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LDLC allège ses dettes et reste sur son axe
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LDLC allège ses dettes et reste sur son axe

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Depuis 24 mois, l’entreprise de distribution de matériel informatique, symbole de réussite du modèle entrepreneurial lyonnais, connaît de sérieuses secousses. Ces derniers mois, le groupe coté a annoncé plusieurs opérations pouvant laisser croire à un repli. Olivier de la Clergerie, son directeur général assume ses choix. Et garde le cap. Le groupe annonce être entré en négociations exclusives avec la société Rue du Commerce en vue d'acquérir le site Top Achat, effectuant une montée en gamme dans son circuit de distribution.

Olivier de la Clergerie, directeur général du groupe LDLC — Photo : LDLC / Stef Guiochon

Sacrément secoué par des vents contraires depuis presque 24 mois, le groupe de distribution IT donnerait-il des signes de repli ? L’exercice 2018-2019 s’est clos le 19 juin dernier avec un résultat opérationnel négatif de 4,30 M€ sur l’exercice 2018-2019 (contre 14,60 M€ en 2017-2018) et un Ebitda passé de 14,60 M€ l’an dernier à 2 M€ en juin dernier. À quoi s’ajoute une action qui dévisse en Bourse, passant d’un « plus haut » à 37,50 euros il y a trois ans, à 7 euros en moyenne ces dernières semaines.

Hausse des matières premières et problème de stock

Quelques jours après la publication de résultats en berne, le groupe installé dans un campus de 7 350 m² à Limonest annonce vouloir céder ce lieu, acquis en crédit-bail pour 22 M€ en 2017. L’opération est conclue avec Allianz Value Pierre le 12 septembre, pour un montant de 32,3 millions d’euros. Avec la cession de son entrepôt de Nantes en juin dernier, la réduction de l’endettement financier net du Groupe LDLC atteint 41 M€, contre un endettement financier net de 61,5 M€ au 31 mars 2019.
À cet événement majeur dans la vie de l’entreprise s’ajoute une autre alerte. Le passage, le 2 septembre dernier, du marché coté Euronext à celui d’Euronext Growth (ex Alternext), marché réglementé des entreprises de taille plus modestes. « Ce transfert a été rendu nécessaire, précise le dirigeant, par la mise en application au 1er janvier 2019 de la norme IFRS 16, qui impacte négativement la façon dont sont présentés l’endettement de l’entreprise et son résultat. On ne se reconnaissait plus dans ce modèle-là. Il ne donnait pas de lisibilité intéressante à nos actionnaires et générait des coûts de l’ordre de plusieurs centaines de milliers d’euros chaque année », indique Olivier de la Clergerie, soulignant que » rien ne s’est fait dans la précipitation, après 14 ans de présence sur Euronext ».

« On reste sur notre axe, en poursuivant la diversification et le déploiement en franchise »

Cette année 2019 est celle des économies. Alors qu’en 2017, l’entreprise envisageait l’embauche de 70 salariés pour accompagner sa croissance, la réduction des coûts salariaux a atteint 3,5 M€ en 2019, sur un total de 50 M€. « C’est massif, mais nous n’avons pas pour autant coupé 50 % des effectifs », assure Olivier de la Clergerie, concédant cependant un passage de 1 014 collaborateurs au 31 mars 2019, à 920 salariés mi-septembre « sans licenciement ».

En parallèle, le dirigeant adopte aussi un management plus « collaboratif » pour des salariés « en quête de sens ». En termes d’organisation, il s’agit aussi de « responsabiliser les individus », en mettant en place des outils plus transversaux pour répartir les responsabilités sans ajouter des couches hiérarchiques. À titre d’exemple, LDLC soutient en interne l’initiative de deux collaborateurs, Yoann et Florent à l’origine de Waya, une « intra-entreprise » qui conçoit aménage et décore les espaces de travail.

Campus LDLC — Photo : LDLC

L’ambition d’atteindre le milliard d’euros de chiffre d’affaires reste pourtant un objectif. Mais plus question, en revanche, de viser 2021. « Nous conservons ce projet, mais sans nous imposer de timing ». Échaudée par les difficultés systémiques des derniers mois, la famille de la Clergerie qui possède 40, 21 % des actions du groupe espère un retournement de conjoncture. Il faut dire que depuis 24 mois, le marché a été « compliqué », du fait notamment de phénomènes macroéconomiques « sans lien mais redoutables » touchant les activités BtoB ou BtoC. Les prix des puces mémoires fabriquées en Chine ou aux États-Unis (quatre fabricants dans le monde) ont atteint des sommets, avec plus de 200 % de hausse. À cela se sont ajoutées des problématiques plus techniques sur les cartes graphiques dont l’usage a été détourné pour miner la cryptomonnaie à des fins spéculatives. « Le marché a été asséché, nous n’avions plus de stock pour répondre à la demande de nos clients. C’était totalement imprévisible et ça a perturbé la capacité d’approvisionnement du groupe », rapporte le directeur général Olivier de la Clergerie. Qui a toutefois fait le choix de poursuivre ses investissements dans les mêmes proportions que pendant la période de croissance. « Il fallait continuer à investir pour ne pas prendre de retard », assure-t-il. « Nous nous sommes endettés à hauteur de 55 M€ en deux ans pour financer notre croissance externe. Mais avec ces éléments négatifs, il était devenu nécessaire de se réaligner sur les priorités de l’entreprise ». Le dirigeant entend maintenir le groupe « sur son axe », en poursuivant la diversification et le déploiement en franchise. « Nous n’avons malheureusement aucun moyen de nous protéger de ces épisodes de spéculation mondiale. Mais les indicateurs sont bons et nous permettent d’entrevoir le retour de la croissance ». La stratégie de réduction de la dette paraît payante. LDLC financera l'acquisition de Top Achats sur fonds propres.

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