Coronavirus : est-ce une bonne idée d'organiser le salon de l'agroalimentaire CFIA à Nantes en septembre ? 
# Agroalimentaire

Coronavirus : est-ce une bonne idée d'organiser le salon de l'agroalimentaire CFIA à Nantes en septembre ? 

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Le CFIA, salon de l’industrie agroalimentaire, qui devait se dérouler au mois de mars à Rennes, a été reporté en septembre prochain à Nantes. Trop tôt, jugent certains dirigeants d’entreprise, qui estiment que le risque sanitaire sera encore trop présent pour organiser un événement qui rassemble 7 000 personnes par jour.

— Photo : © GL Events

Organisé chaque année à Rennes au printemps par GL Events, le CFIA (Carrefour des fournisseurs de l’industrie agroalimentaire) a dû être reporté. Il se tiendra finalement, à Nantes, du 29 septembre au 1er octobre. Le salon affiche déjà de nombreux exposants, dont 194 bretons, industriels de l’emballage mais également de l’agroalimentaire, de la formation, etc.

« Il faut y être, on n’a pas le choix, même si on ne sait pas comment ça va se dérouler ! »

Mais, alors que le Premier ministre annonce que le déconfinement ne signifie pas un retour à la vie d’avant, quelques patrons, habitués du salon, s’interrogent. « On ne sait pas comment cela va se passer. Je préfère réserver mon stand. Au pire, j’annulerais », estime Philippe Trousset, dirigeant de LCS à Mellac (Finistère). Pour Sébastien Conan, directeur général d’Idec Agro & Factory (50 M€ de CA, 55 collaborateurs), « il faut y être, on n’a pas le choix, même si on ne sait pas comment ça va se dérouler ! ». Son entreprise est spécialisée dans la conception-construction d’usines agroalimentaires, et profite en général de ce salon pour avancer sur des projets et nouer des contacts. « Il ne faut pas tout arrêter », estime-t-il, alors que les entreprises de l’agroalimentaire risquent de mettre le pied sur le frein au niveau de leurs investissements.

D’autres salons annulés en 2020

Pour Pierrick Doux, au contraire, il est hors de question d’y aller. « Nous avons annulé tous nos salons en 2020. À Bangkok, Sao Paulo, etc. Ils sont tous annulés ! », précise le patron du groupe Emballage Technologies (120 salariés, 30 M€ de CA), basé à Quimper (Finistère), dans les Côtes-d’Armor et en Normandie. « Pour moi, septembre, c’est beaucoup trop tôt pour organiser un événement qui accueille 7 000 personnes par jour ! Je n’ai rien contre GL Events. Je comprends que cela soit compliqué pour eux car ils font partie d’un des secteurs les plus touchés par cette crise avec le tourisme », conçoit-il.

« Même avec des masques, je ne vois pas comment il serait possible de respecter les gestes barrières sur un tel événement »

Pierrick Doux estime cependant qu’il n’est pas raisonnable d’envoyer ses équipes sur des salons, même en septembre. « On ne reprendra pas la vie d’avant. Même avec des masques, je ne vois pas comment il serait possible de respecter les gestes barrières sur un tel événement », note le patron quimpérois, qui ajoute : « On met en place des protections pour nos salariés, notamment ceux qui se déplacent dans les usines à l’autre bout de la France, nos commerciaux ne vont plus voir les clients. Ce n’est déjà pas simple. »

Emballage Technologies partage habituellement son stand avec Ouest Pack (35 salariés, 9 M€ de CA), une entreprise de Perros-Guirec (Côtes-d’Armor), « qui n’ira pas non plus », indique son dirigeant, Jean-François Perrault, qui possède également Tamain Emballages (10 salariés, 2 M€ de CA) à Coray (Finistère). « Il n’est pas question d’envoyer nos salariés dans des environnements d’une telle densité », poursuit Jean-François Perrault. Le dirigeant estime qu’il ne pourra pas reprendre une activité normale sur les salons avant le printemps ou l’été 2021, au moins.

Quid du nombre de visiteurs ?

Si certains exposants renoncent à venir au CFIA, il pourrait en être de même pour les visiteurs… C’est en tout cas ce que craignent des dirigeants qui y tiendront quand même leur stand. Béatrice Dupont, directrice business du groupe Valorex (125 salariés, 80 M€ de CA), spécialisée dans la valorisation de graines oléo-protéagineuses (lupin, lin, féverole…), « croise les doigts pour que le salon soit maintenu, confie-t-elle. Car nous sommes dans une dynamique de développement de beaucoup de nos projets et nous voulons garder le cap. Mais j’ai un doute sur le nombre de participants. Nous risquons d’avoir du mal à valoriser notre investissement dans ce salon. » Même constat pour Jean-François Perrault : « De la même façon que je n’enverrai pas mes salariés, je ne vois pas nos clients envoyer les leurs ! »

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