L’automne 2021 aura été studieux pour Samuel Stremsdoerfer, patron de l’entreprise lyonnaise Jet Metal Technologies (CA 2020 : 6 M€ ; 25 salariés) une PME installée à Champagne-au-Mont-d’Or (Rhône) et spécialisée dans le traitement de surface par métallisation. Jet Metal Technologies achève sa troisième opération capitalistique début novembre après avoir levé 5 millions d’euros en 2009 et 2012 au cours de deux tours de table. "Nous venons de boucler une levée de fonds de 6 millions d’euros. C’est une nouvelle étape dans la croissance de Jet Metal", souligne le PDG. Le Fonds régional d’investissement (FRI) de Siparex rentre au capital à hauteur de 2 millions d’euros, comme actionnaire minoritaire. Le solde du financement est réalisé par de la dette bancaire permettant à la société de racheter les parts des premiers actionnaires. Ce financement va permettre d’orienter la PME sur de nouveaux chemins de croissance. "Nous allons pouvoir financer notre pivot, notre ouverture vers le marché américain ainsi que notre développement vers de nouveaux applicatifs", détaille Samuel Stremsdoerfer.
Accélérer le pivot
Spécialisée dans la décoration et la fonctionnalisation de pièces en verre et en plastique par métallisation, Jet Metal change de dimension avec cette levée de fonds. L’objectif ? Internaliser le savoir-faire et confirmer le virage pris par l’entreprise il y a quelques mois. La société qui vendait jusqu’alors les machines et consommables relatifs à sa technologie de métallisation aux sous-traitants du luxe évolue vers une activité de service en internalisant directement le procédé. "Nous souhaitons monter dans la chaîne de valeur en proposant directement le service de métallisation. On va passer de la vente de procédés à la vente de services comme sous-traitant", résume Samuel Stremsdoerfer. Un pivot qui concernera les activités de décoration par métallisation pour les objets plastique et les applications fonctionnelles, soit la plus grosse partie du business de la PME. "Dans le domaine du verre, nous restons sur un modèle de vente de machines et de consommables", précise-t-il.
Adresser le marché américain
Mais ce projet n’est pas le seul en cours pour le quadragénaire. Le dirigeant est en train de faire construire une usine au Mexique qui emploiera à terme une centaine de salariés et permettra d’adresser ses clients du continent américain dès septembre 2022. 75 % du chiffre d’affaires de la PME est déjà réalisé à l’export dont 25 % en grand export (États-Unis et Asie). "Nous voulons affirmer notre leadership en matière de métallisation en Europe et aux États-Unis sur le marché de la décoration des produits de luxe", précise le PDG. D’ici au premier trimestre 2022, la Jet Metal devrait acquérir une entreprise industrielle de la région dont le rachat est en cours. "Nous sommes actuellement dans les audits financiers", précise-t-il.
À horizon trois ans, Jet Metal Technologies compte multiplier ses effectifs par près de trois en France et vise un chiffre d’affaires de près de 20 millions d’euros. "Nous allons nous positionner sur de nouveaux marchés avec une offre différenciante, extrêmement pertinente en matière de maîtrise des process industriels et écologiques", souligne Samuel Stremsdoerfer.
Du verre au plastique
Une accélération tous azimuts pour cette petite PME, grâce à la maîtrise d’une technologie prometteuse. Fondé en 2007, Jet Metal Technologies s’appuie sur une technique de métallisation par pulvérisation développée à la fin des années 1990 dans un laboratoire de l’École Centrale de Lyon par Guy Stremsdoerfer, directeur de recherche et père du fondateur de Jet Métal. Le fils s’est chargé d’industrialiser et de commercialiser le procédé à partir de 2005. En 2009, la société champenoise débute la vente de machines et de consommables (des produits chimiques nécessaires à la métallisation) auprès des acteurs du luxe (cosmétique, parfumerie et spiritueux) pour la décoration de leur packaging en verre. "Notre technologie permet de déposer plusieurs couches métalliques sur des pièces pour leur apporter des propriétés esthétiques", souligne-t-il.
La société devient rapidement leader en Europe sur la métallisation du verre, un marché de niche, estimé à une vingtaine de millions d’unités par an. Elle s’ouvre par la suite aux pièces plastiques (mascara, rouge à lèvres, bouchons de parfums, …) toujours sur le créneau de la décoration. "Nous adressons la quasi-totalité des grandes marques de luxe par l’intermédiaire de leurs sous-traitants en packaging", note le PDG.
Vers des applicatifs fonctionnels
La suite mêle quête d’innovation et de nouveaux marchés. Depuis 2015, l’entreprise s’est attachée à développer des applicatifs autres que ceux de la décoration. "Notre technologie par pulvérisation permet d’apporter des propriétés fonctionnelles comme de la conduction électrique, d’évacuation de charges, de blindage électromagnétique ou des propriétés antibactérienne et antivirus", développe le dirigeant qui adresse depuis peu de nouveaux marchés à forte valeur ajoutée : automobile, aéronautique, santé. Des revêtements qui s’appliquent aussi bien sur des supports plastiques que textiles. D’ici cinq ans, les marchés traditionnels ne devraient représenter plus que 20 % de ses revenus. Preuve de l’enjeu de ces nouvelles applications.
Maîtrise de l’impact carbone
L’autre grand chantier que mène Samuel Stremsdoerfer pour les années à venir réside dans le déploiement d’une offre de maîtrise de la consommation de carbone. L’installation d’une ligne de production 4.0 entièrement automatisée sur 1 200 m² du site de Champagne-au-Mont-d’Or destinée au marché de la fonctionnalisation est en cours. Sur cette ligne, Jet Metal sera en capacité de maîtriser l’ensemble des paramètres de consommation et d’impact environnemental des productions. "Nous avons développé une solution permettant de monitorer la consommation de carbone de chaque production, ce qui permettra à nos clients de générer des crédits carbone et donc de monétiser une production moins émissive de carbone. Les industriels qui ne prennent pas en compte leur impact environnemental disparaîtront dans les dix ans qui viennent", juge le PDG qui compte faire de cette nouvelle offre un élément différenciant et porteur.
