Morbihan
Roc'han Maille, un modèle de réussite à l'épreuve de la pandémie
Morbihan # Industrie

Roc'han Maille, un modèle de réussite à l'épreuve de la pandémie

S'abonner

Le fabricant textile morbihannais Roc’han Maille filait des jours heureux jusqu’à l’avènement de la pandémie. Tournées à 60 % vers l’export, ses productions haut de gamme sont impactées. Mais c’est surtout le défi de la formation qui freine le développement de l’entreprise.

Outre la marque Roc’han Maille, l’entreprise d’une vingtaine de salariés fabrique notamment la marque Busnel qui connaît un réel succès en Scandinavie — Photo : Xavier Eveillé

C’est devenu une rareté dans le paysage textile français. Par le cadre, en lui-même, en premier lieu : l’ancienne fabrique historique Jacquier, fondée en 1959 à Rohan, rappelle les belles heures de la confection, sur un site de 3 000 m² au bord du canal de Nantes à Brest. Par le savoir-faire, surtout : celui de la marque haut de gamme Busnel, fondée elle aussi par Arthur-Yves Jacquier. Ses vêtements entièrement fabriqués à Rohan peuvent se vendre 400 euros pièce dans les boutiques suédoises, friandes de qualité, de solidité et de 100 % laine mérinos. Par le parc machine, enfin : il a été "modernisé à 90 %", comme le souligne le dirigeant de l’entreprise, Christophe Jouanno. L’atelier compte 13 métiers à tricoter industriels du suisse Knitmaster, sans parler du parc assemblage (piqueuses, raseuses, boutonnières, pose badges, remailleuses…). Bienvenue chez Roc’han Maille, 25 salariés contre 10 en 2010 (mais jusqu’à 80 à son apogée). Au bord du dépôt de bilan, la société a été reprise par plusieurs salariés et a regagné du terrain : le chiffre d’affaires a été multiplié par deux depuis cette date.

Pour la marque Eric Tabarlyavec 727 Sailbags

À la tête de Roc’han Maille, Christophe Jouanno et la modéliste Delphine Le Roy ne ménagent pas leurs efforts pour perpétuer la tradition. Avec un credo : valoriser la maille sous toutes ses formes et ses coutures. Labellisé France Terre Textile, Roc’han Maille décline tout ce qui se fait en maille à partir de laine provenant d’Amérique du Sud et filé en cône en Europe (Italie, Allemagne, Autriche). "Nous fabriquons tout nous-mêmes, sauf les chaussettes et les gants, que nous ne proposons pas en catalogue. L’essentiel de l’effectif, soit une dizaine de couturières, travaille à l’assemblage des cols, dos, manches, accessoires."

La marque Busnel s’exporte essentiellement en Scandinavie. Roc’han Maille fabrique également sa marque éponyme et, depuis peu, celle du lorientais 727 Sailbags pour la marque "Eric Tabarly", lancée en partenariat avec la famille du célèbre navigateur. 727 Sailbags s’est en effet tourné vers l’entreprise rohannaise et communique sur son sous-traitant de manière assumée. Une démarche qu’apprécie Christophe Jouanno : "Ce n’est pas toujours le cas dans le textile." Une première boutique Eric Tabarly est attendue à Paris.

Le défi de la formation

En misant sur le haut voire très haut de gamme, Roc’han Maille tirait son épingle du jeu : "L’export représente 60 % de notre chiffre d’affaires", rappelle Christophe Jouanno. Mais la pandémie est venue compliquer la donne. Les boutiques clientes voient partout leurs ventes chuter. "Nous sommes donc directement impactés. Nous avions concentré nos efforts sur l’investissement, disposant de locaux loués par Pontivy Communauté. Notre ligne a toujours été de privilégier le renouvellement du parc machines et la formation interne." Christophe Jouanno y voit l’un des défis majeurs de l’entreprise. "Pour nous, la formation, c’est de l’investissement. Il manque cruellement de dispositifs de soutien dans ce domaine. Si nous disposons d’une école de qualité à Locminé, nous devons malgré tout passer beaucoup de temps à former le personnel."

Morbihan # Industrie # Luxe # Textile
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise LE FRESNE ANNE