Le télétravail "post-Covid", mis en place sans formation ni véritable organisation, nuit à la santé psychologique des travailleurs, même après leur retour dans l’entreprise. Il interroge sur la porosité des frontières entre vie professionnelle et personnelle, les salariés ayant des difficultés à se déconnecter du travail en fin de journée avec des conséquences dans leur vie quotidienne. Le télétravail devient ainsi le creuset des inégalités entre femmes et hommes : la journée de télétravail d’une femme et celle d’un homme ne se ressemblent pas.
Risque accru de burn-out féminin
Ainsi, un sondage Harris Interactive commandé par le secrétariat d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes confirme qu’en période de télétravail (pendant le confinement), les tâches ménagères, la préparation des repas et le soin des enfants échoient majoritairement aux femmes qui sont par ailleurs plus nombreuses que les hommes à partager leur espace de travail avec d’autres personnes, notamment les enfants. Il en résulte une détresse psychologique plus importante chez les femmes pour qui le télétravail post-Covid ressemble à une double journée menée de front : il ne s’agit plus de faire le ménage, préparer les repas et s’occuper des enfants après le travail, mais bien de faire tout cela en même temps. Les femmes se retrouvent surexposées à une combinaison de charges mentales - celle de la vie professionnelle et celle de la vie personnelle – et voient leur risque de burn-out décupler.
Les entreprises ont donc un rôle à jouer dans la lutte contre ces dérives d’abord en formant leurs salariées ET salariés à un télétravail clairement structuré. Cela passe par la mise en place d’un environnement dédié au travail à domicile et une bonne structuration des plannings pour éviter les interruptions incessantes et les chevauchements d’activités professionnelles et personnelles. Il s’agit également de bien choisir quelles sont les tâches qui doivent être effectuées à distance et celles qui doivent être faites au bureau, par exemple les activités les plus complexes comme les brainstormings.
Dès lors l’entreprise pourra, à travers la formation de tous ses salariés au télétravail, devenir le vecteur non pas d’un transfert des inégalités professionnelles mais d’une véritable prise de conscience.
