Bretagne
"Pour aller vers un maximum de réemploi, nous devons être innovants et agiles"
Interview Bretagne # BTP

Stéphane Le Teuff président de la Fédération française du bâtiment Bretagne "Pour aller vers un maximum de réemploi, nous devons être innovants et agiles"

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Recyclage, réemploi, optimisation du foncier et perspectives économiques ont été au cœur des sujets débattus par les adhérents de la fédération bretonne du bâtiment à l’occasion des 6e Assises régionales. Son président, Stéphane Le Teuff évoque les enjeux d’un secteur bien décidé à opérer des mutations.

Stéphane Le Teuff, président de la FFB Bretagne, est candidat pour les prochaines élections régionales — Photo : Ségolène Mahias

La sixième édition des Assises régionales du bâtiment vient de se tenir à Vannes, quels sont les principaux sujets que vous avez évoqués ?

Nos échanges ont très largement concerné les sujets liés aux transitions. Elles couvrent un prisme très large et nous amènent à les associer à l’innovation. Les innovations concernent le réemploi, le recyclage, les matériaux biosourcés… C’est là, c’est maintenant, nous y sommes. Tout cela s’inscrit aussi dans les enjeux autour de la démarche de Zéro Artificialisation Nette (ZAN). En Bretagne, il nous reste 9 000 hectares à construire pour 1 200 communes. Il va falloir trouver la bonne équation et intégrer l’idée qu’il faut reconstruire sur l’existant. Un bon exemple de cela concerne l’ancien bâtiment de la CPAM à Vannes. Cette tour de bureaux est transformée en logements par le promoteur rennais Giboire. Les gravats de la déconstruction ont été concassés sur place pour être réutilisés pour de nouveaux chantiers.

Le chemin est-il encore long pour parvenir à donner une seconde vie aux matériaux du bâtiment ?

Il y a du chemin à parcourir mais nous sommes en bonne voie. En Bretagne, quelque 600 000 fenêtres sont encore enfouies chaque année. C’est trop mais nous avons désormais deux structures, Valouest à Landerneau (Finistère) et Menrec (Morbihan). Nous accompagnons des réflexions autour du recyclage du plâtre, de la valorisation de coquilles Saint-Jacques, de chanvre, etc. De même, depuis le 1er mai, la REP (responsabilité élargie du producteur) impose que nous ayons un tri de sept flux de produits différents afin de tendre au maximum vers leur réemploi. Le secteur du bâtiment est en pleine transition. À nous d’être innovants, agiles pour tourner nos entreprises vers demain, accompagner les enjeux environnementaux, répondre aux attentes des marchés et recruter.

Comment se présente l’avenir pour vos 3 500 entreprises adhérentes et les 40 000 salariés qu’elles emploient ?

Jusqu’à peu, les signaux étaient encore au vert pour les entreprises bretonnes du bâtiment avec des carnets de commandes bien remplis grâce notamment au Pinel breton. Désormais, nous sommes aujourd’hui dans une période plus difficile car les acheteurs rencontrent des difficultés d’accès au crédit. Toutefois, on peut être confiant. Des projections montrent que 400 000 nouveaux habitants vont venir s’installer en Bretagne. Il faudra bien qu’ils se logent, donc que l’on construise. Le marché de la rénovation est intéressant mais il ne répondra pas à toutes les problématiques.

Quid des procédures collectives qui pourraient concerner les entreprises bretonnes ?

Cette question revient souvent en ce moment. L’augmentation du nombre de procédures collectives est à relativiser. Nous ne sommes pas au niveau de ce qui se passait avant la crise sanitaire. Certes, les chiffres augmentent mais on passe d’une période où il n’y avait pas de procédures et où il y avait des mesures de soutien à un retour à la normale. Ce que je peux dire c’est que les procédures s’équilibrent désormais à parts égales entre redressements judiciaires et liquidations quand précédemment il y avait plus de redressements. Il y a le contexte, certes, mais aussi un ras-le-bol du chef d’entreprise qui doit se battre sur tous les fronts au quotidien. Dans cette période, comme dans d’autres, les fédérations du bâtiment sont là pour accompagner les dirigeants.

Votre mandat s’achève prochainement, pensez-vous vous représenter ?

Mon mandat régional de trois ans se termine bientôt. Je vous informe que je viens de faire acte de candidature pour les prochaines élections qui se tiendront fin juin.

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