Reconfinement : les fédérations professionnelles d'Auvergne Rhône-Alpes sonnées
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Reconfinement : les fédérations professionnelles d'Auvergne Rhône-Alpes sonnées

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L'annonce du reconfinement est mal acceptée par les acteurs économiques d'Auvergne Rhône-Alpes, malgré l’urgence de la situation sanitaire. Les représentants de la CPME du Rhône, de la Fédération des commerces spécialistes des jouets et des produits de l’enfant, de l’U2P et de la Capeb, expriment leur découragement, leur colère et leurs craintes.

Photo : TiBine CC0

François Turcas, président de la CPME du Rhône :

"Nous respecterons scrupuleusement les demandes du président de la République. Mais tout le monde a peur. Nous avons reçu un gros coup de massue sur la tête. Il y a une part de psychologie, avec des salariés qui ont peur, des dirigeants pour certains fatigués, découragés, qui vont chaque mois chercher leurs salaries et ceux de leurs équipes et qui se demandent comment ils vont y parvenir dans les prochaines semaines. Pour moi, il y a les héros du quotidien et les héros incognito. Et les chefs de petites et moyennes entreprises sont de ceux-là. Les chiffres du chômage prouvent que les PME, qui représentent 90 % des entreprises françaises, continuent d’embaucher. Il ne faudrait pas que ces héros-là soient oubliés. La CPME va formuler un certain nombre de demandes car les dirigeants d’entreprises sont perdus dans un maquis d’aides et ne parviennent pas à monter les dossiers".

" Trouver une parade à cette complète iniquité concurrentielle "

Philippe Gueydon, coprésident de la Fédération des commerces spécialistes des jouets et des produits de l’enfant, PDG de l'enseigne iséroise de magasins de jouets et jeux King Jouet (CA 2019 : 275 M€ / 1 000 salariés), représentant 10 % du marché français du jouet.

"Les décisions prises, notamment le confinement, n'ont pas à être remises en cause et je fais confiance à ceux qui nous dirigent. Mais je réclame une équité de traitement a minima avec les grandes surfaces et si possible l’e-commerce. Il faut respecter les équilibres dans la filière. Je suis très en colère d’apprendre que les hypermarchés pourront librement ouvrir à leurs clients leurs rayons de jouets – sans démonstration d’ailleurs qu’un client serait plus en sécurité sanitaire dans un rayon d’hypermarché qu’à l’intérieur d’un de nos magasins King Jouet. Et les pure players internet vont potentiellement encore bénéficier d’un report arbitraire de parts de marché. Pour ces raisons, le gouvernement doit trouver une parade à cette complète iniquité concurrentielle, alors que nous sommes au cœur de la saison de Noël qui représente 60 % de nos ventes annuelles. Soit le jouet est un produit de première nécessité et nous pouvons tous rester ouverts dans un cadre sanitaire strict, soit ce n’est pas vu ainsi par les pouvoirs publics et alors les hypermarchés doivent fermer l’accès à leurs rayons de produits qui ne sont pas de première nécessité. Et les pures players Internet, comme cela avait été jugé pour Amazon au printemps, doivent strictement concentrer leurs ventes sur ces mêmes produits de première nécessité. Là aussi, c’est légitime pour ne pas "consacrer" le monopole de la vente de jouets entre les mains de quelques grands acteurs."

"Nous sommes abasourdis, même si on s’y attendait"

Pascale Jouvanceau, présidente de l’U2P Auvergne Rhône-Alpes, l’organisation patronale qui représente les entreprises de proximité (commerçant, artisans et professions libérales) :

"Nous sommes abasourdis, même si on s’y attendait. Nous sommes dans le flou total, on ne mesure pas la catastrophe qui est en train de se dérouler. Des entreprises ne vont pas se relever. Économiquement, la situation est très difficile. Derrière les entreprises, il y a des hommes et des femmes. Cette décision va entraîner des drames sociaux et humains dont on ne mesure pas les conséquences. Il y a aussi de l’incompréhension derrière cette décision. Comment se fait-il que les grandes surfaces qui ne vendent pas uniquement des produits de première nécessité soient autorisées à pouvoir vendre d’autres produits ? Cela crée une incompréhension légitime de nos adhérents et des commerçants en général. Nous ne pouvons l’accepter ! Au-delà de ça, il y a également tout un tas de questions qui demeurent encore sans réponses : comment ceux qui peuvent continuer à ouvrir vont pouvoir le faire ? Quelles aides pour ceux, à l’inverse, qui doivent fermer dès ce soir ? Nous avons besoin de connaître les aides mais surtout de savoir comment les professionnels peuvent obtenir une information claire et rapide. Nous demandons la mise en place d’un interlocuteur unique qui puisse conseiller et guider les professionnels dans leurs interrogations et pouvoir rapidement savoir à quels dispositifs ils peuvent prétendre."

"On craint que nos clients renoncent à lancer ou poursuivre leurs chantiers"

Dominique Guiseppin, président de la Capeb Auvergne Rhône-Alpes, qui représente 68 000 entreprises artisanales et 76 000 salariés, dont 8 100 apprentis :

"À la veille de l’annonce du président Macron, nous indiquions que près d’un chef d’entreprise sur deux avait retrouvé son niveau d’activité d’avant la crise sanitaire. Seules 9 % des entreprises déclaraient ne pas avoir retrouvé du tout leur niveau d’activité notamment les entreprises d’isolation et tous corps d’état, les électriciens et les plombiers chauffagistes, dans les départements de Haute-Loire, d’Isère et du Rhône. Notre crainte aujourd’hui, alors que les artisans travaillent pour 50 % pour des particuliers, est que ceux-ci renoncent à leurs travaux en étant présents à la maison. D’autant que nous déplorons une forte baisse des commandes publiques depuis avant les élections municipales, tandis que sur les appels d’offres, nous observons que les entreprises retenues sont bien souvent les moins-disantes en termes de prix… En parallèle de ce facteur que nous ne maîtrisons pas, nous serons vigilants à ce que les mesures d’aides, notamment les reports des charges soient actés et vite."

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