Marc Sabaté (In Extenso) : « Racheter une entreprise est plus difficile aujourd’hui »
Interview # Reprise

Marc Sabaté directeur général d’In Extenso Finance & Transmission Marc Sabaté (In Extenso) : « Racheter une entreprise est plus difficile aujourd’hui »

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Les valorisations d’entreprise flambent. Selon le dernier indice publié par Argos Wityu, une ETI de la zone euro se valorise 10 fois son Ebitda. Explications avec Marc Sabaté, directeur général d’In Extenso Finance & Transmission.

Les prix de vente s'envolent pour certaines entreprises, mais stagnent pour les PME valorisées entre 5 et 15 millions d'euros, assure Marc Sabaté, DG d'In Extenso Finance & Transmission — Photo : Agnès Janin

Le Journal des Entreprises : Au troisième trimestre 2019, selon l’indice d’Argos Wityu, une ETI de la zone euro se valorisait 10,1 fois son Ebitda. Un record depuis 2004. Une telle valorisation, est-ce courant dans votre activité ?

Marc Sabaté : De telles valorisations existent, bien sûr, dans des niches ou des secteurs d’activité marqués par la récurrence des modèles de rentabilité. Mais, ça n’est tout de même pas la réalité quotidienne des patrons de PME que nous accompagnons. Cet indice concerne une partie du marché, car il inclut des deals internationaux portant sur des entreprises valorisées entre 15 et 150 millions d’euros. Il s’agit par exemple de jeunes licornes de l’IT. On est très éloigné du monde des entreprises traditionnelles.

Comment, dans ce contexte, intervient, le phénomène de « build-up » ?

M.B. : Compte tenu de la valeur de l’argent et de la nécessité de croître, les fonds et les grands corporate veulent faire rapidement de la croissance externe et créer de la valeur pour demain. En conséquence, les prix grimpent. En revanche, sur les plus petites valeurs, entre 5 et 15 M€ de valorisation, les prix ont tendance à stagner ou à monter doucement. Il se produit donc un écart significatif de valorisation sur le marché.

Est-il plus difficile d’acheter aujourd’hui qu’il y a dix ans ?

M.B. : Oui, c’est plus difficile. D’une part, toutes les entreprises à vendre n’ont pas les critères pour faire de belles cibles. Si vous êtes patron d’une petite entreprise avec un taux de rentabilité relativement faible, sur un secteur moyennement rentable, vous n’allez pas facilement trouver un acquéreur. D’autre part, pour celles qui cochent les bons critères d’attractivité, comme la taille ou la capacité à générer du cash, les prix ont tendance à aller vers le haut.

Est-ce le bon moment de vendre ?

M.B. : C’est toujours difficile de répondre à cette question. Si le moment est opportun pour bien valoriser sa société, une cession s’inscrit dans les enjeux de développement de l’entreprise.

Enfin, il y a un autre paramètre. Une entreprise est un actif assez rentable. Si votre résultat ramené à la valeur de vos fonds propres est supérieur à 1,5 ou 2 % et que vous décidez de vendre, il n’est pas certain que vous replaciez votre argent à ce niveau de taux d’intérêt.

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