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Lactips, le nouvel OVNI de la plasturgie
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Lactips, le nouvel OVNI de la plasturgie

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Marie-Hélène Gramatikoff pilote Lactips, anagramme de "plastic", une start-up industrielle en quête d'1,5 M€ pour révolutionner les modes de conditionnement.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Ces deux-là se sont trouvés. Avec son passé d'ingénieur plasturgiste pour un géant du secteur, bientôt diplômée du CPA à l'EMlyon, Marie-Hélène Gramatikoff cherchait un projet ambitieux qui la fasse vibrer. Frédéric Prochazka, chercheur à l'Université Jean-Monnet (Saint-Étienne) l'inventeur du procédé permettant de créer des matières plastiques nouvelle génération à partir de protéines de lait attendait un(e) associé(e) aux épaules solides. Il avait déjà à ses côtés Fabrice Plasson, dirigeant d'entreprise qui a rapidement cru à sa découverte.

Lobbying

Tous trois sont associés au sein d'une SAS et ambitionnent de propulser le chiffre d'affaires de Lactips à 5 ou 6M€ d'ici 3 ans, plusieurs dizaines de millions à cinq ans. Comment ? « Stratégiquement nous sommes sur un déploiement commercial vers des filières connues, les tablettes de lave-vaisselle ou de machine à laver par exemple, expose la dirigeante, qui détient la majorité des parts. Notre atout, c'est notre technologie exclusive basée sur un brevet qui permet à Lactips de proposer des polymères solubles dans l'eau froide, biosourcés et biodégradables. En travaillant pour des géants du secteur, nous comptons sur la puissance de leur lobbying pour que les normes soient modifiées en notre faveur. Exemple : si demain l'Ecolabel exige que le film plastique ne soit plus seulement hydrosoluble mais aussi biodégradable, le mouvement se fera en notre faveur » assure-t-elle.

Chaîne de valeurs

Selon cette stratège, le facteur clé de succès sera la rapidité du déploiement commercial. Car elle se frotte à bien plus gros qu'eux. « Nous visons des marchés énormes de plusieurs milliards d'euros. Pour exemple le marché du PVOH [plastique hydrosoluble mais non biodégradable ni comestible, NDLR] pèse 5,5Md de dollars. Les fournisseurs mondiaux sont actuellement presque monopolistiques, et sont principalement des géants japonais tels que Kuraray (2,5Md$) ou encore Nippon Gohsei (1Md$). Nous allons nous engouffrer dans leurs failles (problèmes de dissolution de la matière à basse température et matière non dégradable). Dès que nous deviendrons visibles, nous devrons donc prendre toutes les places possibles pour ne pas nous faire dépasser par plus gros que nous ».

La rupture technologique proposée par Lactips réside aussi dans la réactivation de la chaîne de valeur. « Alors que les géants livrent directement au client final, nous passons par des transformateurs locaux à qui nous fournissons la matière première, nous travaillons par exemple avec SES43, ou Helian Polymères. Ces derniers auront donc intérêt à nous recommander». Et plus tard, l'enjeu sera de conduire une innovation de rupture. « Grâce à notre procédé nous pouvons créer des emballages comestibles pouvant contenir des liquides sans eau, tels que du sirop, de l'alcool.... Mais pour l'instant le marché n'est pas prêt » regrette l'ingénieur, qui en attendant vise un marché émergeant en croissance de 25 % par an, celui de l'impression 3D. Car Lactips est une matière première vendue sous forme de granule transformable en filament qui convient parfaitement à l'impression 3D.

Installée sur la plateforme d'innovation collaborative "Axel'One PMI" dédiée aux matériaux innovants (lire page 20), Lactips est prête à répondre aux premières commandes déjà passées par un gros industriel et une petite PME. « Pour l'instant nous n'avons livré que des prototypes. Dès que nous serons équipés de deux machines, nous serons capables de commencer l'industrialisation, avec une capacité de plusieurs tonnes par jour » projette Marie-Hélène Gramatikoff. Pour l'heure il lui reste un gros dossier à boucler : la levée de fonds qui doit permettre de lancer la production. « Je cherche à lever 1,5M€ mais nous n'avons pas encore bouclé le tour de table. Je réfléchis donc à mixer les fonds par du crowdfunding et des business angel ». Le temps presse : sur son business plan, la dirigeante prévoit le lancement du site de production en 2016 et le déploiement à grande échelle en 2017.

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