Le Havre
Réseau Entreprendre Normandie Estuaire : « Plus que jamais, les dirigeants ont besoin des réseaux »
Interview Le Havre # Réseaux d'accompagnement

Nathalie Merlin directrice de Réseau Entreprendre Normandie Estuaire Réseau Entreprendre Normandie Estuaire : « Plus que jamais, les dirigeants ont besoin des réseaux »

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L'antenne Normandie Estuaire de l'association de dirigeants d'entreprise Réseau Entreprendre, basée au Havre et comptant 100 adhérents, propose une aide aux entrepreneurs qui rencontrent des difficultés, suite à la crise sanitaire. Le club « Relevons le défi » a également été mis en place pour réfléchir à la reprise.

"Des associations comme la nôtre ont un vrai rôle jouer face à la crise", souligne Nathalie Merlin, directrice de Réseau Entreprendre Normandie Estuaire — Photo : Arnaud Tinel

Comment Réseau Entreprendre Normandie Estuaire a-t-il traversé l’épidémie ? Arrivez-vous à mobiliser les troupes ?

Nathalie Merlin : Réussir à mobiliser les troupes, c’est mon plus grand défi. Pendant la crise, le réseau a continué de fonctionner, d’accompagner ses lauréats créateurs, repreneurs ou ayant un projet de croissance. Nos « clubs de lauréats » se réunissent toujours, même davantage, à raison de deux rencontres thématiques par mois en visioconférence, sur des sujets classiques - comme le management - ou liés à la crise, comme l’étalement des charges et prêts bancaires, le chômage partiel, le prêt garanti par l'État… Sans parler de leurs apéros virtuels, pour ne pas perdre le côté festif. Plus que jamais les dirigeants auront besoin de se connecter à leurs réseaux pour rompre leur isolement et être soutenus face aux incertitudes que le contexte impose. Nous avons aussi créé le club « Relevons le défi » avec 14 personnes réunies chaque mois, pour partager autour de la reprise, et se sentir moins seul. Car la période reste compliquée, beaucoup d’entrepreneurs ont perdu du chiffre d’affaires et parfois ont dû licencier. Nous réfléchissons aux enseignements de la crise sanitaire. On s’aperçoit que le télétravail a bien fonctionné, sans constituer un frein à la productivité. Nombre d’entreprises vont d’ailleurs le maintenir à des degrés divers. Quid des bureaux ? A-t-on toujours besoin d’autant de mètres carrés ? Ne faut-il pas augmenter les espaces conviviaux pour créer une dynamique de groupe ?

En revanche, si du côté des porteurs de projets nous n’avons refusé personne, nous n’avons plus eu de nouvelles candidatures entre mi-mars et juin.

Y a-t-il eu des départs côté membres ?

N.M : Les chefs d’entreprise restent fidèles : 75 % des membres avaient déjà reconduit leur adhésion début juin. Et j’attends d’autres confirmations. Mais quelques-uns commencent à dire qu’ils ne renouvelleront pas leur inscription, faute de temps, et préoccupés par l’avenir.

Un dispositif d’entraide a-t-il été mis en place pour affronter la crise économique ?

N.M : Au niveau national, Réseau Entreprendre s’apprête à créer un parcours d’accompagnement pour les dirigeants qui ressentent des difficultés. Toutes les associations locales pourront le proposer, le Réseau Normandie Estuaire devrait le lancer avant l’été. L’occasion d’être aidé par des chefs d’entreprise bénévoles de l’association, peut-être pour revoir son business model, ou encore partir à la conquête de nouveaux marchés.

Qu’il soit déjà adhérent ou non, un patron pourra venir frapper à notre porte. À condition de venir assez tôt, avant d’entrer en procédure collective - de sauvegarde ou de redressement - au tribunal. Et d’adhérer à nos valeurs, comme la réciprocité. Après avoir été aidé, il faudra se mettre au service des autres. Une sélection aura donc lieu.

Malheureusement, on peut s’attendre à des moments difficiles en 2020-2021. Le plus dur reste à venir… Des associations comme la nôtre ont un vrai rôle jouer. Comme le rappelle notre président Julien Derudder, l’industriel André Mulliez avait créé le Réseau Entreprendre en 1986 afin de répondre à une période de crise, rompre la solitude, aider à créer les emplois de demain. Aujourd’hui encore, il va falloir miser sur l’entraide.

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