Smartphone en main, le consommateur envoie une demande à propos d’un produit sur la plateforme Yabe : une fois traitée, cette demande est transférée aux commerçants locaux qui peuvent soit répondre favorablement, soit proposer un produit alternatif au client, qui pourra alors passer commande et venir chercher son achat dans la boutique. "Notre plateforme permet de reconnecter les consommateurs, qui sont en ligne et captés par les géants de l’e-commerce, aux commerces de proximité", assure Antoine Berghen, cofondateur et CEO de Yabe.
Imaginée en 2018, lancée sous forme d’un prototype à Rennes et Nancy en septembre 2020, Yabe sera déployée "dans une vingtaine de villes d’ici à la fin 2021", précise le CEO de Yabe. Avec les deux autres cofondateurs de la start-up, Cyrille Derouaz et Anthony Franchetto, Antoine Berghen veut maintenant déployer Yabe beaucoup plus rapidement, grâce notamment à une levée de fonds d’un million d’euros, réalisée auprès d’un investisseur privé. "Fin 2022, notre couverture sera nationale", ajoute Antoine Berghen, qui s’appuie sur une équipe d’une trentaine de personnes installée à Thionville, la moitié de l’effectif étant composé de développeurs.
Vers une "belle série A" de 8 millions d’euros
Revendiquant une communauté de 40 000 personnes intéressées par le dispositif, la plateforme Yabe est déjà utilisée par 240 commerçants et 3 000 "Yabers", ces consommateurs qui ont utilisé le service pour un achat. Solution entièrement gratuite à l’entrée pour le commerçant, le modèle économique de Yabe "est basé sur les success fees, que nous prélevons à hauteur de 8 %", détaille Antoine Berghen, qui estime que la start-up ne sera pas rentable avant 2023. Avant d’atteindre l’équilibre, les dirigeants de Yabe ont déjà planifié une nouvelle levée de fonds, "qui correspondra à une belle série A", de 8 millions d’euros.
Gênée dans son déploiement par la crise du Covid, qui a empêché les équipes de Yabe d’aller expliquer leur concept aux commerçants locaux, la start-up sort plutôt confortée des confinements successifs : "Je veux retenir de cette période l’accélération de la prise de conscience autour de la nécessité de redynamiser les centres-villes", assure le CEO de Yabe, qui est désormais répertoriée par la Banque des territoires comme une solution "Smart city".
Pour aller plus loin, les dirigeants de Yabe devront notamment réussir à recruter des "city managers", pour chaque ville dans laquelle la plateforme sera déployée. Ces employés servent à faire le lien entre les consommateurs et les commerçants locaux, et qualifient les demandes pour qu’elles puissent être traitées au mieux. "Le recrutement est un de nos défis", concède Antoine Berghen, qui sait que la plateforme Yabe peut produire des données très intéressantes pour de nombreux acteurs économiques. Les demandes des consommateurs peuvent en effet être traitées comme des études de marché et la plateforme pourrait servir de support de communication. "Nous avons déjà des commerçants qui nous demandent des solutions pour accélérer le trafic", assure Antoine Berghen.
