Pour Phoenix Mobility (32 salariés), spécialiste grenoblois du rétrofit de véhicules utilitaires (conversion des véhicules essence et diesel à l’électrique), 2022 s’annonce comme une année charnière. Après deux ans de R & D, tests et validation, et une année passée à faire du lobbying auprès des pouvoirs publics pour obtenir un texte réglementaire (l’homologation en série des véhicules convertis) en adéquation avec le développement à grande échelle de son projet entrepreneurial, Phoenix Mobility va enfin démarrer sa phase d’industrialisation.
Pour ce faire, la PME dont la mission affichée est de rendre la mobilité plus propre et plus accessible a levé 3 millions d’euros en novembre 2021. Réalisé auprès d’investisseurs privés du secteur de la mobilité, des énergies renouvelables, du réseau Angel Square, de Meta Partners et de partenaires bancaires, ce premier tour de table a permis à Phoenix Mobility de recruter du personnel et de se doter d’une usine de 1 200 m² avec 800 m² dédiés à la production et au montage des kits nécessaires à l’électrification des véhicules utilitaires.
1 000 kits par an à horizon 2024
"Nous sommes en train d’équiper cette espace de production. Aujourd’hui, nous avons une ligne pilote qui nous permet de sortir les premiers kits et de livrer nos premiers clients. Progressivement, nous allons monter à 4 lignes, puis 8, pour aboutir au final à 12 lignes", confie Antoine Desferet, l’un des cinq cofondateurs de Phoenix Mobility.
Une montée en charge programmée sur deux ans, qui devrait permettre à l’entreprise grenobloise d’atteindre les 1 000 kits par an à horizon 2024. "Pour l’instant, nous sommes en pleine structuration des process. À partir du second semestre, nous devrions être en capacité de produire et équiper quelques dizaines de véhicules, puis quelques centaines en 2023, pour atteindre le millier en 2024. Ce qui nous amènera à un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros", développe le dirigeant. Côté effectif, Phoenix Mobility devrait doubler de taille d’ici 2023 pour atteindre 60 salariés et "80 à 90 salariés en 2024", précise Antoine Desferet.
45 ZFE en 2025
Cette croissance est en fait calée sur la montée en puissance des Zones à Faibles Émissions (ZFE). Dans le cadre de la loi "Climat et résilience", toutes les agglomérations métropolitaines de plus de 150 000 habitants (45 au total) devront comprendre une ZFE d’ici au 31 décembre 2024. Les véhicules les plus polluants seront progressivement interdits de circulation.
"Plus aucun véhicule diesel ne pourra circuler à Paris et la mairie a déjà prévenu qu’il n’y aurait pas de dérogation. Or 98 % des professionnels utilisent des véhicules diesel. Ils vont donc devoir trouver des solutions", explique Antoine Desferet. Celle proposée par Phoenix Mobility présente l’avantage d’être particulièrement économique. "Un véhicule utilitaire électrique neuf c’est 50 000 euros minimum, alors que la conversion à l’électrique c’est entre 20 000 et 25 000 euros", illustre le dirigeant. Selon lui, les ZFE vont engendrer une demande de véhicules électriques telle que les constructeurs ne parviendront pas à y répondre. Phoenix Mobility a donc une place à prendre et un objectif : devenir l’acteur de référence du rétrofit de véhicules professionnels en France et en Europe.
