Plutôt discret dans les médias depuis sa création en 1934, le groupe familial finistérien Nicot Entreprises (200 salariés, 27 M€ de CA) a récemment fait parler de lui à travers sa filiale Pêcheur de Saveurs, dont les coquilles Saint-Jacques cuisinées au sarrasin se sont vues décerner en janvier le Prix de la meilleure nouveauté Produit en Bretagne. De quoi mettre en lumière le savoir-faire d’une entreprise créée en 1990 à Saint-Hernin, près de Carhaix, où elle emploie actuellement 49 salariés.
"Nous renouvelons 25 à 30 % de notre catalogue tous les six mois", indique Frédéric Plancher, le directeur général du groupe Nicot. Depuis 2016, Pêcheur de saveurs s’est en effet repositionné sur un marché porteur : les entrées apéritives innovantes à base de produits de la mer, qui représentent désormais 80 % des 400 tonnes de produit fini qui sortent chaque année de ses lignes de production.
Nouvelle gamme pour Pêcheur de saveurs
"Nous ne travaillons quasiment plus que des produits frais, sans conservateurs et sans colorants", se félicite le directeur général qui s’attache à se fournir en matières premières labellisées Pêche durable MSC et a obtenu l’année dernière le label International Food Safety. Une démarche dans l’air du temps et un atout certain vis-à-vis de ses clients, qui sont principalement des grands comptes de la grande distribution (80 %) et de la restauration hors domicile (20 %).
Pour continuer à se développer, Pêcheurs de saveurs mise sur la diversification et lancera en mai une nouvelle gamme de tapas et de produits tartinables sous la marque l'"Atelier breton, c’est tout bon". "Jusqu’à présent nos produits étaient vendus dans les rayons marée de la GMS. Avec cette nouvelle marque, nous voulons nous placer dans les rayons traiteurs et attirer un public plus jeune et festif", confie Frédéric Plancher, dont les recettes sont élaborées par Henri Pellen, le chef du restaurant l’Estran, à l’Île-Tudy.
L’Andouillerie du Château fait peau neuve
Après avoir installé Pêcheur de saveurs dans un bâtiment de 4 400 m2 sur un nouveau site en 2013, le groupe Nicot Entreprises y a rapatrié en 2019 une autre de ses filiales rachetée en 2013 : l’Andouillerie du Château (26 salariés, CA non communiqué), et auparavant installée à Châteauneuf-du-Faou dans des locaux devenus trop vétustes. Le tout pour un investissement total d’1,5 million d’euros. "Nous avons récemment repositionné l’Andouillerie du Château sur des produits premium afin de faire face à la hausse des matières premières et aux difficultés de recrutement", confie Frédéric Plancher qui, là encore, développe également une gamme d’andouilles pour l’apéritif afin de continuer à diversifier son catalogue.
Une saga familiale
Mais l’agroalimentaire n’est qu’une partie de l’activité du groupe Nicot Entreprises. Il est bien loin, en effet, le temps où Pierre Nicot baladait ses graines de marché en marché, en 1934 du côté de Concarneau. Dix ans plus tard, il crée un armement de 17 navires de pêche, qui sera revendu à Intermarché, en 2003. En 1978, il ouvre une jardinerie à Quimper, puis se lance dans les entrepôts frigorifiques avec Nicot Frigo et Services.
Dans les années quatre-vingt-dix, il passe la main à son fils et à ses deux petits-fils qui développent notamment la partie distribution de produits surgelés pour la restauration et les particuliers, ouvrent une nouvelle jardinerie à Lorient sous l’enseigne Truffaut et créent Savormer, l’ancêtre de Pêcheurs de saveurs. Depuis 2016, c’est Jérôme Nicot qui assure la présidence du groupe. Une saga familiale qui se poursuit aujourd’hui avec l’arrivée de sa fille, Julie Nicot, quatrième génération arrivée dans l’entreprise en 2016 au poste de responsable marketing et achats.
14 millions d’euros pour un nouvel entrepôt frigorifique
Et les projets de développement ne manquent pas pour préparer la suite. À commencer par le développement de Nicot Frigo et Services, qui se trouve de plus en plus à l’étroit malgré ses trois entrepôts de Concarneau (13 000 m2 et 4 000 m2) et Douarnenez (2 000 m2) actuellement capables de stocker 22 000 palettes et qui proposent des prestations de location de chambres froides, de surgélation IQF (Individually Quick Frozen), ou encore de conditionnement. "Nous disposons de tunnels de congélation alimentaire capables de traiter jusqu’à 60 tonnes de produits", souligne Frédéric Plancher.
Pour étendre ses capacités de stockage, le groupe Nicot investit 14 millions d’euros dans un nouvel entrepôt frigorifique de 7 000 m² qui sortira de terre à Briec fin 2022 et sera capable d’abriter jusqu’à 13 000 palettes. « Nous allons l’installer près de l’usine de valorisation des déchets voisine afin de réduire notre empreinte carbone », indique Frédéric Plancher. Un nouvel entrepôt qui a vocation à remplacer à terme les deux plus petits entrepôts du groupe, tout en créant une quinzaine d’emplois d’ici 2025.
Diversification toujours, en parallèle de son activité de stockage frigorifique, Nicot Entreprises s’est également lancé en 2019 dans le self-stockage pour les particuliers et les entreprises, avec une vingtaine de containers installés sur une zone couverte de 600 m2 en plein centre de Concarneau.
Des jardineries en pleine métamorphose
Les deux jardineries du groupe vont, elles aussi, bénéficier d’un coup de jeune avec notamment l’implantation de nouveaux rayons de végétaux d’exception, de mobilier ou encore d’épicerie fine et de produits bios et locaux. "Nous voulons passer de la jardinerie traditionnelle à des magasins d’art de vivre", indique Frédéric Plancher, qui a récemment investi 200 000 € pour repenser le parcours client de ses deux jardineries. "Nous allons également proposer des produits surgelés ou frais, tels que ceux de Pêcheurs de Saveurs, dans un rayon dédié. La partie mobilier et décoration quant à elle a été redimensionnée, et l’animalerie a été refaite l’année dernière. Nous testons également de nouvelles choses pour les espaces extérieurs, avec notamment des pièces végétales d’exception", détaille le directeur général.
Enfin, le groupe poursuit sa stratégie de diversification avec un projet de parc de loisirs couvert, à deux pas de sa jardinerie de Quimper. Un investissement de 8 à 9 millions d’euros pour un bâtiment qui devait sortir de terre cet été, mais dont la crise sanitaire a retardé les travaux. "Le projet est toujours vivant : il est différé mais reste bel et bien d’actualité", confie Frédéric Plancher.
