Prenons plutôt soin de nous et des autres, et acceptons de revoir nos méthodes d’avant pour mieux contribuer à l’effort national. Notre économie en sortira grandie. »

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