Ille-et-Vilaine
Pascal Portelli (Delta Dore) : "Nous voulons être le numéro un de la maison connectée en Europe"
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Pascal Portelli président de Delta Dore "Nous voulons être le numéro un de la maison connectée en Europe"

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Entreprise bretillienne spécialisée en domotique, Delta Dore a fait le choix de se recentrer sur la maison connectée, cédant l’an dernier son activité "smart building". Après le rachat d’une entreprise allemande, la société basée à Bonnemain mise sur un développement international. Pour cela, elle s’appuie sur des synergies avec l’Allemagne et continue d’investir en R & D. Pascal Portelli, son président, confie sa nouvelle stratégie.

Pascal Portelli, président de Delta Dore — Photo : Delta Dore

Dans un contexte économique chahuté, comment se porte Delta Dore ?

Chez nous, le Covid a accentué les tendances. Nous avions fait le choix de nous recentrer sur la maison connectée, et les confinements et le télétravail ont été bénéfiques pour nous. Les particuliers ont voulu investir dans leur confort. Résultat, cette forte demande ajoutée à l’élargissement de notre périmètre avec le rachat de Rademacher en Allemagne, nous a permis d’enregistrer une croissance de 20 % en 2021, atteignant 160 millions d’euros de chiffre d’affaires (pour 800 collaborateurs, NDLR). Aujourd’hui, la domotique et la maison connectée, ce n’est plus que pour les CSP + ou les geeks, on est sorti du marché de niche !

Quel rôle Rademacher joue-t-il dans le groupe Delta Dore ?

C’est l’un des principaux fournisseurs de systèmes pour la maison connectée outre-Rhin, avec 160 personnes en production, logistique ou R & D. Il fabrique notamment un produit très spécifique au marché allemand : des stores avec enrouleurs à sangles motorisés. Nous en sommes à la phase d’intégration de la société au sein du groupe Delta Dore, qui dispose par ailleurs de deux sites en Bretagne (Bonnemain pour la production électronique et Tinténiac pour la logistique), de bureaux commerciaux ou de R & D à Paris et Lille, ainsi que d’une usine à Revin dans les Ardennes (pour la production mécanique). Avec Rademacher, nous allons mettre en place des synergies, faire converger nos portefeuilles et répartir les tâches. Leur site dispose de place, contrairement à Bonnemain ! Nous allons investir en Allemagne pour pouvoir servir des clients qui nous demandent d’avoir deux sites pour assurer notre production.

Quels types d’investissements réalisez-vous cette année ?

Nous prévoyons en 2022 une croissance de plus de 20 % de nos investissements. Ils portent notamment sur nos outils industriels, à hauteur de plusieurs millions d’euros. Nous produisons actuellement 5 millions de produits par an et voulons faire encore plus. Nous investissons aussi beaucoup en marketing, et plus de 10 millions d’euros en R & D, où nous mettons un vrai coup d’accélérateur pour innover.

Quels sont ces produits sur lesquels vous travaillez ?

Nous étudions un gestionnaire bioclimatique, avec un afficheur de données très basse consommation par exemple. Nous adaptons aussi nos solutions pour les résidences seniors ou les Ehpad, comme avec un produit qui reconnaît une chute, co-développé avec la start-up lyonnaise C2S en co-investissement avec Arkéa. Par ailleurs, nous venons de sortir en début d’année deux nouvelles box pour la gestion de la maison connectée : une pour piloter le tableau électrique, l’autre avec une plus grande puissance de calcul et de mémoire pour faire plus de tâches automatiquement. Celle-ci pourra aussi s’interfacer avec les produits d’autres fabricants comme les ampoules de chez Philips ou Ikéa par exemple. Nous continuons aussi de creuser notre sillon dans les appareils de pilotage de l’énergie, et qui permettent de mesurer et d’agir sur la consommation. L’automatisation (volets roulants, éclairage…) et la sécurité (alarmes…) font aussi partie de nos attentions. Nous sommes capables d’apporter une offre complète.

Vous êtes en position de leader sur le marché français de la maison connectée. Comment comptez-vous garder cette place ?

Nous voulons notamment ouvrir la compatibilité avec des produits tiers et des partenaires, afin de panacher les équipements. Nous travaillons pour cela sur la sécurité des données personnelles et sur l’évolutivité des produits. Nous devons également faire en sorte de baisser nos prix pour équiper davantage de personnes.

Delta Dore a désormais un pied hors de France. Quelles sont vos ambitions à l’international ?

Notre ambition est de devenir numéro un en Europe. Jusqu’en 2020, nous réalisions 30 % de notre activité à l’international. Fin 2022, nous aurons atteint les 50 %. Nous faisons le choix de l’international car nos produits sont pertinents dans de nombreux pays européens, où les normes sont proches. On amortit nos efforts de développement sur de plus gros volumes en allant dans plus de pays. Nous sommes présents en Europe de l’est et Pologne, et visons dans un premier temps à grossir dans les pays où nous sommes déjà. On y a beaucoup à faire. Nos ambitions internationales cette année touchent à l’Allemagne, à l’Italie, au Royaume-Uni ou encore à l’Espagne. En Allemagne notamment, le rachat de Rademacher nous permet déjà de faire partie de ceux qui comptent outre-Rhin, avec un écosystème de produits très complet. Nous y investissons désormais en marketing pour avoir une meilleure connaissance du marché sur place. L’Asie, le Moyen-Orient ou les États-Unis ne sont pas dans le viseur pour l’instant, car on ne commercialise pas des produits de la même façon là-bas. On choisit nos batailles !

Ille-et-Vilaine # Industrie # Banque # Production et distribution d'énergie # Innovation # International