Les créateurs
En 2020, enceinte de son deuxième enfant, Séverine Inkerman, portée par sa sensibilité écologique, s’est tournée vers la seconde main pour le matériel de puériculture qui lui manquait. "On était en plein Covid : les ressourceries refusaient ces produits pour des raisons d’hygiène. Cependant, j’ai vite compris que le déficit était plus structurel que conjoncturel", raconte la Lorientaise, ancienne cadre chez BPI France à Toulouse et France Active à Nantes. Après la pandémie, elle revient dans le Morbihan avec une idée en tête : développer le marché de la puériculture d’occasion. C’est ainsi qu’en 2021, elle crée le site de vente de produits de puériculture de seconde main TiKoantik, avec son mari, Hugo Mercier, développeur informatique, et Rosina Giordano, qui travaille dans le réemploi en Belgique. Séverine Inkerman prend les rênes du projet en tant que directrice générale. Un quatrième associé rejoint ensuite l’aventure : l’investisseur semi-public Bretagne Capital Solidaire.
D’abord association, TiKoantik devient une SAS en juillet 2022. Incubée chez Tag56 et Emergys, l’entreprise de l’ESS obtient en 2023 une bourse French Tech de l’innovation sociale de 30 000 euros auprès de la BPI. Séverine Inkerman prend le parti de se reposer sur l’écosystème lorientais. Ainsi, TiKoantic entrepose ses stocks dans les locaux de Book Hémisphère à Kervignac. Pour le reconditionnement du matériel, dont le processus qualité a été mis en place avec l’IUT de Lorient, elle fait appel à l’atelier de l’ESAT Alter Ego de Caudan.
Le concept
Le site de vente en ligne TiKoantik s’articule autour de trois axes : le reconditionnement et le nettoyage du matériel, le conseil, grâce à l’expertise d’une infirmière puéricultrice salariée, et la mise en place de listes de naissance ou de fourniture pour les professionnels. Mais, alors que les fondateurs envisageaient de développer le BtoC, c’est le BtoB qui s’est imposé. Assistantes maternelles, crèches privées ou publiques, "entre 85 et 90 % du volume de ventes se font sur ce segment ", analyse Séverine Inkerman. Résultat : TiKoantik se réoriente vers le B2B quasi-intégral avec une refonte du site web fin octobre et la mise en ligne d’un catalogue adapté. Si l’entreprise compte plusieurs concurrents, comme BIIcou, "nous sommes les seuls dédiés B2B pour les pros de la petite enfance", précise la dirigeante.
Les perspectives
Porté par une forte demande, TiKoantik veut agrandir son périmètre d’activité au-delà de son marché actuel en Bretagne, Normandie et Pays de la Loire. Et passer des 3 salariées actuelles à une dizaine. Pour cela, "il faut sécuriser la collecte et le reconditionnement", considère la dirigeante. TiKoantik, qui s’approvisionne auprès des professionnels et des ressourceries, est ainsi sur le point de passer un accord avec un grand fabricant français de matériel de puériculture qui pourrait lui "donner accès aux invendus, aux retours clients et à l’ancien matériel des acheteurs", résume Séverine Inkerman. Quant au reconditionnement, TiKoantik souhaite faire appel à un deuxième atelier sous trois à cinq ans, "idéalement en île de France". Avec un portefeuille de 350 clients et "de nouvelles demandes tous les jours", l’entreprise espère être rentable dès 2024.
