La société girondine de cybersécurité Tehtris vient d’inaugurer son nouveau siège social à Pessac, à deux pas du nouveau campus cyber de Nouvelle-Aquitaine. Elle l’a fait en présence d’un ambassadeur plutôt inhabituel : Jean-Noël Barrot, ministre délégué au Numérique, qui n’a pas hésité à citer l’entreprise comme "un de nos plus grands espoirs pour la cybersécurité nationale".
L’ETI, dont le dernier chiffre d’affaires connu était de 5,8 millions d’euros en France en 2021, s’est construit une réputation nationale de "porte-étendard", à grands coups de levées de fonds massives : 20 millions d’euros en série A en novembre 2020 et, plus récemment, une série B de 44 millions d’euros en octobre 2022.
Son nouveau bâtiment de 5 600 m2 sur quatre niveaux pourra accueillir jusqu’à 466 salariés. Il en héberge actuellement 120 sur un effectif total de 260 personnes, en lieu et place de l’ancien site de Thalès, qui a racheté cet été l’américain Imperva (pour 3,4 milliards de dollars) et a du même coup intégré le top 5 mondial des leaders de la cybersécurité.
Un "système immunitaire"
Tehtris mise beaucoup sur XDR (pour eXtended Detection and Response), sa plateforme d’analyse des comportements virtuels et de détection des attaques. Elle produit aussi du renseignement cyber capable de prédire des futures menaces grâce à CyberIA eGuardian, son module d’intelligence artificielle dévoilé en septembre dernier. Cette IA a d’ailleurs été l’un des projets soutenus par le gouvernement et BPI France dans le cadre de France 2030 pour "automatiser la cybersécurité".
"XDR place de nombreux détecteurs dans les stations de travail, les serveurs, le cloud et le réseau en général. C’est une intelligence globale et collective, connectée en permanence et hyperautomatisée. Notre IA analyse plus de 10 000 cyber menaces en une minute. Si nous comptions les bots, nous ferions travailler plus de 20 000 personnes", révèle Éléna Poincet, PDG de Tehtris, évoquant un vaccin voire un "système immunitaire" contre les attaques cyber.
Vocation internationale
Un an après sa dernière levée, Tehtris poursuit sa croissance et sa course à l’international. "Nous sommes déjà positionnés sur les marchés du Moyen-Orient et en Asie, où nous avons cette année noué de nombreuses relations notamment avec des universités internationales et des partenaires. Ils déploient déjà nos produits et il y a même des gouvernements qui commencent à nous faire confiance, notamment en termes de renseignements cyber", confie Laurent Oudot, directeur général et technique de la société. "On a le vent en poupe aussi parce que ces zones sont en train de prendre les premiers coups en termes d’attaques cyber et manquent de personnel pour se protéger."
Le vent en poupe au point de recevoir "plusieurs milliers de CV par an. En termes de pourcentage d’entrée par rapport aux postulants, nos statistiques sont pires que celles du MIT… Nous devrions atteindre 300 personnes sur la fin de l’année, le tout en recrutant via nos bureaux en Allemagne, en Espagne, au Danemark, en Suède, au Japon ou au Canada", termine le cofondateur. Signe que l’Asie est un marché porteur pour son business : elle s’apprête à accueillir ses premiers employés début novembre à Singapour.
