Thierry Le Marre (Société Générale) : « L'Ouest est dans un moment économique favorable »
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Thierry Le Marre délégué régional Grand Ouest de Société Générale Thierry Le Marre (Société Générale) : « L'Ouest est dans un moment économique favorable »

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Nouvellement nommé à la tête de la délégation Grand Ouest de Société Générale (Bretagne, Normandie, Pays de la Loire et une partie du Centre Val de Loire), après avoir dirigé celle du Grand Est, et plus anciennement des filiales à Prague et Milan, Thierry Le Marre, un Breton d'origine âgé de 53 ans, présente les grands enjeux dans l'Ouest pour sa banque.

Thierry Le Marre est le nouveau délégué régional Grand Ouest de la Société Générale. Il a pris ses fonctions l'hiver dernier à Rennes, mais connaît la région depuis son enfance — Photo : © Pierre Gicquel / JDE

Le Journal des Entreprises : Vous êtes entré chez Société Générale en 1998. Vous avez travaillé à Paris, à Prague, à Milan et dernièrement à Strasbourg, à la tête de la délégation Grand Est. Chaque territoire a ses particularités. Quels sont les atouts du Grand Ouest selon vous ?

Thierry Le Marre : Il y a des similarités entre l'Est et l'Ouest où j'ai pu constater un vrai attachement des gens à leur région d'origine, ajouté à une volonté de montrer son savoir-faire, de faire de son implantation locale un atout, et non un frein, pour aller tenter sa chance au-delà.

Ce qui me frappe surtout dans le Grand Ouest, c'est la présence de pôles d'attractivité très marqués. Rennes, Nantes, Orléans, Caen, Brest, Tours… Toutes ces villes disposent d'écosystèmes complets, de la formation à l'entreprise. Et on sait qu'il s'y passe quelque chose. La Vendée se démarque aussi par un esprit d'entreprise sans doute unique en France. Tout ceci, couplé à un effort massif des collectivités en matière d'infrastructures et de formation, fait que ce tempérament entrepreneurial amène à des réussites.

En dehors des risques politiques extérieurs qui pèsent sur les exportations, presque tous les voyants sont au vert pour l'économie du Grand Ouest. Comment percevez-vous la dynamique actuelle ?

T. L. M.  : Le rôle du banquier est d'analyser les risques, or le niveau de risque est historiquement bas. Les entreprises ont reconstitué leurs marges et peuvent prétendre à de forts investissements. Et nous y répondons. Même si le secteur bancaire est très concurrentiel, nous faisons face à une structure d'entreprises globalement saine. La confiance est revenue, l'activité a vraiment repris. Si l'investissement est un bon indicateur, alors nous pouvons dire que cette zone géographique est dans un moment économique favorable.

Quant à la situation internationale, avec la remise en cause du libre-échange, la politique américaine ou encore le Brexit, je n'ai pas senti d'inquiétudes particulières de la part des dirigeants d'entreprise, car ils se préoccupent plutôt de savoir comment profiter de cette phase positive actuelle, où taux d'intérêt bas et marges reconstituées sont couplés. Ils sont plus inquiets de pouvoir bénéficier d'une stabilité des réglementations et de la fiscalité en France, où cela change tous les six mois.

Que représente Société Générale dans l'Ouest, une zone très concurrentielle ?

T. L. M.  : Nous accompagnons 6 400 entreprises dans le Grand Ouest. On le sait peu, mais nous sommes présents dans l'agroalimentaire breton, le viticole de l'Anjou… Nous couvrons les activités traditionnelles jusqu'aux technologies les plus avancées. Notre force de vente auprès des entreprises compte 150 personnes. Société Générale Grand Ouest, c'est 1,5 milliard d'euros de prêts nouveaux aux entreprises par an.

« D'ici 2020, 80 % de nos process seront digitalisés, mais nous aurons toujours un réseau dense d'agences. »

Société Générale est aussi très présente sur la partie digitale. D'ici 2020, 80 % de nos process seront digitalisés, mais nous aurons toujours un réseau dense d'agences.

Au niveau de la clientèle, Société Générale Grand Ouest se maintient avec près de 780 000 clients, dont 90 000 clients professionnels. Nos zones de conquête sont notamment la clientèle patrimoniale, la banque privée avec plus de 40 collaborateurs sur ce marché et la clientèle professionnelle, où nous sommes ouverts à tous types de clients.

Les besoins des clients évoluent, la banque aussi. De 2016 à 2020, la banque de détail Société Générale devrait avoir supprimé près de 3 500 postes et réduit son réseau d'agences en France. Est-ce que l'Ouest est concerné ?

T. L. M.  : Le réseau Société Générale a en effet annoncé, depuis 2016, la suppression de 3 450 postes au total d'ici 2020, mais sans aucun licenciement, tout en continuant à recruter, notamment des profils experts et expérimentés, ce qui représentera un peu de plus de 600 personnes embauchées cette année. In fine, il s’agit d'une montée en expertise des collaborateurs par une refonte des métiers et des parcours professionnels. Un programme de formation de 50 heures par an et par collaborateur est fixé, en expertise dans le numérique, soit un million d'heures de formation délivrées au total

Nous faisons évoluer notre dispositif pour apporter plus de conseils à nos clients. Sept agences, sur les 265 que compte la délégation, fermeront cette année dans le Grand Ouest. D'autres fusionneront, de manière à regrouper toutes les expertises. Enfin, après un Espace pro à Nantes en septembre 2018, deux centres d'affaires, à Rennes et Nantes, vont ouvrir début 2019, afin d’apporter toujours plus de proximité à nos clients.

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