« Notre activité de transport assis est complètement à l’arrêt. Nous n’avons conservé que les urgences : dialyses, radiothérapie et chimiothérapie. En revanche, notre activité de transport en ambulances est en plein boom. Nous faisons partie des huit sociétés de transport en ambulance de la Loire à être habilitées par l’État pour le transport de patients atteints par le covid-19. Nous assurons tous les transports sur la Plaine du Forez et cela représente aujourd’hui plus de 90 % de notre activité. Nous sommes donc en première ligne dans cette crise sanitaire et nos salariés sont particulièrement exposés. Nous avons l’habitude, c’est notre métier. Le problème, c’est que nous avons énormément de mal à nous approvisionner en matériel de protection », explique Pierre Poyet.
Confrontée comme bien d’autres professionnels de santé à la pénurie de masques et blouses qui frappe la France, la société Alliance Ambulance a été contrainte de faire un appel aux dons sur les réseaux sociaux. « Depuis trois semaines, nous avons travaillé sur nos stocks mais ils ne sont pas inépuisables. Hier matin, il ne nous restait plus que 3 jours de stock. Heureusement que des particuliers et entreprises nous ont emmenés des masques FFP2 et chirurgicaux. Nous avons aussi le CHU qui prend parfois sur son stock pour nous dépanner mais nous sommes sur le fil du rasoir. Aujourd’hui, il ne nous reste plus qu’une semaine d’avance », s’inquiète le dirigeant.
« Hors de question d’envoyer notre personnel au casse-pipe »
Une inquiétude d’autant plus grande que les ambulanciers ne semblent pas faire partie des professions prioritaires pour recevoir les masques commandés par l’État. « Nos fournisseurs privés font ce qu’ils peuvent pour nous approvisionner mais c’est de plus en plus compliqué. Et quand on va dans les pharmacies pour demander des masques, on nous répond qu’on ne fait pas partie des personnels prioritaires. Les ambulanciers ont l’habitude de travailler dans l’ombre, mais là, nous sommes les grands oubliés des pouvoirs publics. Nous sommes réquisitionnés pour assurer les transports des patients covid-19 mais nous n’avons pas le droit aux équipements de protection. C’est une aberration », s’insurge Pierre Poyet.
Particulièrement remonté, le dirigeant d’Alliance Ambulances prévient les autorités : « Si demain, nous n’avons plus le matériel de protection pour assurer correctement notre mission, nous n’irons pas plus loin. Il est hors de question d’envoyer notre personnel au casse-pipe, même si cela pose de gros problèmes en termes d’organisation des transports ».
