A l'horizon 2020, 25 % des revenus du groupe Norske Skogindustrier seront issus des bioénergies et 75 % des papiers de publications, contre 100 % aujourd'hui. C'est donc bien un tournant majeur dans sa stratégie que s'apprête à négocier le groupe norvégien. Pour en souligner l'importance, Sven Ombudstvedt, le CEO de Norske Skogindustrier, a fait le déplacement, en plein coeur de l'été, jusqu'au site de Norske Skog à Golbey, dans les Vosges, le plus gros site de production de papier journal en Europe, avec une capacité de 600 000 tonnes par an. « La pose de cette première pierre de notre projet biogaz est le symbole d'une nouvelle étape du développement de Norske Skog Golbey, vers un futur non seulement papier mais également tourné vers des projets liés à la chimie verte, aux écomatériaux et à la bioénergie », a précisé Yves Bailly, le P-dg de Norske Skog Golbey.
En production dès 2017
Pour un investissement de 7,1 millions d'euros, la nouvelle unité de production de biogaz vosgienne sera inspirée d'un projet similaire mené sur un site norvégien du groupe, à Saugbrugs. D'une capacité de 17.000 MWh par an, le process sera capable d'absorber tous les déchets organiques restant à traiter issu du process papetier pour en faire du biogaz. Le site industriel va donc réduire son empreinte carbone de 3.100 tonnes de CO2 par an. Les effets attendus sont doubles : le biogaz produit devra permettre de réduire les besoins en énergie du site, mais pourra aussi devenir une source de revenus grâce aux ventes réalisées sur le marché du BioGNV. La construction de cette nouvelle unité, qui est déjà entrée dans une phase d'ingénierie active, débutera au deuxième trimestre 2017, pour une mise en production au quatrième trimestre. Les premières ventes de biogaz sur le marché pourraient devenir une réalité dès 2018. Cette unité de production de biogaz vient encore allonger la liste des projets industriels dans lesquels Norske Skog Golbey est impliqué. Baptisé « Le Bois santé », un projet déjà bien avancé concerne l'extraction et la purification de molécules ayant des propriétés thérapeutiques à partir de co-produits de bois. Le consortium mis sur pied pour aboutir implique notamment une PME lorraine, Harmonic Pharma. Norske Skog Golbey travaille aussi sur le projet « NorFILL », qui vise à utiliser des cendres issues de l'incinérateur biomasse du site pour remplacer des charges minérales dans la composition de matières plastiques. Concrètement, ce qui pèse aujourd'hui 1,5 million d'euros dans les comptes de l'entreprise pourrait demain devenir une source de revenus. Les projets devant permettre d'atteindre l'objectif des 25 % de revenus issus des bioénergies en 2020 sont regroupés sous l'appellation « 25 by 20 ». Bioskog, un projet de bioraffinerie, en fait partie : pour 50 millions d'euros, l'ambition est de produire des composés chimiques, comme l'éthanol par exemple, capables de remplacer le pétrole dans toutes les applications de la chimie et de la biotechnologie industrielle à partir de bois. Un partenariat a été signé entre Norske Skog Golbey et Biométhodes, société du groupe Arbiom spécialisée dans le bio-raffinage, pour lancer le projet BioSkog. Un démonstrateur devrait voir le jour dès la fin de l'année 2017, pour un démarrage de la production en 2019. D'une capacité de 40 000 tonnes de bois par an, la bioraffinerie pourrait générer 10 millions d'euros par an. Enfin le groupe norvégien travaille sur « Energy Island », un projet visant à transférer de l'énergie, sous forme de vapeur, aux entreprises installées autour du site de Norske Skog et regroupées au sein de la Green Valley.
La marge se redresse
« C'est une usine d'avenir et un secteur qui a un avenir aussi. Après une période difficile, Norske Skog ressort dynamisée avec une nouvelle énergie pour la suite », a indiqué Sven Ombudstvedt. Le grand patron du groupe a profité de son passage à Golbey pour dévoiler quelques chiffres : au deuxième trimestre, le papetier a profité de l'amélioration des conditions de marché. Les prix devraient encore se consolider au deuxième semestre. Et si le niveau des ventes est resté stable à 310 millions d'euros environ sur le trimestre, l'Ebitda, les revenus avant intérêts, impôts et amortissement, se redresse nettement, passant de 26 millions d'euros à 35 M?. La marge opérationnelle passe de 5 % au deuxième trimestre 2015 à 11,6 % au cours de la même période en 2016.
