Témoignage d'entrepreneur : « Je suis devenu gérant du Journal Toulousain »
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Témoignage d'entrepreneur : « Je suis devenu gérant du Journal Toulousain »

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Comment le fondateur et gérant de La Part de Rêve s'est-il retrouvé gérant de la Scop du Journal Toulousain ? Rémi Demersseman-Pradel revient sur son implication auprès de l'hebdomadaire qui a bien failli disparaître l'an dernier.
— Photo : Le Journal des Entreprises

« Moi, je ne suis pas dans les médias : je m'occupe de la SAS La Part de rêve, qui regroupe huit crèches que j'ai rachetées, dont certaines étaient en difficulté. En 2016, je prépare d'ailleurs un passage en société coopérative à intérêts collectifs. Mon premier contact avec le Journal Toulousain s'est fait par une interview l'an dernier. Quand j'ai appris par la presse que leur propriétaire avait été arrêté, connaissant la situation de leurs comptes, j'ai appelé les journalistes pour leur faire part de mon soutien et leur proposer des conseils. J'ai participé à la réunion publique du comité de soutien en février 2014, où le modèle de la Scop a été évoqué pour pérenniser le titre. J'ai alors mis les salariés en relation avec l'Urscop (Union régionale des Scop). Ils ont étudié la question, puis se sont tournés vers moi et m'ont demandé de prendre la gérance de cette future Scop. »

Business plan et recherche de financements
« Cette demande m'a vraiment fait plaisir. Je suis membre du CJD (Centre des jeunes dirigeants) ; j'ai reçu beaucoup de choses, j'avais là l'occasion de rendre ce que j'avais appris, d'aller au-delà de mon entreprise. J'ai accepté sans hésiter. On a monté un business plan, recherché des financements, puis déposé une offre de rachat des actifs de la Sarl Première Réponse (dont le Journal Toulousain était la propriété, ndlr) au tribunal de commerce, en mai 2014. Au total, nous avons emprunté environ 40.000 euros auprès du Crédit coopératif, Midi-Pyrénées Active et Socoden (Urscop), et 70.000 auprès des coopérateurs-salariés. Nous avons aussi dû négocier avec Pôle Emploi pour que les salariés puissent apporter dans le capital toutes leurs assurances chômage, dans le cadre d'une création d'entreprise. Le 1er juillet, jour d'audience sur la cession des actifs, a été une source d'angoisses. D'abord, un autre repreneur s'était manifesté, avant de se retirer. Ensuite il a fallu verser ce jour-là quelques milliers d'euros pour acheter ces actifs, ce qui n'était pas prévu car nous n'avions pas encore les financements. La solution ? La love money, c'est-à-dire l'argent de nos proches. En trois jours, nous avons réussi à collecter cette somme. Nous avons payé le tribunal puis créé la Scop dans la foulée. Mais l'aventure et ses rebondissements ne se sont pas arrêtés là. Il a fallu louer des locaux, récupérer les actifs dans les anciens locaux rue d'Austerlitz. Il y a eu un problème avec le commissaire-priseur, car le liquidateur faisait des histoires... Finalement, ils ont cédé en août. Le 7 août, nous avons sorti un numéro léger, que nous étions obligé de publier étant donné que c'est un journal d'annonces légales soumis à ces contraintes. »

Participation active des experts et des lecteurs
« Depuis septembre, une nouvelle formule est sortie : Le nouveau Journal Toulousain. La ligne éditoriale ? Être exhaustif sur l'offre politique de l'agglomération et sur l'actualité économique sans parti-pris. J'ai suggéré qu'on s'entoure d'un comité d'experts, une vingtaine de personnes qui viennent de la presse, de la communication, de la politique. Nous montons aussi une association des lecteurs, pour soutenir et organiser des événements. Ils sont associés à la Scop et y apportent un financement. Nous le faisons via du crowdfunding, nous avons lancé une collecte de 30.000 euros sur Pick & Boost. Nous conseillons ainsi aux gens qui veulent s'abonner de payer via ce système de financement participatif qui inclut des abonnements dans les contreparties. Notre objectif ? Que le titre, que nous considérons comme un nouvel outil démocratique, soit rentable d'ici à un an. Nous voulons faire passer plusieurs messages : on peut faire une presse indépendante, les citoyens peuvent sauver des emplois, et l'information a un coût. »

Le Journal Toulousain.(Toulouse). Tél. : 09 83 27 51 09

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