Concepteur et fabricant d’imprimantes 3D, Volumic 3D va bientôt devoir pousser les murs. Cinq personnes ont été embauchées depuis septembre, portant l’équipe à 17 salariés. Les 350 mètres carrés du siège ne suffisent plus à ces imprimantes noires et vert fluorescent fabriquées sur place. " Pour la première fois, nous avons du stock car nous avons optimisé le process de fabrication ", explique Stéphane Malausséna, cofondateur avec Gérard Luppino. " On peut désormais expédier sans délai. Une personne fait deux machines par jour quand deux personnes en faisaient une en deux jours. "
Il faut aussi plus d’espace pour entreposer les bobines de filaments, matière première de l’impression 3D, fabriqués par l’entreprise elle-même ou venant d’Europe. " Au lancement de notre première machine en 2014, on proposait cinq matériaux, ce qui était déjà bien plus que nos concurrents. Aujourd’hui, il y en a soixante. Sept rien que pour le bois, de l’ébène au cocotier. " Il y a surtout une grande famille de plastiques (polycarbonate, polypropylène, nylon…), des biodégradables, des antibactériens, de la fibre de verre ou de carbone, du cuivre, de l’aluminium… Dans l’automobile, la défense, l’aéronautique, les transports ou la santé, ils deviendront maquettes ou prototypes, serviront dans l’outillage ou à la fabrication de petites séries. Thales, Michelin, Iveco, SNCF ou Virbac utilisent déjà des machines Volumic 3D. Des PME aussi mais il faut encore " évangéliser " quant aux atouts de la fabrication additive.
Une révolution lente et silencieuse
Pour Volumic 3D, 2020 avait démarré en beauté avec deux prix au CES à Las Vegas et une sélection à la grande exposition du " Fabriqué en France " à l’Élysée. Puis le Covid est arrivé. L’entreprise a fait partie du grand réseau solidaire de fabrication de visières en plastique. Elle a fabriqué des pièces pour respirateurs et des connecteurs pour les masques de plongée Décathlon détournés au profit des malades. Elle a aussi travaillé pour des laboratoires à la réalisation d’éprouvettes pour les tests de dépistage. " Il y a eu un engouement pour la 3D, surtout économique ", explique Stéphane Malausséna. " Cette période a aussi permis une validation de la technologie, une prise de conscience globale. La 3D a apporté des réponses à des problématiques spécifiques. Mais nous n’en sommes encore qu’au début, c’est une révolution lente et silencieuse. Un peu comme internet au début des années 2000. "
Le duo de dirigeants promet de belles innovations dans les mois à venir. Mais sur la partie commerciale, les choses sont plus compliquées. Si le chiffre d’affaires est passé de 1,7 million d’euros en 2019 à 2 millions d’euros en 2020, les ambitions 2021 doivent être décalées d’un an, les salons professionnels étant peu à peu rayés du calendrier (3D Print Exhibition, France Innovation Plasturgie) ou transformés en événements digitaux (Vivatech). Pour l’entreprise niçoise, c’est autant de démonstrations qui ne pourront être faites, autant de visibilité, de retombées presse, de prospects ou de clients perdus. Et in fine, " c’est 50 à 60 ventes perdues. Après l’amputation de 2020, nous sommes coupés dans notre élan. Mais l’innovation et la motivation sont là et nous visons une grande année 2022. "