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Coronavirus : en difficulté, Stéfany Emballages Services tente de répondre à la demande hospitalière
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Coronavirus : en difficulté, Stéfany Emballages Services tente de répondre à la demande hospitalière

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En redressement judiciaire depuis le mois de septembre 2019, la PME Stéfany Emballages Services, basée en Haute-Loire, est mobilisée pour produire en urgence des sacs à ouverture soluble destinés aux blanchisseries des hôpitaux dans le traitement du linge contaminé.

Bien qu'en redressement judiciaire, la PME Stéfany Emballages Services produit des dizaines de milliers de sacs pour le linge contaminé mais ne parvient pas à répondre à la demande des hôpitaux — Photo : DR

Un concours de circonstances dont Jean-Philippe Grail se serait bien passé. Le dirigeant de Stéfany Emballages Services (SES), spécialisée dans la fabrication d’emballages souples pour la protection et l’hygiène en milieu hospitalier, est sur la brèche.

Unique fabricant français de sacs à ouverture soluble pour le linge contaminé – ses concurrents sont américains et chinois –, l’entreprise de Saint-Pal-de-Mons (Haute-Loire) est pourtant en redressement judiciaire depuis septembre 2019. Une situation inédite et inconfortable alors que la société est sollicitée de toutes parts pour approvisionner les hôpitaux en pleine crise sanitaire due au coronavirus.

Difficultés de trésorerie

Le dirigeant se dit « débordé par l’activité ». « Depuis quelques jours, les demandes arrivent en rafale, explique-t-il. Durant la première quinzaine de mars, nous avons multiplié notre production par trois pour fournir près de 500 000 sacs en urgence. Parmi mes clients, deux revendeurs cherchent à s’approvisionner à hauteur d’un million de sacs, alors qu’habituellement nous n’atteignons pas ce volume de production en une année. Nos concurrents n’en ont pas non plus. »

Sur les 35 salariés de l’entreprise - dont 25 sont normalement dédiés à la production -, une petite dizaine continue d'assurer la fabrication des sacs. La société fait face également à des difficultés de trésorerie. « Nous pallions la demande tant que l’on peut mais je ne sais pas combien de temps on pourra tenir dans ces conditions », déplore Jean-Philippe Grail. Impossible également pour le dirigeant d’investir afin d’augmenter ses capacités de production.

L’entreprise poursuit son activité sans plus de soutien qu’avant. « Nous n’avons eu aucun appui politique ni aujourd’hui, ni depuis le début de nos difficultés. C’est maintenant que l’on se rend compte de notre valeur », tacle-t-il.

« On n’a pas tiré les conséquences du H1N1 »

Pourtant, déjà en 2009, en pleine épidémie de grippe A H1N1, la société avait fait face, prompte à fournir en urgence ses clients. « On n’a pas tiré les conséquences des erreurs commises en 2009. Plutôt que de soutenir des entreprises stratégiques, tout le monde s’en est lavé les mains », dit-il. Et d’ajouter, passablement agacé : « Si on nous avait sollicités dès le mois de décembre pour nous dire, ‘tenez-vous prêt’, nous aurions pu augmenter nos stocks en prévision et anticiper la situation actuelle ».

Un constat qu’il rattache à la situation de son entreprise. En redressement judiciaire, il attend la décision de la justice, prévue théoriquement le 25 mars, avec fébrilité. Après une offre déposée par l’entreprise Leygatech contestée par les salariés, la justice doit se prononcer sur le futur de la société fondée en 1989 : « un repreneur ivoirien s’est manifesté mais je ne sais pas comment il va pouvoir reprendre la société dans ce contexte, confie-t-il. Sinon, soit un nouvel appel d’offres est lancé, soit c’est la liquidation judiciaire ». Une incertitude qui tombe au plus mal.

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