Coronavirus : comment la crise incite les écoles de commerce à former autrement les managers de demain
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Coronavirus : comment la crise incite les écoles de commerce à former autrement les managers de demain

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Les crises sanitaire et économique liées au coronavirus ont bouleversé les managers et les établissements en charge de leur formation. Dans la formation continue en particulier, les écoles de management d'Auvergne Rhône-Alpes adaptent leurs programmes pour répondre aux attentes de cadres qui souhaitent repenser les business modèles et mettre en place des stratégies d’entreprise plus résilientes.

EM Lyon, ESC Clermont-Ferrand, Grenoble Ecole de Management... les écoles de management d'Auvergne Rhône-Alpes lancent de nouvelles formations pour répondre à la période post-confinement qui aura bouleversé les modes de travail — Photo : DR

« La crise du Covid-19 est révélatrice de la fin d’un monde. » Pour Loïk Roche, directeur de Grenoble École de Management (GEM), elle marque en particulier la fin d’un monde pour les managers, les étudiants et les établissements en charge de leur formation. Dans cette école, engagée depuis plusieurs années en faveur de la « paix économique » – concept impliquant que les entreprises contribuent à la paix sociale et au mieux-vivre ensemble –, la crise du coronavirus a poussé l’équipe dirigeante et enseignante à questionner le rôle d’une business school et des managers dans la société. « Nous menons une réflexion sur notre modèle pédagogique, explique Jean-François Fiorina, directeur général adjoint. La crise a créé un nouveau pacte social des entreprises. Elle nous force à interroger le type de mondialisation que nous voulons, à réfléchir à la réindustrialisation, à la responsabilité sociale des entreprises. Autant d’éléments qui doivent être intégrés à nos formations et enseignés aux futurs managers. »

Pour lui, c’est même le MBA (diplôme d’études supérieures de gestion et de management des entreprises) qui « doit réfléchir à son avenir » en intégrant notamment davantage encore les "soft skills" (compétences liées au savoir-être), qui se sont montrées indispensables durant la crise du Covid. « Le télétravail risque de devenir la norme et non plus l’exception », anticipe notamment Jean-François Fiorina, qui estime que les managers et futurs managers doivent être préparés à ce travail à distance, et à gérer les collaborateurs et les conflits à distance.

Des managers en demande de formations

L’intégration de ces évolutions dans les programmes sera progressive. Dans l’immédiat, GEM a lancé une formation continue courte en ligne, intitulée « Développer un management résilient ». Le but : « développer les outils pour créer les conditions psychologiques et relationnelles favorables afin de mieux gérer l’après-crise avec ses équipes », indique l’établissement. Parmi les participants, des consultants, des managers de PME ou d’ETI, ou encore des responsables formation de grands groupes. « Cette première session rencontre un vif succès, remarque Gaël Fouillard, directeur de la formation continue. Les douze places se sont remplies en moins de deux jours. »

Plus que les managers en devenir, ce sont les managers en poste qui sont en demande de renouveau en termes de formation. Le constat est le même à l’EM Lyon. « Nous enregistrons beaucoup de demandes de certificats autour de l’agilité, de la créativité, de la réinvention des business modèles, confirme Françoise Dany, directrice des programmes Executive Education (formation des cadres). Nous avons été obligés d’ouvrir des sessions supplémentaires ». L’EM propose aussi une nouvelle formation autour de la notion de "repenser les futurs". « Les managers sont volontaires pour travailler sur des scénarios du futur. Auparavant, nombreux étaient ceux qui pensaient que cet exercice de prospective était réservé à une élite. Avec la crise, ils se disent qu’ils peuvent contribuer à ce travail qui les concerne directement plutôt que d’attendre que des spécialistes s’intéressent à ces questions », décrit-elle. L’école de management et de commerce lyonnaise s’apprête également à lancer un certificat sur la transformation collective car « beaucoup d’entreprises se demandent comment redonner du sens au travail et recréer du collectif ».

Formation initiale : une remise en cause moins marquée

Dans la formation initiale, les signaux du changement sont plus faibles. « Il est trop tôt pour avoir le recul nécessaire », souligne Richard Soparnot, directeur académique de l’ESC Clermont. Pour l’heure, les écoles sont davantage accaparées par la préparation de la rentrée 2020. La crise a plutôt joué un rôle d’accélérateur et réveillé les consciences écologiques, mettant en exergue « la dépendance à certaines régions et la possible nécessité de relocalisation », analyse tout de même Richard Soparnot. L'occasion d'accélérer le développement des formations axées sur la transition écologique.

Parmi les nouveaux programmes mis au point par l’école clermontoise, un Master of Science "Stratégie et design de l’anthropocène*", ainsi qu’une filière mobilité durable. À l’EM Lyon, ont été créés un Master en management de la transition énergétique ainsi qu’un mini-mooc (formation à distance) sur la transition énergétique. Et même à l’Institut Bocuse, qui forme les managers de l’hôtellerie-restauration, les parcours vont intégrer davantage les problématiques de développement durable et de circuit court.

*le terme anthropocène désigne la période géologique actuelle, où les activités humaines ont un impact fort sur les écosystèmes de la planète.

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