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Pledg : « Aller vite pour ne pas se faire doubler »
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Pledg : « Aller vite pour ne pas se faire doubler »

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La course contre la montre est lancée pour la jeune pousse finistérienne Pledg. Pour imposer sur le marché de la vente en ligne sa version innovante de l'achat groupé, elle se doit d'arriver la première. Afin d'y parvenir, des embauches sont prévues très prochainement, notamment du côté de Brest.

— Photo : Pierre Gicquel

Un an après la création de Pledg par Nicolas Pelletier (ex CEO de Musiwave) et Benoît Liénard (polytechnicien, fondateur de Finstack, Lawcracy, etc.), la start-up dont le siège est toujours installé à Saint-Pabu (Finistère nord) mais qui se développe aussi du côté de La Défense à Paris, a pris de l'assurance. Sa solution innovante d'achat groupé en ligne, en test depuis plusieurs mois, permet d'acheter plusieurs places de spectacles sur le réseau TickeTac ou Fnac, en ne payant que la sienne et en invitant ses amis à faire de même.

Soutenu dès ses débuts par l'IMT Altantique, qui l'a vu naître, par le Technopôle Brest Iroise et Initiative Pays de Brest, qui ont permis l'obtention de prêts d'honneur, Pledg a réussi sa première levée de fonds d'1,2 million d'euros en décembre dernier. De quoi accélérer la commercialisation de son service auprès des plateformes d'e-commerce françaises et européennes, comme récemment Eurolines/Isilines ou encore prochainement Ouibus. Mais avoir une bonne idée ne fait pas tout. Il faut encore que d'autres ne l'appliquent pas avant vous.

Réserver sans payer

« Le paiement en ligne à plusieurs présente deux obstacles importants : pour le client, le fait de devoir avancer l'argent à ses amis pour ensuite se faire rembourser est un frein. Pour le site marchand, le fait de ne connaître qu'un seul acheteur sur un groupe de clients est un manque à gagner » résume Nicolas Pelletier.

Pledg propose donc, à partir d'un simple bouton cliquable accolé aux classiques logos de carte bancaire, de réserver plusieurs places d'un coup. Le client n'aura qu'à payer sa propre place, Pledg avançant le reste, grâce à un fonds alimenté à 50/50 par le Crédit Mutuel Arkéa et le Crédit Agricole. Mais la carte du premier payeur, appelé leader, servira tout de même de caution, si ses amis ne payent pas leur place dans les 48 heures. Ce qui n'est pas un problème pour Nicolas Pelletier: « On a constaté qu'ils paient tous dans les premières minutes. Ceux qui paient dans les 24 heures ne représentent que 3 à 4 % de nos achats, pour le moment.»

« Il faut aller vite pour ne pas se faire doubler, car le marché exige d'être le premier arrivé pour s'imposer »

S'il existe déjà des systèmes de cagnotte, là où l'offre de Pledg innove c'est dans le fait de permettre de réserver bien au-delà des quinze minutes souvent autorisés pour bloquer un panier. « Pour les achats qui nécessitent des décisions rapides, comme pour des ventes privées, ou des pass de festival, les places sont considérées comme achetées et pas simplement réservées. Et côté commerçants, le risque est réparti et cela apporte de la traction supplémentaire à la vente, et ce, sans remettre en question les systèmes de paiement classiques », affirme l'entrepreneur.

Pour monétiser son activité, Pledg prélève actuellement une commission de 2% sur chaque vente, « ce qui n'est pas suffisant à terme mais nous pourrons faire un produit sur la donnée ». En clair, la commission sur les ventes aurait un potentiel moindre pour Pledg que le vente de données sur les clients et surtout des groupes de clients.

Encore en phase de développement, Pledg totalise déjà 50 000 euros de paiements via sa solution, « avec un panier moyen de 80 euros sur TickeTac, pour des groupes de trois acheteurs en moyenne. Ce que TickeTac ne voyait pas avant sur son site.»

Un marché insoupçonné à faire découvrir

« Un problème de fond que nous rencontrons est que les statistiques des sites marchands ne leur montrent pas le potentiel pour ce type d'achat à plusieurs, tout simplement car ce service n'existe pas encore ». La difficulté pour Pledg est donc non seulement de se faire connaître auprès des sites marchands mais aussi de les convaincre de l'intérêt de sa solution. « Souvent ils nous disent : "c'est très bien votre truc mais on n'a pas le temps". Alors nous cherchons une solution facile pour nous intégrer à leur service, sans devoir repenser toute l'architecture du site », décrit Nicolas Pelletier. Et ils semblent avoir trouvé la parade: « Nous développons une méthode intermédiaire de paiement sans intégration, via une carte virtuelle », ajoute Benoît Liénard.

2018, année charnière

Pledg compte aujourd'hui 6 salariés, qui travaillent en majorité à Paris pour des raisons commerciales. « D'ici deux mois, nous serons dix. Avec des embauches qui se feraient sans doute près de Brest. L'enjeu pour nous est que Pledg soit adopté par une douzaine de sites marchands prochainement. Nous sommes en discussion avec une quarantaine de sites en France et en Europe. Il faut aller vite pour ne pas se faire doubler, car le marché exige d'être le premier arrivé pour s'imposer » annonce Nicolas Pelletier. AirBnB par exemple, vient de lancer une solution de partage de paiement « mais en mode cagnotte valable trois jours, après cela, la réservation est annulée ».

Et du côté des banques, l'arrivée de Pledg est remarquée, avec des contacts qui se multiplient « depuis quelques semaines », avoue Benoît Liénard. Mais la jeune pousse souhaite grandir seule pour le moment, avec le projet d'obtenir un agrément d'établissement de paiement cette année.

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