Grand Est
Yzico : "Nous devenons une grosse structure d'expertise-comptable mais nous gardons notre agilité"
Grand Est # Services # Fusion-acquisition

Yzico : "Nous devenons une grosse structure d'expertise-comptable mais nous gardons notre agilité"

S'abonner

Les cabinets d’expertise-comptable lorrains Expertis CFE et Yzico, qui pèsent à eux deux 520 collaborateurs et 40 millions d'euros de chiffre d'affaires, ont fusionné en avril. Le point sur les perspectives de ce nouveau géant régional avec les deux dirigeants d’Yzico, Valérie Creusot-Rivière et Yann Olivier.

Valérie Creusot-Rivière et Yann Olivier dirigent le cabinet d'expertise-comptable Yzico — Photo : Raoul Gilibert

Comment le rapprochement entre Yzico et Expertis CFE (plus de 12 000 clients, 520 collaborateurs, 11 métiers et 40 millions d'euros de chiffre d'affaires) s'est-il fait ?

Valérie Creusot-Rivière : Nous ne voulions pas perdre notre compétence d'audit suite aux limitations imposées par la loi Pacte de 2019. Le risque, c’était que les gros cabinets d’audit s’approprient le marché. Cette loi nous a poussés à chercher des solutions de regroupement. Nous avons toujours pensé que nous étions ou trop gros ou trop petit. Trop gros parce que pas assez agile sur un certain nombre de choses et trop petit pour avoir des moyens, notamment sur l’accompagnement ou encore sur l’évolution autour du numérique.

Yann Olivier : Nos rencontres nous ont permis de comprendre qu’on partageait la même vision par rapport à l’avenir et cette fusion pouvait générer un certain nombre de synergies.

Pourquoi avoir gardé le nom Yzico pour l’entité résultant de la fusion entre les cabinets Yzico et Expertis CFE ?

Valérie Creusot-Rivière : Yzico avait développé sa nouvelle marque et n’avait pas forcément envie de l’abandonner. Du côté d’Expertis CFE, nous nous sommes dit que si le projet en valait la peine, on serait capable d’assumer tout ça. Aujourd’hui, nous sommes en train de reconstruire la marque employeur pour que chacun s’identifie. Nous avons voulu mutualiser les choses, donc ce n’est pas Expertis CFE ou Yzico qui absorbe l’un ou l’autre. On se regroupe, on s’assemble, on garde ce qui est bien d’un côté et de l’autre, et on mutualise toutes nos forces. Ce n’est pas une absorption, c’est bien une fusion d’entreprise. Dans l’organisation, les comptables vont rester proches de leurs clients.

Entre les start-up qui misent sur la technologie et les géants de l’expertise-comptable, quel est votre positionnement stratégique ?

Valérie Creusot-Rivière : Notre taille va nous permettre de mieux dimensionner les choses, de mieux recruter, d’avoir des profils qu’il sera possible de valoriser dans certaines missions client. Mais nous voulons aussi garder de la proximité avec nos clients. Nous ne voulons pas être un gros acteur trop structuré qui n’a plus le temps de s’occuper des clients.

Yann Olivier : Notre force, c’est que nous sommes sur 23 sites dans le Grand Est, de l’Alsace à Paris. Hormis le siège à Nancy, les autres sites vont osciller entre 6 collaborateurs et jusqu’à 45 à Bar-le-Duc. Soit des sites qui restent à taille humaine.

Il n’y a donc plus de place pour les petits acteurs dans vos métiers ?

Valérie Creusot-Rivière : Si, au contraire. Je prends plutôt ma casquette de vice-présidente de l’Ordre des experts-comptables pour dire qu’aujourd’hui, avec l’évolution de nos métiers, il y a de la place pour tout le monde. Le petit cabinet qui a envie de se structurer, d’être dans une niche, dans du conseil pointu, c’est possible. La complexité de l’économie du monde des affaires engendre un besoin d’accompagnement de nos clients dans ce conseil pointu. On n’accompagne pas la TPE comme le grand compte, comme l’association, comme la collectivité territoriale.

Yann Olivier : Aujourd’hui, il y a plusieurs façons d’accompagner le dirigeant. Vous pouvez avoir un petit cabinet comptable qui va travailler en partenariat, c’est-à-dire qu’il va travailler avec un avocat en droit des affaires, un avocat en droit social, une personne en gestion de patrimoine. La réponse d’Yzico, c’est d’internaliser ses services autour du chef d’entreprise pour nous permettre d’avoir une communication beaucoup plus rapide, de gagner en efficacité. Cette démarche, conjuguée à tout ce qui touche aux données, nous permet d’être beaucoup plus proactifs et réactifs par rapport aux besoins ou aux attentes des clients. Et même de les anticiper : lorsque nous allons détecter une problématique, par exemple, sur le contrat de mariage du dirigeant, cela va impacter son régime social, son patrimoine, ses enfants et finalement son entreprise. Une alerte à un endroit nous permet de rebondir sur tous les aspects.

Comment la technologie bouleverse votre métier de base, l’expertise-comptable ?

Valérie Creusot-Rivière : Notre métier historique était un métier de production. Nous faisions de la production comptable, de la tenue de comptabilité, du déclaratif fiscal et social. Aujourd’hui, la production doit toujours être réalisée mais nous allons l’automatiser et l’industrialiser de plus en plus. Cela va nous permettre de travailler vraiment sur la valeur ajoutée qu’attend le client. Ce qu’il faut, c’est traiter les flux le plus automatiquement et le plus intelligemment possible pour qu’ils puissent nous restituer ce dont on a besoin pour pouvoir faire de l’analyse et faire de l’accompagnement sur le business du client. Comment je peux anticiper un besoin d’embaucher, un besoin d’investir, un besoin de me structurer différemment par l’analyse de mes données. Notre fusion nous donne les moyens de structurer notre équipe autour du traitement de la donnée, des outils.

Est-ce que cette fusion vous a donné l’envie et les moyens de réaliser des croissances externes ?

Valérie Creusot-Rivière : Nous avons toujours été opportunistes. Il ne faut se priver de rien, nous avons la volonté de rester dans le Grand Est parce que nous sommes un acteur de l’économie régionale et le fait de connaître les réseaux, c’est toujours une force. Nous allons renforcer notre maillage vers la Moselle et l’Alsace parce que là, nous avons besoin d’être renforcés. Nous voulons aussi travailler avec nos frontières pour apporter plus d’ouverture à nos clients et accueillir des clients d'Allemagne, de Belgique, du Luxembourg qui ont potentiellement envie de s’installer sur le territoire.

Grand Est # Services # Services aux entreprises # Fusion-acquisition